DE LA NÉCESSITÉ DES « PETITS COINS »

Il existe encore, fort heureusement, dans nos villages, des WC publics…utilisables. Cet élément de notre vie courante (sans jeu de mots) a été à travers les âges l’objet d’études, de lois, l’œuvre d’architectes célèbres. Déclarés depuis longtemps d’utilité publique, les toilettes en question sont même créateurs d’emploi, les « Dames pipi » qui officient dans ces lieux, permettent à chacun de trouver des lieux d’aisance propres et parfumés, moyennant une petite pièce sonnante dans une soucoupe de faïence ; bruit sympathique annonçant bien souvent le départ d’un usager satisfait. L’histoire de ces lieux communs est assez surprenante, parfois même poétique et l’appellation de ces endroits va de la « vespasienne » au « chalet de nécessité ». On peut se demander si Rodin ne c’était pas inspiré de la position universelle de l’homme subissant le stresse de l’expulsion, pour réaliser l’un de ses chefs-œuvre : le Penseur. Les plus anciens datent de l’Antiquité et Rome en était équipée avant Vespasien (1ier siècle avant J.C.). Si son nom est encore associé à ces lieux, c’est parce que l’Empereur romain les a rendu payants. C’était une manière de récolter des taxes, contre l’avis de ses conseillers à qui il répondit que « …l’argent n’a pas d’odeur… ».

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C’était un lieu commun où, durant le temps nécessaire à l’expulsion, on papotait avec le voisin dans le même cas, sans gêne, sans honte, le temps d’un besoin naturel. (Il y avait des bruits qui couraient dans les WC publics).

Il semblerait que nos amis britanniques aient eu une grande part dans l’évolution des toilettes privés et publiques. En effet, l’invention de la chasse d’eau par un Anglais, du nom de Harrington, date de 1595. En 1775, un autre Anglais, améliora le système, puis en 1778, Joseph Bramah, encore un Anglais, inventa le mécanisme à valve et siphon.Coins2

Chasse d’eau imaginée par Joseph Bramah à la fin du XVIII° siècle répondait au problème posé par le gel de l’eau stockée à l’extérieur « en charge ».

Au Moyen-âge, il y eut quelques tentatives d’installations de barils d’aisance au coin des rues, les villes à l’époque étaient de véritables cloaques. A Paris, il fallut attendre 1798, aux Tuileries, pour voir des toilettes publiques, facturées « deux sous le siège ». L’évolution pour l’évacuation de nos déjections progressa encore en 1842 avec la mise en place de toilettes avec bonde et chaînette (alimentée au seau). En 1880, arrive la cuvette basculante dans un réservoir. Enfin, en 1890, premier vidage perfectionné dit « américain ».

Sur l’initiative du préfet Rambuteau, en 1841, des rotondes aux armes de la ville de Paris apparaissent sur les boulevards. Ces « vespasiennes », dites rambuteau au départ, sont réservées aux hommes. Ce n’est qu’en 1902 que l’on verra les premiers « chalets de nécessité » ouvert aux deux sexes.

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La palme reviendra sans doute aux Japonais avec la mise en place en 1985 du WC Toto avec jet d’eau tiède, giclée de désodorisant, air chaud orientable et modulable, siège chauffant, chasse d’eau à air comprimé (2 litres d’eau) plus un boîtier électronique reproduisant le bruit de la chasse d’eau…La fin d’une époque.