HISTOIRE MÉCONNUE DES BATAILLONS SCOLAIRES

L’ÉCOLE A BIEN CHANGÉ.

La défaite de 1870 fut une humiliation nationale. Le désir de revanche est immédiat. Une loi de 1872 instaure le service militaire obligatoire de 1 à 5 ans selon le tirage au sort. Les soutiens de famille, les membres du clergé et de l’enseignement en sont dispensés. Pour des raisons économiques, un raccourcissement du temps du service militaire est nécessaire, et afin de ne pas nuire à la force armée, il faut procéder à une formation préalable à l’école

Les enfants de 12 ans font du maniement d’armes, du tir, de la gymnastique et des exercices, tout en portant un uniforme. Cette innovation, très couteuse, va être un échec. Dès 1890, les bataillons scolaires sont abandonnés. Leurs succèdent les associations de gymnastiques et paramilitaires qui évoluent dans un cadre volontaire.

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Paul Bert (1833-1886) crée les bataillons scolaires en 1882. Il fait fabriquer des mini-clairons, des mini-tambours, des répliques réduites des fusils Gras, etc. La France comptera jusqu’à 109 bataillons scolaires pour environ 44 000 enfants.

Paul Bert est, avec Gambetta et Jaurès, l’une des figures emblématiques de la République française. Né à Auxerre en 1833, député de l’Yonne et ministre de l’instruction publique, il fut, plus que Jules Ferry, le véritable créateur de l’école publique qu’il voulut « laïque, gratuite et obligatoire ». Il fut entre autre :

> Professeur de physiologie à la Sorbonne.

> Membre de l’Académie des Sciences.

> Résident général au Tonkin.

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Nous avons tous dégusté des biscuits LU, sans savoir que le petit écolier, avec sa cape et sa médaille était un petit écolier des bataillons scolaires.

La malheureuse guerre de 1870/71 avait laissé au cœur des Français une cuisante blessure. Après le Traité de Francfort et la perte de l’Alsace et de la Lorraine, la Nation allait, pendant des décennies, nourrir l’espoir de la « revanche », qui devait effacer l’humiliation de la défaite et permettre de recouvrer les deux provinces perdues. Aussi les gouvernements successifs de la IIIème République firent-ils des efforts constants pour doter la France d’une armée moderne, capable de remplir sa mission avec un maximum d’efficacité.

Pour entretenir chez les jeunes Français la flamme patriotique et les préparer à leur rôle de futurs soldats, le gouvernement de Freycinet décréta le 14 juillet 1882 la création de « Bataillons scolaires » au sein des établissements publics.

Ces « Bataillons » devaient dispenser aux élèves une formation prémilitaire graduée, adaptée à leur âge, dont le programme était ainsi conçu :

Aux cours élémentaires, de 7 à 9 ans, gymnastique, exercices de présentation individuelle et évolutions collectives.

Aux cours moyens, de 9 à 11 ans, éducation physique avec éventuellement exercices aux agrès, marches, évolutions en ordre serré.

Au cours supérieurs, de 11 à 13 ans, gymnastique, agrès, évolutions en ordre serré, marches, éléments de topographie et préparation au tir.

Pour l’instruction avec armes, on créa deux répliques allégées du fusil Gras Modèle 1874, l’un avec canon en bois, ne pouvant tirer, l’autre réelle, utilisable pour le tir avec cartouche Gras du type réduit, et dotée d’un sabre-baïonnette un peu plus léger que le modèle réglementaire. Pour des raisons diverses, l’instruction des Bataillons Scolaires fut loin de donner les résultats escomptés. Il était sans doute quelque peu illusoire de vouloir donner une formation prémilitaire à des éléments beaucoup trop jeunes pour l’assimiler sérieusement. L’échec constaté amena bientôt la dissolution des Bataillons Scolaires.

Cependant, dans le même esprit, une nouvelle tentative fut faite avec la création de « Bataillons topographiques », s’adressant cette fois aux jeunes de 16 à 20 ans. Ce projet n’eut pas plus de succès. Dans le département des Vosges, un seul Bataillon topographique vit le jour, celui de Saint-Dié, il n’eut d’ailleurs qu’une existence éphémère car il disparu avant 1889. L’expérience fut abandonnée. Sans vouloir mettre en doute la motivation des intéressés, surtout dans les régions frontalières, on peut penser aussi qu’à l’époque la rareté des loisirs et les difficultés de déplacement étaient autant d’obstacles à la fréquentation des séances d’instruction, et partant de ce constat, à la survie de l’institution.

Après 1900, l’évolution de la situation internationale marquée par de fréquentes périodes de tension, amena le gouvernement à revoir la question de la préparation militaire des jeunes de 17 à 20 ans ; celle-ci restait toutefois facultative.

Une loi de 1905, puis une circulaire ministérielle de 1907 réglèrent les modalités d’organisation de l’instruction prémilitaire, qui fut confiée aux Sociétés de tir et Société de préparation militaire agréées par le Ministère de la Guerre. La guerre de 1914, malheureusement, ne devait pas tarder à démontrer le bien-fondé des dispositions prises en ce domaine pendant les années de paix.

image3…un bataillon scolaire à l’exercice…

 image4 L’Ecole Le Nôtre de Villepreux

 

image5Fabrication d’armes et de munitions pour les BS  

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Médailles et diplômes

 image7…et le programme scolaire.