La fête nationale française est instituée par la loi Raspail du 6 juillet 1880. Problème, le texte ne mentionne pas quel évènement est commémoré : la prise de la Bastille du 14 juillet 1789, ou la Fête de la Fédération de 1790.
Le 14 juillet 1790 a lieu la Fête de la Fédération, c’est la fête de la fondation de la République, célébrée le 1er vendémiaire de chaque année, de 1793 à 1803. On cesse alors de célébrer la Saint-Louis en l’honneur du roi. Le décret du 19 février 1806 institue la Saint-Napoléon le 15 août et le 14 juillet, fête subversive, ne sera plus commémorée jusqu’en 1848. En 1849, une fête nationale sera célébrée le 4 mai, jour anniversaire de la proclamation de la République par l’Assemblée nationale constituante.
À partir de 1852, Napoléon III restaure la Saint-Napoléon.
Après la guerre franco-prussienne de 1870, la Troisième république naissante prépare les esprits à un désir de revanche et exalte l’armée lors de défilé militaire. La Troisième république cherche également une date pour une fête nationale et républicaine. Le député Benjamin Raspail (portrait à gauche) dépose le 21 mai 1880 une proposition de loi pour adopter le 14 juillet 1789 (prise de la Bastille) comme jour de fête nationale, jugé par certains parlementaires comme journée trop sanglante. La Fête de la Fédération du 14 juillet 1790, date qui permet d’unir tous les républicains est également proposée.
La loi sera signée par 64 députés, adoptée par l’Assemblée le 8 juin et par le Sénat le 29 juin. Promulguée le 6 juillet 1880, elle précise simplement : « La République adopte le 14 juillet comme jour de fête nationale annuelle », sans indiquer quel est l’évènement commémoré.
Le 30 juin 1878, une Fête nationale aura lieu durant l’Exposition universelle, festivités immortalisées par plusieurs toiles de Claude Monet.
RUE MONTORGUEIL FÊTE NATIONALE 30 JUIN 1878, PAR CLAUDE MONET
Le défilé du 14 juillet à Paris n’a pas toujours eu lieu sur les Champs-Élysées. Plusieurs lieux de Paris l’ont accueilli. D’abord sur l’hippodrome de Longchamp, le défilé militaire se tient pour la première fois sur les Champs-Élysées pour le défilé de la Victoire en 1919.
Fête populaire au départ en 1790, la fête du 14 juillet devient militaire pendant le Directoire. Sous Napoléon 1er elle perd de son importance, et c’est la IIIème République qui la remet à l’honneur. Le défilé du 14 juillet restera à Longchamp jusqu’en 1914.
C’ÉTAIT AVANT LE PATROUILLE DE FRANCE MAIS AUSSI EN OUVERTURE DU DÉFILÉ
Après la Première guerre mondiale a lieu le défilé de la Victoire en 1919. En tête, les maréchaux vainqueurs, Joffre, Foch, Pétain. Les unités passent sous l’Arc de Triomphe, la tombe du Soldat inconnu ne sera installée qu’en 1921. L’année suivante, ce sera l’hippodrome de Vincennes.
LE DÉFILÉ DES TANKS À VINCENNES EN 1920 (AGENCE Meurisse/Gallica/BNF)
Entre 1925 et 1928, pas de défilé, on se contente d’une simple prise d’armes place de l’Étoile. En 1929, aucune cérémonie. En 1930, retour du défilé de l’esplanade des Invalides à la Place de la Concorde en traversant la Seine sur le pont Alexandre III et ce jusqu’en 1934.
14 JUILLET 1930 PARIS. DÉFILÉ DES TROUPES BOULEVARD ALEXANDRE III
Le président Albert Lebrun va rétablir le défilé sur les Champs-Élysées en 1935 avant qu’il ne revienne entre les Invalides et la Concorde l’année suivante. Retour sur les Champs-Élysées en 1938 et 1939.
Avec l’occupation, disparition du défilé le 14 juillet. Il faut attendre 1945 pour le retour.
LE DÉFILÉ DE 1945 – PHOTO ECPA/AIR
De l’Arc de Triomphe à la Place de la Nation en passant par la Place de la Bastille où est installée la tribune officielle, la foule est nombreuse et Paris est parée de drapeaux. La France renoue avec la célébration de la fête nationale, après six années d’interruption.
Le président Valéry Giscard d’Estaing va changer les lieux des cérémonies cinq fois. 1974, Bastille à République, Cours de Vincennes en 1975, sur les Champs-Elysées en 1976, 1978 et 1980, à l’École militaire en 1977, enfin, 1979, de République à Bastille.
Les Présidents de la République suivants ont depuis maintenu le défilé militaire sur les Champs-Élysées. Il y aura toutefois une exception en 2024. Le défilé militaire du 14 juillet se fera entre Vincennes et Nation, en raison des Jeux olympiques qui occuperont la Place de la Concorde.
Petite parenthèse, en 1965, devant le général de Gaulle, j’ai défilé le 14 juillet à Paris avec l’École des sous-officiers de Saint-Maixent (10ème promotion). Cerise sur le gâteau, en 1966, j’ai défilé une seconde fois le 14 juillet à Paris, avec le 8ème R.P.I.Ma. Il est rare de défiler au moins une fois à Paris à l’occasion du 14 juillet, j’ai eu cet honneur et le plaisir deux années de suite.
1965, 14 JUILLET À PARIS AVEC L’ENSOA DE SAINT-MAIXENT. AU-DESSUS DE LA FLÈCHE AU PREMIER RANG, L’ÉLÈVE SOUS-OFFICIER HEIM. C’ÉTAIT LA PREMIÈRE FOIS QUE L’ENSOA DÉFILAIT À PARIS.
Quel que soit le lieu des défilés militaires du 14 juillet, ce jour de liesse populaire est accompagné de feux d’artifices, très appréciés par la population. Ces spectacles pyrotechniques « son et lumière » font de notre pays un champion dans ce domaine. Depuis une dizaine d’années, le feu d’artifice de la Tour Eiffel est retransmis en Eurovision, un spectacle qui a acquis une certaine notoriété. Régulièrement, le million de spectateurs se rassemble dans différents endroits de la capitale, 70 000 sur les pelouses du Champ-de-Mars qui assistent aussi en direct au Grand Concert de Paris.
De nombreux bals sont organisés, et particulièrement les bals des pompiers. Les origines du bal des pompiers remontent à 1937. Cette année-là, des pompiers, revenant du défilé, étaient accompagnés par des passants. Plein d’enthousiasme, le sergent Cournet ouvre les portes de la caserne de Montmartre, à Paris, pour continuer la fête avec eux.
Le bal des pompiers est né.