ENCORE UNE IDÉE REÇUE.
En 1933, au Salon de l’automobile à Berlin, un ingénieur hongrois d’origine juive, Josef Ganz, présente la Standard Supérior, une microvoiture dont les formes arrondies rappellent la coccinelle. Sujet à des persécutions, Josef Ganz fuit l’Allemagne en 1934.
Quelques années auparavant, en 1928, Ferdinand Porsche, ingénieur en automobile chez Mercedes, imagine une voiture pas cher et pour tout le monde. Il tente de convaincre ses employeurs, mais en vain. Il quitte l’entreprise pour s’installer à son compte et fonde un bureau d’étude à Stuttgart en 1931. Il fait réaliser un prototype chez le fabricant de motos Zündapp qu’il présente à plusieurs entreprises, mais il essuie que des refus.
En 1933, Ferdinand Porsche est invité par la Fédération des Constructeurs Automobiles allemands. Il expose son projet pour une voiture accessible au petit budget, idée dont tout le monde parle. Le projet naît à ce moment-là, bien avant qu’Adolf Hitler ne s’y intéresse. La rencontre avec Hitler se fera en 1937, qui cette fois s’y intéresse.
Porsche fait réaliser trois prototypes. Il veut que son véhicule soit fiable et robuste. Il parcourt donc 150 000 km pour des essais, chose qui n’a encore été faite. Il souhaite développer une usine de production, c’est là qu’Hitler entre en scène, et le 26 mai 1938, Hitler pose la première pierre de l’usine. Dans son discours, il n’appelle pas la voiture « Volkswagen » comme le souhaitait Porsche, mais KDF Wagen (Kraft Durch Freude, la puissance par la joie en français). Hitler récupère le projet ce jour-là.
Le 3 août 1940, la production démarre, mais uniquement à des fins militaires. 686 véhicules sortiront d’usine au cours de la guerre.
ADOLF HITLER INSPECTE UN DES PREMIERS MODÈLES – Copyright STAFF- AFP
Son prix de vente bas, séduit près de 350 000 Allemands en moins d’un an et passent commande. Jamais ils ne verront la couleur de leur coccinelle. L’argent va servir à alimenter l’effort de guerre et la production de la voiture du peuple s’arrête en 1939. En effet, l’usine située à Wolfsburg, est réquisitionnée pour fabriquer de l’armement et des véhicules militaires.
KÜBELWAGEN VW 82
SCHWIMMWAGEN (AMPHIBIE) VW 166
1er août 1938 – Le plan de financement est officialisé et fera par épargne, le « VW Sparen », sous forme de timbres à 5 marks que les futurs acquéreurs collaient dans un carnet. Lorsque le carnet était rempli, on pouvait en ouvrir un autre jusqu’à ce que la somme épargnée (990 marks) permette l’achat d’une voiture. Il fallait ajouter 50 marks pour la livraison et 200 marks pour une assurance de 2 ans. Il fallait aussi être membre du parti nazi. Tel était le principe. En réalité, pas une seule voiture ne fut livrée à un particulier. En fin d’année, il existait pourtant déjà 150 000 contrats. En fin de compte, 336 688 Allemands souscriront au programme.
En 1939, la Seconde guerre mondiale éclate, la production des voitures « Coccinelle » qui venait à peine de démarrer est arrêtée.
En 1945, à la fin de guerre, l’usine de Wolfsburg est presque entièrement détruite par des bombardements américains. L’usine est mise sous contrôle des Forces d’occupations britanniques. Les Alliés décident de raser toutes les usines allemandes d’armement construites à partir de 1938. Un Major de l’armée britannique, Ivan Hirst, découvre en juillet 1945 l’usine de Wolfsburg, partiellement en ruine. Il y installe un atelier de restauration de chars et y découvre des stocks importants de pièces de voitures. Il y découvre aussi deux KDF Wagen assemblées bénévolement par quelques ouvriers de l’usine. Il est impressionné par cette petite voiture et il donne son accord pour relancer la production des Coccinelles.
La Coccinelle entre dans la vie civile.
En 1948, soit plus de dix ans après les croquis de Ferdinand Porsche, la Coccinelle voit enfin le jour à grande échelle et va même conquérir le monde. 21 millions d’exemplaires seront vendus dans le monde, elle est aujourd’hui la voiture la plus collectionnée.