UNE CRÊPE FLAMBOYANTE SOUS UNE OMBRELLE DE SOIE

Léonard de Vinci en avait fait un dessin sans jamais le réaliser en pratique. Le parachute en tant que moyen de transport pour regagner le plancher des vaches, soit à partir d’un ballon, d’un aéronef ou même du bord d’une falaise, a été conçu et testé  par un aérostier de la Révolution française. Son nom, André-Jacques Garnerin. Il effectua son premier saut le 1er brumaire An VI (22 octobre 1797) à Paris, au-dessus du Parc Monceau, à partir d’un ballon et d’une hauteur de 915 mètres.. La première femme à réaliser cet exploit n’était autre que son élève, Jeanne Geneviève Labrosse. Elle sauta de ballon le 12 octobre 1799 avant de se marier avec son « moniteur » A.J. Garnerin.

 Monsieur et Madame GARNERIN – 1803

 À travers le temps, de l’Antiquité au XIX° siècle, les cas de sauts à l’aide d’un dispositif pour freiner la chute, sont nombreux. Au III° millénaire av. J.C., un empereur chinois saute d’une grange en feu en tenant deux parasols à bout de bras. Un Italien, Fausto Veranzio, réussit un saut d’une des tours de Venise. De nombreuses expériences sont faites, en 1780, avec des animaux et à partir de ballons, par des physiciens français, Jean-Pierre Blanchard et Louis-Sébastien Lenormand. C’est ce dernier qui inventa le mot « parachute », par analogie avec le parasol auquel il ressemble. Son engin, dangereux à cause des oscillations, va être amélioré en inventant la tuyère centrale.

De nombreuses améliorations vont suivre, non sans quelques victimes. En 1887, l’Américain Tom Baldwin remplace la lourde nacelle utilisée jusqu’alors à partir de ballons, par un harnais. Charles Broadwick va plier le parachute et, le mettre dans un sac à dos, et, en 1908, introduit la tirette d’ouverture automatique… Petit à petit, le parachute va devenir un élément indispensable pour les pilotes d’une aviation naissante. Le 1er mars 1912, l’américain Albert Berry effectue le premier saut en parachute depuis un aéronef, au-dessus de Saint-Louis (Missouri). A cette occasion, il manque de se tuer, le parachute s’est accroché au train d’atterrissage de son avion ; heureusement, il atterrit entier. En 1913, c’est un Allemand, Otto Heineke, qui met au point le parachute plié et empaqueté avec ouverture automatique à la sortie de l’avion. Les Français ne sont pas en reste. Le 19 août 1913, Adolphe Pégoud, à Châteaufort, dans les Yvelines, saute de son avion Blériot sacrifié pour l’occasion à 250 mètres du sol. Il heurte avec son épaule l’empennage de son avion et termine sa chute dans un arbre. Le 13 février 1914, c’est d’un Deperdussin, piloté par Lemoine, que saute le lieutenant-aviateur Jean Ors qui atterrit sain et sauf.

 

Adolphe Pégoud

 

Au cours de la Grande Guerre, le parachute n’est en usage que sur les ballons d’observations. Le premier saut militaire eut lieu le 17 novembre 1915, effectué par Constant Duclos. Du côté allemand, la mise en place du parachute pour les pilotes devient réglementaire à partir de 1918. Le parachute allemand du type Heineke sauva la vie de nombreux pilotes dont Hermann Göering.

La Seconde Guerre mondiale verra l’utilisation de parachutistes en grand nombre pour des opérations militaires importantes. Invasion de la Crète par les Allemands, débarquement des Alliés en Normandie, tentative de percée en Hollande, opérations souvent très coûteuses en hommes.

Lourd… très lourd l’équipement TAP

Après la Seconde Guerre mondiale, c’est le parachutisme sportif qui va se développer et de fait, développer le parachute. Les militaires sont largués à faible altitude et en automatique, avec des poids importants. Les sportifs se lancent à haute altitude, et commandent eux-mêmes l’ouverture du parachute. A partir de 1980, pour cet usage particulier, le parachute rond (l’olympique) va céder la place à une « aile ». Les militaires sont restés fidèles à leur coupole bien ronde, pour les largages de masse, et en automatique. Seules, de petites unités spécialisées sautent à haute altitude avec une « aile » qui s’est imposée grâce à sa maniabilité.

Après l’ombrelle de soie, parlons maintenant de la crêpe flamboyante, le béret rouge légendaire des parachutistes.

J’ai lu quelque part que le béret rouge des parachutistes français avait valeur de décoration. C’est beau et fort. Il est orné d’un dextrochère emplumé avec un glaive pointé vers le ciel. D’après le dictionnaire, dextrochère veut dire bras droit. Dans la symbolique militaire des insignes, il y a quand même de la recherche.

Du calot « bleu louise » de l’armée de l’air au béret amarante britannique.