ÉVACUATIONS

Petite mise au point

La ligne Maginot, en 1939, va de la Belgique à Nice, et non seulement le long de la frontière de l’est de la France.

Exil vers l’intérieur. 1939-1940.

Les États-majors militaires et le gouvernement français vont mettre en œuvre un plan d’évacuation des populations civiles de la zone « rouge » le long de la ligne Maginot, afin de laisser le champ libre aux mouvements de troupes dès le début de la guerre.

La construction de la ligne Maginot a été accompagnée d’un plan d’évacuation des civils afin de les éloigner des théâtres d’opérations et de les transporter vers des départements du sud-ouest, peu peuplés. L’opération doit se dérouler en trois temps.

Dans un premier temps, les populations sont dirigées vers des centres de recueil, en arrière du front. Chaque village et chaque ville doit suivre un itinéraire différent des autres afin de ne pas encombrer les routes. Puis, par convois ferroviaires, ils sont envoyés vers les départements de l’intérieur et finalement transportés vers les communes d’accueil. Par réquisition, maires, conseillers municipaux, policiers, pompiers, etc, restent dans les villages et les villes pour éviter le pillage et s’occuper du bétail.

Strasbourg sera évacuée dès le 1er septembre. Les habitants sont dirigés vers des centres de regroupement dans les Vosges avec 30 kg de bagage maximum par personne. Les premiers convois ferroviaires partent vers le sud-ouest le 2 septembre.

Après la déclaration de guerre, le 3 septembre, les départs se multiplient et le 9 septembre, 374 000 alsaciens de 181 communes avaient pris la direction du sud de la France. Ce voyage très pénible, jusqu’à 60 heures dans des wagons à bestiaux, va les propulser vers la Haute-Vienne et l’Indre pour ceux du Bas-Rhin, vers le Gers, la Haute-Garonne et les Landes pour le Haut-Rhin.

Ces trains n’étaient pas prioritaires. Les trains de marchandises et les convois militaires avaient la priorité.

Itinéraires différents pour chaque commune.

En Moselle.

Entre le 1er septembre 1939 et le 10 mai 1940, les habitants de 300 communes, du pays de Bitche à Thionville, reçoivent l’ordre de quitter leur foyers. 300 000 mosellans partent pour les départements de la Vienne, de la Charente, de la Charente–Maritime (Charente-Inférieure à l’époque).

Dès juillet 1940, les mosellans sont encouragés à rentrer par les autorités allemandes. Réticents, les mosellans refusent en masse. En même temps, 60 000 mosellans francophones, jugés indésirables par les allemands, sont expulsés vers la zone libre, du 11 au 21 novembre 1940.

L’Alsace est annexée de facto au troisième Reich le 27 novembre 1940. Puis, le 30 novembre 1940, la Moselle est officiellement annexée au Reich.

Dans le sud-est.

Les populations frontalières de l’Italie sont évacuées dès le début du mois de juin 1940, vers Grasse, Cannes et Antibes. Le 10 juin, Mussolini déclare la guerre à la France et lance une offensive dans la région de Nice. Cette offensive est bloquée par la résistance de l’Armée des Alpes. À l’armistice du 25 juin 1940, les troupes italiennes occupent Menton, Isola, Sospel. Après l’armistice, les italiens démilitarisent le département des Alpes-Maritimes et l’est du département est annexé.

La France après les armistices avec l’Allemagne et l’Italie :

Après la défaite de 1940, notre pays va être «saucissonné» par l’Allemagne nazi et par l’Italie fasciste. Une nouvelle vague de réfugiés va prendre les routes vers le sud de la France.

Dans le nord, Dunkerque et Lille se trouvent dans une zone d’occupation rattachée à la Belgique. Une zone fermée allant du Nord à la Suisse, interdite au retour des refugiés et réservée au repeuplement allemand. Dans le sud-est, l’Italie va occuper les Alpes, la vallée du Rhône et la Corse. Outre la zone nord occupée, la bande côtière de Dunkerque à Biarritz, sur une bande de 10 km de large, est interdite.

Dans les Ardennes, la population est évacuée vers la Vendée et les Deux-Sèvres à partir du 11 mai. Le département se vide en quatre jours. 290 000 ardennais et 865 000 nordistes se retrouvent sur les routes.

Puis, à partir de 1942, la zone dite « libre » sera également occupée par les allemands. Les conséquences seront dramatiques pour notre pays. La plupart des refugiés resteront dans les communes d’accueils jusqu’à la fin de la guerre.

Ce déplacement de population restera dans les mémoires sous le nom de « l’exode » pour ceux de 1940.

Les réfugiés dans l’Aude : Le mystère de la plaque.

2015. La municipalité de Carcassonne décide de restaurer la statue de jeanne d’arc qui se trouve sur le parvis de la cathédrale. Sur le socle de la statue, une plaque en très mauvaise état et qui porte la mention :

« 1940-1945. Témoignage de reconnaissance au département de l’Aude des Lorrains et des Alsaciens expulsés de leurs foyers en raison de leur attachement à la France».

Cette découverte fut un mystère pour les générations d’aujourd’hui. De fil en aiguille, un historien carcassonnais, Martial Andrieu, trouve par hasard une carte postale ancienne sur un vide-grenier. La carte postale représente le dévoilement de la plaque mystérieuse le 9 mai 1945.

La plupart des réfugiés étaient arrivés en deux vagues, le 13 novembre 1940, pour les villages de l’ouest messin, Châtel, Lessy, Lorry, Moulins, Plappeville, Rozérieules, Sainte-Ruffine, Scy-Chazelles et Vaux. Puis, le 19 novembre, ce sont les villages de Fresnes, Grémecey, Jallancourt, Lubécourt, Manhoué,  Morville et Pévange. Notre historien précise qu’il s’agit de francophones remplacés dans leurs villages par des colons allemands, car Hitler voulait transformer la Moselle en terre allemande.

En 1941, l’Aude avait accueilli 1780 réfugiés.

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