LE BRAILLE, CODE SECRET DE L’ARMÉE FRANÇAISE

LE BRAILLE, CODE SECRET DE L’ARMÉE FRANÇAISE ET DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES

Avant d’arriver à notre époque, l’histoire, dans le domaine de “l’écriture nocturne”, est marquée par trois personnages. Valentin Haüy, Charles Barbier de la Serre et Louis Braille.

Valentin Haüy (1745-1822) fut l’un des premiers à s’intéresser aux aveugles ou malvoyants. Homme de lettres pratiquant outre le latin, le grec et l’hébreu, une dizaine de langues vivantes, professeur du Bureau Académique d’Écriture et Interprète du roi pour les langues espagnole, italienne et portugaise.

Choqué par un spectacle donné par de jeunes aveugles à la Foire de Saint Ovide, Place de la Concorde à Paris (alors Place Louis XV), où les spectateurs se moquaient méchamment de ces enfants, il décide de se mobiliser en faveur de ces personnes et fonde, à Paris, en 1786, la première école pour les enfants déficients visuels, l’ “Institution des Enfants Aveugles” qui existe encore de nos jours sous le nom d’INJA. Sa grande idée : permettre aux aveugles et mal-voyants d’accéder à la lecture.

De tous temps, les aveugles ont eu recours au toucher pour suppléer l’absence de vision. C’est ce que va constater Valentin Haüy.

Le déclic se fera en mai 1784, sous le porche de l’église Saint-Germain-des-Prés. Il rencontra un jeune mendiant aveugle du nom de François Lesueur, à qui il fit l’aumône. Le jeune garçon lui fit remarquer qu’il avait dû se tromper en lui donnant une pièce de trop grande valeur. Valentin Haüy comprit alors que le jeune aveugle avait été capable de « lire » par le seul toucher. Lesueur fut son premier élève. La grande idée de Valentin Haüy va être de faire lire les aveugles. Il fit réaliser des caractères d’imprimerie spéciaux de grande taille dont il va servie pour gaufrer des feuilles cartonnées. Avec cette méthode, le jeune Lesueur apprit à lire et apprit les quatre opérations de base du calcul. Par la suite, les jeunes aveugles de son institut furent employés dans des filatures ou des ateliers de typographies.

Interprète du roi, il utilisa sa méthode pour le courrier diplomatique et militaire.

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Le capitaine d’artillerie français Nicolas Charles Marie Barbier de la Serre est né le 18 mai 1767 à Valenciennes, il est mort le 22 avril 1841 à Paris. Après la Révolution française de 1789, il s’exile plusieurs années aux États-Unis comme réfugié politique. De retour en France, il demande de reprendre sa carrière militaire dans l’armée de Napoléon.

En 1815, il met au point un système d’écriture en relief placé sur une grille de 2 x 6 points. On dénomma son procédé “écriture nocturne”, parfois appelé “sonographie“. Il met également au point un appareil de codage, une tablette qui comporte des groupes de 6 rainures horizontales. Pour écrire son message, l’utilisateur perce le papier avec un poinçon. Un curseur mobile permet de guider le poinçon. L’écriture est donc inversée sur le papier, il faut écrire de la droite vers la gauche. En passant ses doigts au recto, le destinataire du message compte le nombre de points de chaque rangée et en déduit la teneur du message.

En 1820, il présente son système à l’institution royale des jeunes aveugles. Mais le directeur de l’époque, du nom de Guillié, va se montrer très réservé. Loin de se décourager, il revient à la charge l’année suivante. Le nouveau directeur, Pignier, estime que seuls les jeunes aveugles peuvent juger des mérites du système. Il rassembla ses jeunes aveugles et laissa Charles Barbier de la Serre l’expérimenter avec du papier embossé. Parmi ces élèves figurait Louis Braille.

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Louis Braille est né le 4 janvier 1809, dans la maison familiale de la petite commune de Coupvray, à l’Est de Paris. Fils du bourrelier du village, Louis manifeste très tôt un vif intérêt au travail manuel. À l’âge de trois ans, alors qu’il faisait des trous dans un morceau de cuir avec une alêne, celle-ci lui échappe et atteint son œil droit. Malgré un bandage, Louis ne peut s’empêcher de gratter sa blessure qui s’infecte. L’infection s’étend à l’œil gauche et provoque la cécité. Désormais aveugle, il obtient une bourse pour son admission à l’Institution royale des jeunes aveugles fondée par Valentin Haüy.

Brillant, il se distingue rapidement et à 15 ans il obtient déjà des responsabilités dans l’enseignement. Malheureusement, les dortoirs et les salles de classe du pensionnat ne sont ni aérées ni propres : Louis Braille y attrape la tuberculose.

1821. Louis Braille assiste à une représentation faite par Charles Barbier qui présente son système de sonographie. Immédiatement, le jeune Louis propose des améliorations, mais Barbier n’accepte pas que l’on touche à son invention. Mais cela n’a pas empêché Louis de poursuivre et d’améliorer la mise au point de son propre système. Et en 1827, Braille a18 ans, son système reçoit pour la première fois la sanction de l’expérience par la transcription de la Grammaire des grammaires.

En 1829, Louis Braille fait paraître un ouvrage en relief intitulé « Procédé pour écrire les paroles, la musique et le plain-chant au moyen de points, à l’usage des aveugles et disposés pour eux ». Malgré quelques erreurs de jeunesse, ce système est déjà supérieur à celui de Barbier qui a toujours refusé de se déjuger, mais il reconnaîtra la valeur de la méthode de Braille.

Encouragé par ce succès, Braille va encore développer son écriture telle que la notation musicale. Il fut aussi organiste de talent et apprit à jouer à l’Institut dans la classe de Jean-Nicolas Marrigues (1757-1834). Il faudra pourtant 25 ans pour que soit officiellement adopté en France ce système d’écriture.

En 1844, Braille abandonne définitivement l’enseignement, sujet à de violentes quintes de toux. Il va pourtant donner encore plus d’ampleur à son travail en inventant une machine à écrire le braille, en 1847.

Désormais alité, et de plus en plus faible, il meurt le 6 janvier 1852 de la tuberculose. Inhumé le 10 janvier à Coupvray, sa dépouille sera transférée un siècle plus tard au Panthéon à Paris, mais ses mains resteront dans sa tombe de Coupvray, son village d’enfance.