DU BOUILLON A LA SOUPE

ORIGINES DES PRODUITS

Le bouillon a été la base de l’alimentation pendant des siècles. La mère de famille mettait une belle marmite d’eau sur le feu de l’âtre, y ajoutait quelques aromates et y faisait cuire un pied de cochon ou un os à moelle pendant des heures. Pour donner un peu plus de goût, elle « recyclait » les restes des repas, légumes et autres. Le bouillon était rendu plus consistant avec le pain, beaucoup de pain.

Et les siècles passent.

 CARL HEINRICH KNORR

Cette histoire débute en 1838, Carl Heinrich Knorr ouvre une usine à Heilbronn, Allemagne, dont l’activité consiste à fournir de la chicorée aux fabricants de café. Il commence alors à faire des expériences sur la déshydratation des légumes et des assaisonnements afin de préserver leur saveur. Les premières soupes Knorr furent commercialisées en Europe, en 1873.

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JULIUS MAGGI

Né en Suisse, le 9 octobre 1846, Julius Maggi était un homme engagé et passionné. En 1882, il rencontre Fridolin Schuler, un médecin aussi avant-gardiste que lui. Ce fut une rencontre qui allait changer l’avenir de son entreprise, mais aussi la façon de cuisiner pour des millions de personnes.

Julius Maggi va créer un nouveau type de farine à partir de légumineuses. Après deux années de recherche, il commercialise des farines de pois et de haricots. En 1885, il lance les soupes instantanées. Pour fidéliser les consommateurs, il imagine l’importance d’une identité de marque. Les produits Maggi ont été rapidement identifiables grâce à leurs couleurs rouge foncé, jaune or et noir. Il a reconnu l’opportunité publicitaire dans les transports en commun. Il a été le premier à utiliser des pancartes en émail, accrochées à l’extérieur des magasins. Les fourgons Maggi offraient des échantillons de soupes chaudes à tous les coins de rues et exploitaient l’un des premiers programmes de fidélité, permettant aux clients de gagner toutes sortes de lots, de la machine à café à l’armoire japonaise laquée.

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JUSTUS VON LIEBIG

L’origine de la marque Liebig remonte à 1847, quand le chimiste allemand Justus von Liebig invente un procédé d’extrait de viande alimentaire, procédé qu’il dépose. Associé à l’ingénieur belge George Christian Giebert, ils exploitent les cheptels bovins d’Uruguay et d’Argentine. Justus von Liebig fonde le 4 décembre 1865 la Liebig’s Extract of Meat Compagnie (LEMCO). En 1875, l’usine de Fray Bentos (Uruguay) produit 500 tonnes d’extrait de viande. La direction générale et le centre de distribution se trouvent dans le port d’Anvers.

En 1899, Liebig contribue au lancement du produit OXO, vendu sous la forme de bouillon cube à partir de 1911. L’équivalent à l’OXO, le viandox, est lancé en France au début des années 1920, il se présentait sous forme soluble ou liquide.

 

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HENRI NESTLÉ

Né le 10 août 1814, Henri Nestlé effectue son apprentissage de pharmacien dans une officine de Francfort-sur-le-Main (Allemagne). Suite à des problèmes d’ordre politique, il s’exile en Suisse en 1843, et s’installe à Vevey. Il achète un moulin et la distillerie attenante et y aménage une petite usine chimique où il fabrique du vinaigre, de la farine d’os, de la liqueur et de l’huile. Son entreprise prospère grâce à la production de gaz combustible liquéfié, de 1858 à 1863, il vend ce gaz à la commune de Vevey pour alimenter douze réverbères. Suite à des difficultés financières, notamment dues au fait que le gaz de houille avait remplacé le gaz liquéfié pour  l’ éclairage  public,  Henri  Nestlé  se  lance  dans  la production industrielle d’un aliment pour nourrissons à base de lait, de sucre et de farine de blé. Il invente en 1866 la Farine Lactée Henri Nestlé qui est commercialisée dès 1867. Il est récompensé par une médaille d’or à l’Exposition universelle de Paris, en 1872. La farine Nestlé conquiert alors l’Europe et les États-Unis.

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Ce petit biscuit, de marque française, que l’on peut manger tous les jours et à toutes heures est effectivement le symbole du temps. En effet, les 4 coins représentent les quatre saisons, les 52 dents représentent les semaines de l’année, il mesure 7 cm comme les 7 jours de la semaine et les 24 points, les heures de la journée.

« Qui me croque, craque. Qui m’a croqué, recroquera ». Ce slogan est inventé par le fils des fondateurs, Louis, en 1902.

En 1846, le père, Jean-Romain Lefèvre (1819-1883) s’installe à Nantes. Il y reprend une pâtisserie, 5 rue Boileau, où il vend ses propres biscuits. L’entreprise va prendre son nom complet, en 1850, après le mariage avec Pauline-Isabelle Utile.

Jean-Romain Lefèvre et Pauline-Isabelle Utile.

En 1882, le fils Louis rachète la société de ses parents et décide d’industrialiser la production. Il s’installe sur les quais, au bord de la Loire.

En 1886, il crée le célèbre Petit Beurre et fonde, l’année suivante la société LU avec son beau-frère Ernest Lefèvre. Pendant la première guerre mondiale, la biscuiterie LU est réquisitionnée pour produire du pain pour l’armée. Pendant la Seconde guerre mondiale, l’usine se consacre à la fabrication de biscuits protéinés, distribués dans les écoles et de pain de guerre destinés aux prisonniers.

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Hippolyte Mège-Mouriès est né le 24 octobre 1817 à Draguignan. À 16 ans, il entre en apprentissage chez le pharmacien Blanc, au numéro 7 de la Place aux Herbes. Il poursuivra ses études à Aix et à Paris, avant d’être reçu à l’unanimité membre de la Société d’émulation pour les sciences pharmaceutiques. Le 2 septembre 1848, il, dépose un brevet concernant un procédé d’extraction et de raffinage du sucre contenu dans la canne, la betterave et autres plantes. En 1852, il fait une découverte importante sur le rôle du phosphate de chaux dans l’alimentation humaine.

Hippolyte Mège-Mouriès

Le terme de diététique n’était pas encore inventé, mais Mège-Mouriès venait d’en jeter les premières bases. Après des travaux sur la panification où il obtenait un pain blanc irréprochable, c’est en 1858 que notre inventeur reçoit la Médaille d’Or de la Société d’Agriculture. Trois ans plus tard, l’Empereur Napoléon III lui remet lui-même la Croix de chevalier de la Légion d’Honneur.

Du pain au beurre, il n’y avait qu’un pas. Il va répondre, par voie de concours en 1869, au problème posé par Napoléon III : « Découvrir un produit propre à remplacer le beurre ordinaire pour la marine et les classes peu aisées ». Hippolyte va relever le défi dans la ferme expérimentale de Vincennes et le 15 juillet 1869, il dépose un brevet sur un produit qu’il baptise l’oléo-margarine (du grec « margaron » (perle) et ine du fait de sa couleur nacrée). Le développement de cette découverte sera interrompu par la guerre de 1870. La commercialisation n’interviendra qu’à partir de 1872.

A partir de 1880, le nombre de margariniers explose. La première margarine de grande diffusion, la Société Astra, est produite en Normandie en 1910. Le succès remarquable du produit n’empêchera par l’inventeur de terminer sa vie dans la pauvreté et l’oubli, à tel point qu’aucun journal ne mentionnera son décès, en 1880.

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Léon Amant Désiré Bel est né le 28 juillet 1878 à Orgelet dans le Jura, il décède le 19 juillet 1957 à Paris. Industriel et homme d’affaires français, il est le fondateur de « La vache qui rit ». Son père, Jules Bel, installé à Orgelet en 1865 comme affineur de meules de conté, cède l’entreprise à ses fils Léon et Henri. Ils quittent Orgelet en 1898 pour s’installer à Lons-le-Saunier. Henri se retire de l’entreprise en 1910.

En 1921, Léon Bel lance le fromage fondu à base de crème de gruyère et crée la célèbre « vache qui rit ».

Incorporé durant la Première guerre mondiale, à 36 ans, il est affecté au train des équipages, chargé du transport pour l’armée de terre et particulièrement au ravitaillement en viande fraîche. Cette unité a pour emblème un bœuf hilare, dessiné par Benjamin Rabier. Après la guerre, Léon s’en souviendra pour en faire l’emblème de son produit.

Pour parodier les Walkyries de Wagner, le dessinateur l’avait baptisé « La wachkyrie » et Léon Bel a l’idée de réutiliser l’image pour en faire l’emblème de son produit. Il contact Rabier qui reprend son dessin original et l’affuble de boucles d’oreilles, sur les conseils de sa femme, histoire de féminiser l’animal. Léon Bel en achète les droits pour 1 000 francs.

En 1926, il fait construire une vaste usine à Lons-le-Saunier et la production va rapidement atteindre les 20 tonnes par jour. En 1931, il crée les marques Bonbel et Babybel. Dans les années 60, ce seront les Apéricubes. La Vache qui rit connaît un immense succès et s’est étendu à travers le monde. Léon Bel a beaucoup utilisé la publicité en apposant l’image de sa marque sur des objets pour enfants, buvards, protège-cahiers, portemines … La mascotte de la vache qui rit a fait partie de la caravane du Tour de France.

Caravane du Tour de France