LES DRONES ONT PLUS DE 100 ANS

Depuis quelques années, les conflits armés utilisent des drones. La presse s’en fait largement écho. Toute les armées du monde veulent des drones, alors que ce n’est pas une technologie récente, mais plus que centenaire.

Pour beaucoup, le drone est un petit jouet volant que l’on pilote avec son smartphone. Il s’agit d’un modèle réduit d’engins militaires que les puissances occidentales utilisent dans bien des cas. Cette invention remonte à la première guerre mondiale. En 1916, un Anglais, Archibald Low réalise un avion-cible commandé à distance par des ondes TSF (télégraphie sans fil).  Il s’agissait alors de former des pilotes au tir sans risquer d’abattre l’avion qui remorquait la cible. Une idée similaire est réalisée aux États-Unis en 1917, par les ingénieurs Elmer Ambrose Sperry, Lawrence Sperry et Peter Cooper Hewitt.

LE HEWITT-SPERRY AUTOMATIC AIRPLANE SUR SES RAILS DE LANCEMENT

La France n’est pas en reste, le capitaine Max Boucher réussira à faire voler, le 2 juillet 1917, un avion Voisin sur 1 km. Un exploit qui poussa Georges Clémenceau à lancer en 1918 un concours d’avion sans pilote. Max Boucher va réussir à améliorer son système et à faire voler, le 14 septembre 1918, un avion Voisin BN3 pendant 51 minutes sur une distance de 100 km. L’avion radio-télécommandé était né.

CAPITAINE MAX BOUCHER

En poursuivant ses travaux avec l’ingénieur Maurice Percheron, ils réussiront à faire voler, le 17 avril 1923, sur la base d’Etampes, un véritable drone piloté par la TSF. Mais la guerre était terminée et l’invention n’attira pas l’attention des militaires.

PLANS DU DRONE DE MAX BOUCHER ET MAURICE PERCHERON EN 1923

Ce sont les Anglais qui ont affublé ce surnom de drone, en 1935, aux versions du De Havilland DH.82 Tiger Moth. Au départ, le constructeur avait baptisé ces avions cibles DH.82 Queen Bee (reine des abeilles), mais le vol lourd et bruyant ressemblait plutôt à de faux bourdons, drone en anglais.

AVION-CIBLE DENNY QUI POPULARISA LE TERME DRONE

Les Allemands, durant la Seconde guerre mondiale, ont également développé en 1944, un modèle réduit de V2 piloté à distance par un système radar baptisé Rheinland. Cinq systèmes de radiocommandé furent développés à ce moment-là : Burgund, Franken, Elsass, Brabant et Ganza. Toutes ces armes novatrices ne purent heureusement être fabriquées en grande série, mais cette technologie va servir aux Alliés après la défaite des nazis.

L’utilisation des drones militaires va se développer lors des guerres de Corée et du Vietnam, principalement pour des missions de surveillance et d’observation également pour larguer des tracts. C’est au cours des années 70 que le développement des drones armés va se faire.

Désormais, les drones militaires vont de quelques centaines de grammes à plusieurs tonnes, 15 tonnes par exemple pour le RQ-4B Block 20/30.

LE SUPER DRONE RQ-4B

En France, Dassault Aviation a en cours de développement le Neuron, un drone de combat de 7 tonnes.

LE NEURON FRANÇAIS DE CHEZ DASSAULT

En Europe, EADS développe le Barracuda et BAE Système le drone Taranis. En Israël, IAI développe l’eitan.

BARRACUDA

TARANIS
EITAN

Les États-Unis restent très discrets sur l’avancement de leurs recherches. La Convention de Genève interdit l’emploi d’armes totalement automatiques. Il faut que la décision de tir reste « humaine ». Bien entendu, les conflits accélèrent le développement de l’armement, des munitions etc… Aussi, pour se protéger des drones, la France a développé un brouilleur de drone portatif, le Nerod F5-5.

LE NEROD F5-5

Cette arme est capable de brouiller les fréquences et donc de neutraliser tous les protocoles de communication utilisés par les drones.

Le drone civil est apparu vers les années 2000, avec des drones pour la surveillance (incendie, inondations, sécurité, agriculture, sécurité de grandes infrastructures …). Ces applications demandent des vitesses de déplacements lentes, d’où le système multirotor qui permet également le vol stationnaire.

Malheureusement, la démocratisation du smartphone offre à chacun la possibilité de piloter ces engins avec toutes les dérives possibles. Sans compter le danger du terrorisme.