LA VRAIE PREMIÈRE GUERRE MONDIALE

LA GUERRE DE SEPT ANS, PREMIÈRE GUERRE MONDIALE

La guerre de Sept ans voit s’opposer la Prusse et le Royaume Uni contre une coalition formée par la France, la Russie, la Saxe, la Suède et la Pologne. Cette guerre va se dérouler entre 1756 et 1763. On peut considérer que ce fut la première guerre mondiale, puisque les combats se sont déroulés sur quatre continents. Du 17 mai 1756 au 15 février 1763, cette guerre aura duré 6 ans, 8 mois et 29 jours.

Ce conflit a eu des conséquences importantes sur l’équilibre des puissances européennes. En Amérique du Nord et en Inde, elle fera presque entièrement disparaître le premier empire colonial français. La Prusse et la Grande-Bretagne vont sortir victorieusement de ce conflit.

Le casus belli est daté du 29 août 1756, jour de l’attaque de la Saxe par Frédéric II, bien qu’en réalité, les premiers affrontements avaient eu lieu dans les colonies d’Amérique du Nord. La France sera la grande perdante, elle y perdra la Nouvelle-France au profit de la Grande-Bretagne (sauf Saint-Pierre et Miquelon).

Pour ceux qui auraient un doute, voici la liste des belligérants et cobelligérants de ce conflit : Grande-Bretagne, Royaume de France, Royaume de Prusse, Monarchie des Habsbourg, Électorat de Brunswick-Lunebourg, Empire russe, Landgraviat de Hesse-Cassel, Électorat de Saxe, Principauté de Brunswick-Wolfenbüttel, Royaume de Suède, Principauté de Schaumbourg-Lippe, Espagne, Royaume d’Irlande, Empire Moghol (Indes), Royaume du Portugal, Hetmanat cosaque, Confédération iroquoise, Nouvelle-France, Treize Colonies (GB) Amérique, Nouvelle-Espagne, Indes orientales et Vice-royauté du Pérou.

Louis XV (ci-contre) et son gouvernement s’inquiétaient depuis longtemps des visées de la Grande-Bretagne sur le domaine colonial français et particulièrement la Nouvelle-France qui s’étend de l’Acadie et du Canada à la Louisiane, les Antilles et les Comptoirs de l’Inde.

L’alliance de la Prusse avec le Royaume-Uni en 1756 contrarie énormément le gouvernement français qui se trouve dans une situation inconfortable, bien qu’elle possède la première armée d’Europe (environ 400 000 hommes) et une marine de bonne qualité. Louis XV va donc procéder à un renversement d’alliance au profit de l’Autriche par le traité de Versailles en mai 1756. De plus, en mars 1757, la France va conclure une convention avec la Suède qui devra fournir une armée, financée par la France. En Inde, les affrontements ont tourné à l’avantage des Français, mais les princes locaux, très versatiles, modifient en permanence l’équilibre des forces.

L’empire colonial britannique est immense et très peuplé, contrairement aux colonies françaises. En outre, ces colonies rapportent beaucoup d’argent à la couronne britannique. Le point fort des Anglais est la marine, en revanche, son armée de terre reste assez faible en effectifs. Les Anglais doivent trouver un allié sur le continent européen pour protéger le Hanovre contre les Français. Londres a signé des traités avec la Russie et quelques princes allemands, mais ces traités offrent peu de garanties. Il faudra un traité avec la Prusse de Frédéric II, qui s’engage à défendre le Hanovre, moyennant quelques subsides, pour en assurer la défense.

GEORGE II

Hors d’Europe, une grande zone de friction entre l’Angleterre et la France se trouve en Amérique du Nord. Malgré le traité d’Utrecht de 1713, le conflit n’est pas réglé pour autant. En Inde, les conflits se multiplient, les deux puissances coloniales n’ont que des comptoirs et elles doivent jouer avec la versatilité de leurs alliés.

BOMBARDEMENT DE CHANDERNAGOR PAR LA ROYAL NAVY LE 23 MARS 1757

En Europe, l’Autriche de cette époque est un vaste ensemble de territoires de la maison de Habsbourg, Hongrie, Bohême, duchés et archiduchés autrichiens, Pays-Bas autrichien, Croatie… Le chef est en général également empereur d’Allemagne, mais cette dignité n’est pas héréditaire, elle est réservée aux hommes. Or, l’Autriche est dirigée par Marie-Thérèse (ci-contre, à droite) depuis 1740. Son époux, François de Lorraine, a été élu empereur en 1745. L’empereur Charles VI avait promulgué la Pragmatique Sanction en 1713, afin de transmettre son trône à l’aînée de ses filles, à défaut d’héritier mâle.

 

Ces mises en cause du droit d’aînesse (loi salique) avaient provoqué la formation d’une coalition visant à abattre la puissance des Habsbourg (principalement la France et la Prusse). Il en résultera une longue guerre (1740-1748) au cours de laquelle Marie-Thérèse a reçu l’assistance de l’Angleterre.

Sous la houlette de Frédéric 1er et de Frédéric II, la Prusse s’est imposée comme un acteur important en Europe, bien que composée de territoires morcelés, son armée est très disciplinée et bien entraînée. Frédéric II est de plus un excellent stratège et tacticien.

FRÉDÉRIC II DE PRUSSE

La tsarine Élisabeth qui avait conquis le pouvoir en 1741, et son vice-chancelier Alexis Bestoujev-Rioumine, étaient partisan d’une alliance avec la Grande-Bretagne et l’Autriche. L’alliance de la Prusse avec la Grande-Bretagne va imposer une révision diplomatique. La Russie va rejoindre le camp franco-autrichien. Louis XV va envoyer le chevalier d’Éon pour convaincre la tsarine de se préserver des conseils anglophiles de son vice-chancelier.

 

 ALLIANCES DE LA GUERRE DE 7 ANS

Année 1756.

Une fois le jeu des chaises musicales diplomatiques terminé, les différentes alliances se mettent en ordre de bataille pour terminer un travail qui avait débuté en 1748 : la possession de la Silésie pour l’Autriche et les rivalités nord-américaines entre la France et l’Angleterre.

Le 1er avril 1756, donc un mois avant la déclaration de guerre entre Versailles et Londres, la France lance une offensive en Méditerranée avec 12 bâtiments de ligne et 173 transports. 15 000 hommes sont débarqués à Minorque, seconde base britannique en Méditerranée après Gibraltar.

Frédéric II cible la Saxe qu’il envahit, occupant rapidement Dresde le 9 septembre. Il bat ensuite une armée autrichienne à Lobositz venu au secours des Saxons le 1er octobre, puis met le siège devant Pirna qui capitule le 14 octobre.

PLAN DE BATAILLE DE LOBOSITZ

Année 1757.

Dès le début de la campagne, Frédéric II se tourne vers la Bohême et lance son attaque en direction de Prague. Les Prussiens s’imposent rapidement et mettent le siège devant Prague le 6 mai. Une nouvelle armée est mise sur pied pour porter secours à Prague. Frédéric II va à leur rencontre, mais les Autrichiens sont vainqueurs à Kolin le 18 juin, ce qui oblige Frédéric II à lever le siège et de se replier vers la Silésie.

Côté français, le maréchal d’Estrées, à la tête d’une armée coalisée de 100 000 hommes, progresse vers le Hanovre face aux Anglais et aux Hanovriens. Les Français l’emportent à Hastenbeck le 26 juillet et le Hanovre capitule. Les Anglais refusent de ratifier la capitulation et poursuivent le combat. Les Français seront défaits à Rossbach en novembre. En six semaines, l’armée française est chassée du Hanovre.

Année 1758.

Frédéric II est contraint de revenir vers la Prusse du fait que les Russes et les Suédois passent à l’attaque, en même temps, les Autrichiens reprennent l’offensive. Le 25 août, les Prussiens affrontent l’armée russe à Zorndorf (120 km à l’Est de Berlin). C’est une bataille particulièrement sanglante mais elle permet à Frédéric d’arrêter l’offensive russe et la jonction des Russes et des Autrichiens à Berlin.

Au même moment, le 5 juin, l’armée britannique effectue un débarquement dans la baie de Cancale et progresse vers Saint-Malo. Une armée de secours empêche la prise de la ville. Les Anglais tentent un débarquement à Cherbourg mais abandonnent à cause du mauvais temps. Nouvelle tentative pour prendre Cherbourg après un bombardement naval, les Britanniques débarquent et prennent Cherbourg. Ils pillent la ville puis reprennent la mer en direction de Saint-Malo, le 3 septembre, mais ne réussissent pas à prendre la ville. Sous la pression de l’armée française, les Anglais rembarquent et repartent vers l’Angleterre.

Année 1759.

Durant cette année 1759, la Prusse va subir plusieurs défaites et son territoire est envahi de toutes parts. La Prusse est au bord de l’effondrement, néanmoins, la résistance continue avec l’aide des renforts de son frère Henri. La mauvaise entente entre les généraux Russes et Autrichiens va les empêcher de vaincre définitivement Frédéric II.

L’armée française reprend l’offensive vers le Hanovre avec 80 000 hommes et début juin les Français entrent dans Hanovre.

Un plan d’invasion de l’Angleterre est préparé par la France, une armée est rassemblée à l’embouchure de la Loire. Les flottes de Brest et de Toulon doivent assurer la maîtrise de la mer, mais la flotte de Toulon est battue par la flotte britannique au cours de la bataille de Lagos le 19 août. La flotte de Brest subira le même sort lors de la bataille des Cardinaux, près de l’île d’Hoëdic dans la baie de Quiberon, le 20 novembre.

BATAILLE NAVALE DES CARDINAUX

Année 1760.

Les Prussiens subissent plusieurs défaites contre les Autrichiens, à Landshut le 23 juin, puis à Meissen. Les villes de Marbourg et de Glatz, en Silésie sont également prises par les Autrichiens.

La Prusse remporte une victoire à Leignitz le 15 août et les Russes sont défaits devant Kolberg en septembre. Les Autrichiens échouent devant Breslau en Silésie. Puis, les Prussiens sont victorieux à Torgau le 3 novembre. En Saxe, les Autrichiens libèrent Dresde. L’armée française lance une offensive qui est déjouée par la mobilité de ses adversaires. L’année s’achève sans avancé notable.

Année 1761.

L’épuisement de l’armée de Frédéric II qui de plus est réduite à 100 000 hommes, l’oblige à une stratégie de défense, tout en lançant des raides sur les arrières de l’ennemi pour détruire les entrepôts et faire des prisonniers. Août-septembre 1761, il échappe à une défaite à Brunzelwitz où il est encerclé du fait des querelles entre Autrichiens et Russes qui se séparent sans donner l’assaut.

La forteresse prussienne de Schweidnitz tombe le 1er octobre et les Russes font le siège de Kolberg qui capitule le 16 décembre. Mais cette victoire est trop tardive, il faudra attendre le printemps 1762 qui doit être l’année de l’effondrement de la Prusse. De plus, les ennemis de la Prusse sont eux aussi épuisés et l’Autriche est au bord d’une crise financière et doit réduite la taille de son armée.

Année 1762.

Un évènement va tout remettre en question : le 5 janvier, la tsarine Élisabeth meurt. Son successeur, Pierre III de Russie (ci-contre), est un admirateur de Frédéric II et il signe immédiatement une paix séparée, laissant l’Autriche seule à la Prusse.

Confronté à la seule armée autrichienne, Frédéric reprend le dessus : il est victorieux à Burkersdorf le 21 juillet, puis reprend Schweidnitz le 9 octobre. Les Autrichiens sont repoussés hors de Silésie à la bataille de Freiberg le 29 octobre. Désormais, les Autrichiens sont persuadés que leur victoire devient impossible.

Les Français sont dans une impasse face aux Anglo-hanovriens. Ils évacuent le Landgraviat de Hesse-Cassel.

Les opérations militaires aux Amériques.

L’IMMENSE TERRITOIRE DE LA FRANCE AUX AMÉRIQUES

 

En 1754, la France possédait en Amérique du Nord, une vaste zone s’étendant du Canada aux Grands Lacs, jusqu’au golfe du Mexique. Elle était alliée avec de nombreuses tribus indiennes, à l’exception des Iroquois qui sont restés fidèles aux Britanniques.

Le conflit des années 1756-1763 est appelé guerre de la conquête du Canada, elle oppose la Grande-Bretagne et les Treize Colonies aux Français et à leurs alliés amérindiens. Les premières escarmouches vont se dérouler dans la vallée de l’Ohio, convoitée par les deux camps.

Année 1755.

La principale action militaire est l’attaque du Fort Niagara par les Anglais qui se solde par un échec. Fort Duquesne sera ensuite attaqué par 2 000 soldats britanniques (dont 450 colons), les Français sont au nombre de 900, Amérindiens compris. Les Anglais se battent « à l’européenne » en rangs serrés. Les Français sortent vainqueurs de ce combat en utilisant les méthodes locales proches de la guérilla.

La France subit une défaite dans la région du lac Champlain, Jean-Armand Dieskau, tente ensuite de s’emparer de Fort Edward, nouvelle échec. Battu à la bataille du lac George, blessé et fait prisonnier, il est remplacé à la tête des forces françaises l’année suivante par Louis-Joseph de Montcalm (portrait ci-dessus).

VICTOIRE DES TROUPES DE MONTCALM AU FORT CARILLON

Année 1756.

Dès son arrivée, Montcalm comprend qu’il est essentiel de maintenir les communications entre le Canada et l’Ohio. Communication qui est menacée par la présence du fort Britannique d’Oswego, sur la rive du lac Ontario. Montcalm organise une expédition et enlève le fort (10-14 août), le fort est rasé, faisant au passage 1 700 prisonniers.

LES FORTS FRANÇAIS ET BRITANNIQUES

Année 1757.

Les renforts anglais affluent. Le général Campbell dirige son armée vers Halifax et il attend l’intervention de la marine. Mais la flotte britannique est devancée par trois escadres françaises devant Louisbourg, ce qui empêche toute intervention navale. Campbell bat en retraite et se dirige vers New York.

Au même moment, Montcalm profitant de l’immobilisation de l’armée britannique, passe à l’attaque. Après Fort Oswego, il attaque Fort William Henry à la pointe Sud du lac George. Le fort est pris et incendié, les Français font 2 300 prisonniers.

Année 1758.

Les renforts britanniques ne cessent de débarquer. En juillet, le général Anglais Abercrombie se met en marche avec une armée de 7 000 soldats réguliers et 9 000 miliciens en direction du lac Champlain, son but, attaquer Fort Carillon. Durant la bataille, le 8 juillet, les Britanniques avancent à « l’européenne » en ordre serré, ils sont décimés par le feu des troupes françaises, qui remportent une nette victoire à 1 contre 5 et stoppent ainsi l’offensive britannique vers le Nord. Mais profitant de la supériorité numérique et de la longueur  de la frontière, les Anglais lancent une offensive vers la vallée de l’Ohio et une autre vers Louisbourg. Le 27 août, Fort Frontenac, défendu par une centaine d’hommes, tombe face aux 2 000 soldats Anglais. En septembre, ce sera le tour du Fort Duquesne, qui est abandonné par les Français après destruction. Le fort sera reconstruit par les Anglais sous le nom de Fort Pitt, en l’honneur de William Pitt, et deviendra Pittsburg.

PLAN DU FORT PITT EN 1759

Sur la côte atlantique, une action combinée terre-mer, permet le débarquement de 14 600 soldats au Sud de Louisbourg (2 juin). Une campagne de six semaines sera nécessaire aux Britanniques pour que Louisbourg capitule (26 juillet).

PLAN DE LOUISBOURG

L’année se termine à l’avantage des Anglais, ils ont pris le contrôle de la vallée de l’Ohio et isolé la Nouvelle-France grâce à la prise de Louisbourg.

Année 1759.

Les Britanniques poursuivent leur offensive vers le Nord et prennent Fort Carillon le 27 juillet ; le lac George devient une base solide en vue d’opérations futures vers le Canada. Le lac Champlain passe également sous le contrôle des Anglais, mais la saison est trop avancée pour lancer une attaque vers Montréal. Avec la prise de Louisbourg, les Britanniques ont la possibilité de progresser le long du Saint-Laurent. Le 21 juin, la flotte anglaise arrive en vue de Québec avec une importante force armée. Le siège débute le 12 juillet, mais la forteresse défendue par 15 000 hommes résiste. Dans la nuit du 12 au 13 septembre, les Anglais débarquent une colonne dans un secteur non défendu, ce qui contraint Montcalm à livrer bataille. Le 13 septembre les deux camps se font face dans les plaines d’Abraham avec environ 4 800 hommes chacun. Au cours de la bataille, les deux commandants, James Wolfe et Montcalm, sont tués, la victoire revient aux Anglais. La garnison de Québec se rend le 18 septembre, cependant, l’armée française n’est pas anéantie. L’hiver 1759-1760 sera particulièrement rude pour la garnison britannique de Québec.

PLAN DE BATAILLE DE QUÉBEC

Année 1760.

François Gaston de Lévis, qui a pris le commandement de l’armée française après la mort de Montcalm, lance une offensive qui fait reprendre espoir aux troupes françaises, avec la victoire de Sainte-Foy. Mais l’avancée britannique en direction de Montréal et l’arrivée de la flotte ennemie sur le Saint-Laurent forcent les Français à se retirer. Le 8 septembre, les Britanniques lancent une attaque contre Montréal et s’emparent de la ville. Le 28 novembre, ils prennent le Fort Ponchartrain encore aux mains des Français.

Les Britanniques attaquent les Antilles.

Après la défaite des Français au Canada, les Anglais visent les îles des Caraïbes. L’occupation de la Guadeloupe en 1759 va permettre de s’étendre dans la mer des Caraïbes. En 1761, c’est le tour de l’île de la Dominique.

Le 4 janvier 1762, l’Espagne entre en guerre aux côtés des Français. Théoriquement ces deux puissances auraient pu rivaliser avec la Grande-Bretagne, mais après sept ans de guerre la France ne dispose plus de forces navales et terrestres suffisantes.

La flotte britannique prend possession de la Martinique, puis des îles de Saint-Vincent, la Grenade et Sainte-Lucie (5 janvier-12 février 1762), puis se présente en vue de La Havane le 6 juin. Un siège de deux mois aura raison de la plus grande ville espagnole du Nouveau Monde, qui capitulera le 10 août. Désormais, l’ensemble des Antilles se trouve sous le contrôle des Britanniques (sauf Saint-Domingue).

LES CARAÏBES

Opérations militaires en Inde.

Plusieurs pays européens sont présents en Inde sous formes de comptoirs commerciaux dont les Britanniques et la France, la Compagnie britannique des Indes orientales et la Compagnie française des Indes orientales. En 1756, alors que les deux camps se préparent à la guerre, un des plus puissants princes indiens, le nawab du Bengale Siradj al-Dawla, demande aux Français et aux Anglais d’arrêter leurs préparatifs car il considère leurs agissements comme un casus belli. Les Français obtempèrent, mais pas les Anglais. Les armées de Siradj al-Dawla attaquent les possessions anglaises, particulièrement Calcutta, le 20 juin 1756. La riposte des Anglais est immédiate, et à partir de Madras ils montent une expédition qui va permettre la récupération de tous leurs comptoirs. Au passage, ils occupent le comptoir français de Chandernagor le 23 mars 1757.

En 1758, le conflit va se déplacer vers le Sud-est de l’Inde, vers Madras et Pondichéry. Une expédition est envoyée en renfort début 1758, avec 4 000 hommes. Après une série de petits combats victorieux, l’armée française et ses alliés indiens mettent le siège devant Madras en décembre, les britanniques envoient des renforts par la mer, les Français doivent lever le siège en février 1759. Grâce à ces renforts, les Britanniques reprennent quelques possessions autour de Madras. Une bataille décisive a lieu le 22 janvier 1760 au fort Wandiwash, les Anglais sont victorieux. Puis, ils poussent leur avantage en mettant le siège devant Pondichéry qui capitule le 15 janvier 1761.

Après l’entrée en guerre de l’Espagne en janvier 1762, les Britanniques décident d’une attaque contre la colonie espagnole des Philippines. Ils débarquent sans opposition et mettent le siège devant Manille le 25 septembre 1762. Le 6 octobre, les murs de la ville tombent, la ville est conquise ainsi que le port de Cavite. L’occupation britannique se limitera à Manille, les Espagnols garderont le contrôle du reste de la colonie. L’occupation anglaise prendra fin en avril 1764.

On arrive à la période difficile du retour à la paix. Vainqueurs et vaincus sont épuisés, surtout financièrement. C’est la période des traités.

Année 1761.

Les négociations préliminaires sont interrompues par l’entrée en guerre de l’Espagne aux côtés de la France.

Année 1762.

C’est l’année du revirement de la Russie qui signe une paix séparée avec la Prusse. La Suède, au bord de la faillite, fait de même.

Année 1763.

Le Royaume-Uni, la France et l’Espagne signent le traité de Paris le 10 février. Traité qui assure à la Grande-Bretagne d’énormes gains et de sortir de la guerre en position de force. La France perd le Canada et les îles au large du Canada (sauf Saint-Pierre-et-Miquelon) ainsi que tous les territoires à l’Est du Mississippi. Aux Antilles, la France ne récupère que la Martinique, la Guadeloupe, Marie-Galante et Sainte-Lucie. Les autres îles deviennent britanniques. Cuba et les Philippines sont rendues à l’Espagne en échange de la Floride et de l’évacuation du Portugal. En Inde, le Royaume-Uni va s’assurer une position dominante. Les cinq comptoirs de Pondichéry, Karikal, Yanaon, Mahé et Chandernagor, sont restitués à la France, mais avec interdiction d’y construire des forts ou d’y faire stationner des troupes. En Europe,  Belle-Île, occupée par les Anglais, est rendue à la France en échange de l’évacuation de Minorque. Enfin, en Afrique, Gorée est rendue à la France en échange du Sénégal.

Les Autrichiens et les Prussiens signent la même année le traité de Hubertsbourg, le 15 février. Traité qui valide les frontières de 1756, la Silésie est évacuée par l’Autriche et la Prusse se retire de la Saxe.

COMPTOIRS BRITANNIQUES, DANOIS, FRANÇAIS, NÉERLANDAIS ET PORTUGAIS EN INDE

Ces traités auront des conséquences en Amérique. La révolte des Amérindiens contre la Grande-Bretagne. En effet, la cession de la Nouvelle-France aux Britanniques est mal accueillie par 14 nations indiennes qui se coalisent contre les Anglais, y compris les tribus qui étaient alliées à la Grande-Bretagne.

LIEUX DE COMBATS

La rébellion du chef indien d’Obwandiyag dit Pontiac débute le 7 mai 1763, l’objectif est de chasser les Britanniques de l’ex-Nouvelle-France. Malgré la proclamation du roi d’Angleterre de mai 1763, qui accorde aux nations indiennes des territoires de réserve, la guerre va se poursuivre durant trois ans et mènera à une impasse  pour les deux camps. Un traité de paix sera néanmoins signé le 25 juillet 1766.

Bien entendu, comme dans toutes les guerres, il y a des conséquences géopolitiques. La Grande-Bretagne s’impose comme la grande puissance mondiale dominante. Son territoire national n’a jamais été inquiété, sa flotte et son armée coloniale contrôlent l’Amérique du Nord, l’Inde et surtout elle domine les autres puissances sur toutes les mers du globe.

La Prusse, autre vainqueur de ce conflit, est pourtant passée tout près du désastre. Son prestige est devenu important et elle s’impose comme un acteur majeur de l’équilibre politique des États allemands. Grâce aux subsides britanniques et au retrait imprévu de la Russie, la Prusse a réussi à résister assez longtemps pour que ses adversaires, eux-mêmes épuisés, sortent du conflit.

L’Autriche est perdante,  mais dans une moindre mesure. Elle a permis la libération de la Saxe mais a perdu la Silésie. L’impératrice Marie-Thérèse va utiliser l’alliance française pour s’affirmer comme puissance dominante en Italie et en Europe centrale.

La Russie a joué un rôle d’arbitre, et son retrait dû à la mort de la tsarine Élisabeth, a sauvé la Prusse d’un écrasement militaire. Ce conflit a aussi montré la faiblesse de l’union saxo-polonaise sous Auguste III de Pologne qui s’est contenté avec indifférence de regarder les marches et contremarches des belligérants à travers son pays. L’Électorat de Saxe et de la République des Deux Nations (Pologne-Lituanie) ne sont sauvées que par l’intervention diplomatique de la France et de l’Autriche.

La France sort de ce conflit extrêmement affaiblie. Elle a perdu son influence en Amérique du Nord. L’armée et la marine française sortent affaiblies de cette guerre après plusieurs défaites, alors qu’elle était en supériorité numérique, sauf aux colonies.

Du point de vue économique, le bilan est très lourd pour tous les pays. La guerre totale et mondiale que se sont livrées l’Angleterre et la France a coûté extrêmement cher. La Grande-Bretagne va tirer profit de son empire colonial élargi pour rembourser au mieux ses dettes, passées de 75 millions de livres en 1754 à 133 en 1763. La France décide de ne pas augmenter les taxes, mais de financer sa dette par des emprunts. La dette française est passée de 1,36 milliard de livres en 1753 à 2,35  milliard en 1764. Les revenus diminués par la perte des colonies et les taux d’intérêts vont grimper en flèche et vider les caisses. Le gouvernement se voit contraint de faire lever de nouveaux impôts pour régler au plus vite l’endettement de la France, mesures très mal perçues par la population.

Sur le plan humain, ce conflit a été destructeur du fait de sa longueur. Le ravitaillement des troupes mal assuré, les soldes ne sont pas toujours au rendez-vous,  provoquant inévitablement des pillages. Il faut rajouter à cela les maladies comme le typhus ou le scorbut. La marine britannique perdra 75 000 hommes de maladie durant cette guerre. Il y a aussi la barbarie et le nettoyage ethnique pratiqué par les Anglais au dépend des Indiens et des Acadiens en Amérique.

On estime à 700 000 morts militaires et sans doute 300 000 civils les pertes humains de ce conflit.