ORIGINE DES MONUMENTS AUX MORTS

Sur les 1 400 000 soldats tués durant la Grande Guerre, seulement 240 000 dépouilles ont été restituées aux familles (à leurs demandes).

Le mouvement de construction des monuments aux morts de 1914/18, est né sous la pression populaire des familles et des démobilisés dès 1919.

L’évêque de Nevers, le 5 avril 1919, ordonne à toutes les paroisses de son diocèse, que dans chaque église soit apposé un tableau ou plaque de marbre, contenant la liste des soldats de la paroisse morts pour la France et qu’un service solennel soit célébré pour ces mêmes soldats, chaque année, au cours du mois de novembre.

Ouvrages de référence sur le sujet :

  • Les sentinelles de pierre d’Hervé MOISAN
  • Recensement par département des 1000 cimetières militaires de France de Catherine Grive-Santini

Plaques dans une église

L’idée d’honorer les morts dans les combats lors de conflits, n’est pas nouvelle. Au V° siècle av-JC, il y avait déjà des stèles à Athènes. Ci-dessus, une stèle portant les noms de 180 citoyens d’Athènes morts au champ d’honneur.

Première ébauche du gouvernement en 1919

  • Loi du 25 octobre 1919 sur la « commémoration et la glorification des morts pour la France au cours de la Grande Guerre » pose le principe d’une subvention publique.
  • Loi de finances du 31 janvier 1920 fixe les modalités précises du soutien de l’État.
  • Loi du 24 octobre 1922 fait du 11 novembre une fête nationale.

En France, le plus ancien monument aux Morts est celui de la Porte Désilles à Nancy, édifié entre 1782 et 1784 pour commémorer l’indépendance des États-Unis et qui rend hommage aux Nancéiens morts durant la bataille de Yorktown.

Le Consul Napoléon Bonaparte, sur proposition de son frère Lucien Bonaparte, va prévoir de laisser à la postérité le nom des hommes morts en combattant pour la France. L’arrêté consulaire du 29 ventôse an VIII (20 mars 1800) ordonne d’élever des colonnes départementales à la mémoire des braves du département, morts pour la défense de la patrie et de la liberté.

Colonne de Montmirail

Il faudra attendre la fin de la guerre franco-prussienne, 1870-1871, pour que des monuments soient érigés à la mémoire des soldats morts. Présents sur tout le territoire, le cérémonial lié à leur  inauguration, les célébrations patriotiques et scolaires qui ont lieu pour cette occasion, ainsi que la propagande républicaine et revancharde les entourant, les monuments constituent la matrice de ceux qui suivront la Première Guerre mondiale.

PASSANT, SOUVIENS-TOI !

Monument 1870-1871 Carcassonne  

Monument 1870-1871 Limoux

Monument 1870-1871 Narbonne

Avec le décès de Lazare Ponticelli, le 12 mars 2008, dernier poilu survivant, cette disparition a fait définitivement tomber la Première Guerre mondiale de l’ère des témoins à celle de l’Histoire.

Au lendemain de la victoire de 1918, les Français désirent honorer leurs disparus. Les premiers monuments aux morts font leur apparition dès 1920, se poursuivant jusque dans les années 1930. C’est un moment de communion collective des habitants lors de l’inauguration du monument aux morts. Un exemple souvent cité, celui de Bouvines dans le Nord, le 3 juin 1934. Le monument compte 16 noms, il est inauguré en présence de trente associations d’Anciens combattants avec drapeaux, de société de musique, de gymnastique, compagnie de sapeurs-pompiers, entourés par une foule de près de 10 000 personnes.

Plus de 36 000 monuments furent érigés entre 1919 et 1926. Sur ces monuments sont gravés les noms des morts originaires de la commune, soit du fait de leur lieu de naissance, soit par le dernier domicile connu. Ce qui fait qu’un soldat mort pour la France peut figurer sur plusieurs monuments.

La mention « Mort pour la France » est accordée selon douze conditions, en vertu des articles L 488 à L 492 bis du code des pensions militaires d’invalidité.

En Alsace et en Moselle, l’inscription « Mort pour la France » est remplacée par une formule plus neutre : « La commune à ses enfants » ou « Morts pour la Patrie ». Durant les deux guerres mondiales, l’Alsace et la Moselle étaient allemande et donc les soldats sous l’uniforme allemand. À partir de 1940, de nombreux Alsaciens et Mosellans ont été incorporés de force, les « Malgré nous ». Ces villes et villages sont plus que d’autres frappés par l’absurdité de la guerre, ayant vu leurs enfants s’entretuer sous des uniformes différents. Ceux de la seconde guerre mondiale y ont été rajoutés, puis l’Indochine, la Corée, l’Algérie, et depuis quelques années, les morts pour la France en OPEX. Ce sont donc des témoins visibles de notre Histoire.

MONUMENT AUX MORTS EN OPEX.

Le projet avait été confié, en 2011, au général Thorette, ancien CEMAT. Initialement prévu près des Invalides mais suite à un refus de la mairie du 7ème arrondissement de Paris et de l’architecte des bâtiments de France, l’emplacement est abandonné pour être réalisé dans le 15ème arrondissement de Paris, dans les jardins du parc André Citroën. Il sera inauguré le 11 novembre 2019.

La sculpture représente six soldats (5 hommes et 1 femme) portant un cercueil invisible. Les statues sont de taille réelle, fixées au sol. Les différentes coiffures en usage dans nos armées sont représentées : calot, képi, béret, bâchi, casquette et tricorne.

Sur un mur comportant 37 plaques en laiton, sont inscrits (initialement) les noms de 2 femmes et 547 hommes morts pour la France dans 17 OPEX, puis classés par date de décès. De l’espace est laissé pour y graver d’autres noms.

C’est le 10ème Haut lieu de mémoire nationale, il témoigne de la reconnaissance de la Nation envers le sacrifice ultime des combattants engagés depuis 1963 sur les différents théâtres d’opérations.                                                                                                                   

LES 10 HAUTS-LIEUX DE MÉMOIRE NATIONALE :

    • Le cimetière national de N-D de Lorette ; Pas-de-Calais
    • Le cimetière national de Fleury-Devant-Douaumont et la Tranchée des baïonnettes. Meuse
    • L’ancien camp de concentration de Natzweiler-Struthof. Bas-Rhin
    • Le Mont-Valérien. Hauts de Seine
    • Le mémorial des Martyres de la Déportation. Île de la Cité Paris
    • Le mémorial de la prison de Montluc. Rhône
    • Le mémorial du débarquement de Provence du Mont-Faron. Var
    • Le mémorial de la guerre d’Indochine de Fréjus. Var
    • Le mémorial de la guerre d’Algérie, du Maroc et de la Tunisie. Paris
    • Le monument aux morts en OPEX. Paris