Dans l’Europe des XVIème et XVIIème siècle, on voit apparaître ce qu’on appelait les cabinets de curiosités. Ces cabinets, plus ou moins secrets, faisaient la part belle à l’original et à l’inattendu, au plaisir de la surprise et de la découverte. Les collections de ces cabinets de curiosités étaient bien souvent accessibles aux seuls initiés, savants et à quelques rares amis.
L’une de leurs fonctions était de découvrir le monde avec des choses « rares, nouvelles, singulières » comme il est dit dans l’encyclopédie Littré. Ces collectionneurs passionnés enrichissaient leurs cabinets avec des objets parfois étonnants comme une corne de la mythique licorne. Mais généralement, c’était des objets d’histoire naturelle comme les minéraux, les fossiles ou les pierres de foudre. Souvent, aussi, des antiquités et des œuvres d’art. Des collections de papillons, d’insectes, des herbiers, des coquillages, des animaux empaillés. Petit à petit, les cabinets de curiosités se sont ouverts au public, et l’édition de catalogue permettait de diffuser le contenu auprès des savants de toute l’Europe.
Les cabinets de curiosités vont marquer une étape vers une compréhension plus scientifique du monde. Depuis la Renaissance en Europe, (studiolo en italien, Wunderkammer en allemand), les cabinets de curiosités seront à l’origine de nombreux musées et jardins botaniques. Les jardins botaniques de Pise existaient depuis 1544 et vers la fin du même siècle, puis au début du siècle suivant, le jardin botanique de l’université de Strasbourg, le jardin des plantes de Montpellier et le jardin royal des plantes médicinales de Paris.
En Italie, le Studiolo de Belfiore date de 1447, puis ceux de Montefeltro, des Médicis et ceux des familles Gonzague, Farnese ou Sforza.
En Autriche, l’Archiduc Ferdinand II, dans le château d’Ambras, au Tyrol, son cabinet d’art et de merveilles (1564) s’y trouve toujours, il est par conséquent le plus ancien musée du monde. Le cabinet de Rodolphe II de Habsbourg au château de Prague fut l’un des plus riches et des plus célèbres. L’inventaire de 1607-1611 a recensé 3000 tableaux, des Michel-Ange, Léonard de Vinci, Brueghel, Véronèse, Dürer … 2500 sculptures, mais également de la vaisselle, des bijoux, des armes, crânes, calices d’or … Il faut ajouter sa collection d’être hybrides et anormaux, cailles à trois pattes, pigeons à deux têtes …
COUPE ŒUF D’AUTRUCHE de CLÉMENT KICKLINGER (1570)
COUPE DRAGON de GASPARO MISERONI (1570)
A Londres, la Royal Society (fondée en 1660) avait commencé une collection en achetant le cabinet de « raretés naturelles » de Robert Hubert. La collection sera complétée par un herbier exhaustif des îles britannique.
Démarche de passionnés, c’était l’œuvre de leur vie. Les plus célèbres ont laissé leur nom à la postérité, tels celui d’Ole Worm, du Danemark, dont il nous reste le catalogue Muséum Wormianum ou de Jean Hermann, à Strasbourg, noyau de l’actuel Muséum d’Histoire Naturelle.