LE MARATHON N’EST PAS GREC

Selon la légende, le messager grec Phidippides est arrivé à Athènes en 490 avant J.C. pour apporter la nouvelle d’une incroyable victoire sur les Perses. Il venait de courir depuis Marathon à 42,195 km de là pour annoncer la nouvelle avant de mourir sur place. Cette histoire a inspiré l’idée du marathon que l’on connaît aujourd’hui. Le problème, c’est que cela ne s’est jamais produit. La légende raconte aussi que les Grecs ont ajouté le « marathon » aux Jeux Olympiques antiques en l’honneur de ce héros.
La véritable histoire est différente. D’où vient l’idée du marathon ?
Selon l’historien antique Hérodote, Phidippides, le messager, ne venait pas annoncer la victoire de la bataille de Marathon, mais pour tenter de rassembler des troupes dans le but de repousser les Perses. Hérodote, dans ses écrits, dit que le messager avait parcouru la distance incroyable de 246 km entre Athènes et Sparte en trente-six heures.
Il n’est pas mentionné que Phidippides ait annoncé la nouvelle de la victoire et qu’il ait succombé après son exploit. Les sources anciennes ne s’accordent d’ailleurs pas sur le nom du messager : il s’agit peut-être de Thersippe ou bien Euclès. En l’an 347 de notre ère, Plutarque rapporte que : « la plupart disent que c’est Euclès, qui, courant avec son armure encore chaude de la bataille, ne put seulement dire « réjouissez-vous ! Nous sommes victorieux ! », puis, il expira immédiatement.
La légende de Phidippides annonçant la victoire de Marathon semble être née mille ans plus tard, au 19ème siècle, dans un poème de Robert Browning. Dans ce poème, il écrivait que le messager courut vers Athènes, déclarant « Réjouissez-vous, nous sommes vainqueur ! », et mourut.
Aucune course des Jeux Olympiques antiques n’est inspirée par l’un de ces hommes. Il y avait bien des courses à pied, mais sur des distances plus courtes, dont l’unité de mesure était le stade, déterminée par la longueur du stade d’Athènes. La course la plus longue à cette époque, était de 24 stades, soit environ 4,6 km.
Les marathoniens peuvent remercier un Français, Michel Bréal. Ce dernier participe au premier congrès olympique (1894) au cours duquel fut créé le Comité International Olympique (CIO). Le Comité proposa une série de compétitions internationales inspirées des Jeux antiques, tous les quatre ans et dans les pays participants tour à tour. La Grèce organisait depuis bien longtemps ses propres Jeux, mais le CIO voulait officialiser les compétitions entre nations. Michel Bréal proposa que l’une des épreuves soit une course à pied entre Marathon et Pnyx (où les Athéniens tenaient leurs assemblées), sur une distance d’environ 40 km.
Cette idée enthousiasma les organisateurs. Lors des Jeux d’été de 1896 à Athènes, c’est Spyridon Louis qui remporta l’épreuve, offrant ainsi la victoire à la Grèce.


LE GREC SPYRIDON LOUIS, VAINQUEUR DU PREMIER MARATHON DES J.O. MODERNES

Alors pourquoi la distance de 42,195 km ?
En 1908, les Jeux eurent lieu à Londres. Cette année-là la distance du marathon fut rallongée de manière tout à fait arbitraire afin que le roi Édouard VII et la reine Alexandra puissent facilement voir la ligne d’arrivée depuis la loge royale. 42,195 km, ce n’est donc pas la distance entre Marathon et Athènes comme il est dit dans la légende.
Depuis, les marathons n’ont cessé de gagner en popularité. Le premier de ce type a eu lieu à Boston en 1897. Le plus célèbre de nos jours est celui de New York (depuis 1970).
Les femmes exclues des marathons jusque dans les années 1970, ont désormais leurs propres épreuves. Si le mot « marathon » ne trouve pas son origine dans la mort d’un messager, l’attrait pour cette discipline n’est pas près de s’essouffler.


LE MARATHON DE NEW YORK