LA PREMIERE GUERRE MONDIALE

Le 18 juin 1914, l’archiduc François-Ferdinand, prince héritier d’Autriche et la duchesse de Hohenberg, son épouse, font leur entrée à Sarajevo, en Bosnie. Ils ont pris place dans une voiture automobile découverte lorsque, une première fois, une grenade est lancée sur le véhicule. Une heure plus tard, nouvel attentat perpétré par un étudiant serbe. Cette fois, l’assassin a réussi ; l’archiduc et son épouse sont mortellement atteints. Ce drame va servir de prétexte à l’empire austro-hongrois d’intervenir en Serbie et de réaliser ainsi son vieux rêve de domination dans les Balkans. L’opposition de la Russie et le mécanisme des alliances va embrasser l’Europe pendant cinq ans.

En France ainsi qu’en Allemagne, les manifestations belliqueuses se multiplient depuis les crises marocaines de 1911 et les conséquences de la récente crise des Balkans. Un nouvel état d’esprit règne dans les États-majors français. Outre l’esprit de revanche suite à la guerre de 1870/71, le grand État-major se sent sûr de lui avec sa nouvelle doctrine de l’offensive à outrance et son canon de 75, arme remarquable. Une guerre avec l’Allemagne ne durerait pas trois mois.

Le 28 juillet 1914, l’Autriche déclare la guerre à la Serbie ; le 30 juillet la Russie mobilise. Le 3 août l’Allemagne déclare la guerre à la France. Deux jours plus tard, l’Angleterre, alliée de la France, déclare la guerre à l’Allemagne. Jour après jour, les déclarations de guerre se succèdent, venant assombrir le ciel de l’été. Dans toute l’Europe, les hommes se préparent au combat ; les États-majors mettent la dernière main à leur plan.

Les hommes partent pour une guerre « fraîche et joyeuse », la fleur au fusil. Avant 1914, nos généraux avaient préparé une guerre de type napoléonien, faite d’assauts héroïques, de charges à la baïonnette ou de cavalerie, sabre au clair. Ces rêves de gloire vont rapidement s’enliser dans la sordide réalité des tranchées avec son cortège d’horreur et de désespoir. Une guerre qui coûtera à l’Europe plus de 8 500 000 morts et 20 500 000 blessés au combat. Il  faut  ajouter  à  cette  hécatombe  environ  13 000 000 de civils, victimes des combats, des bombardements, de la famine, des déportations et de la grippe espagnole de 1917/18.

LA GUERRE DE MOUVEMENT.

Mettant à exécution le plan Schlieffen, l’État-major allemand ordonne l’entrée de ses troupes en Belgique. Comme toujours, les masses de cavaliers précèdent le mouvement et ne vont pas tarder à se heurter aux escadrons français. Après avoir occupé presque toute la Belgique, le gros des forces allemandes marche sur Paris par le Nord de la France. Mais, grâce à la victoire de Joffre sur la Marne en septembre 1914, la capitale est sauvée. Les Allemands reportent alors leur effort sur le secteur Nord du front et déclenchent la « course à la mer » afin de s’emparer des ports français de la Manche et de la mer du Nord. Mais, là encore, l’offensive allemande est stoppée par les Alliés (batailles d’Ypres et de l’Yser, oct/nov. 1914). La guerre s’enlise alors pour plus de trois ans sur le front occidental, sur une ligne allant de Nieuport, sur la côte belge, Ypres, Arras, Soissons, Reims et Verdun. A la guerre de mouvement succède la guerre des tranchées, terriblement éprouvante pour les combattants des deux camps. C’est ce qui va devenir :

LA GUERRE DE POSITIONS.

Sur le front oriental, la guerre conserve son caractère de mouvement. Le « rouleau compresseur » russe est arrêté par Hindenburg et Ludendorff à la bataille de Tannenberg en août 1914 et des lacs Masures en septembre. En 1915, les Austro-Allemands occupent la Pologne et la Lituanie (juill/sept), l’armée russe subit de très lourdes pertes. Tandis que la tentative alliée aux Dardanelles aboutit à un échec au printemps 1915, la Bulgarie entre en guerre aux côtés des Empires centraux, la Serbie, attaquée de toutes parts, s’effondre en octobre. Les Alliés réussissent néanmoins à maintenir la tête de pont de Salonique. L’entrée en guerre de l’Italie en mai 1915, ouvre un nouveau front sur l’Isonzo.

VERDUN.

L’année 1916, malgré les trois offensives russes, voit la dislocation des armées du Tsar. La Roumanie, qui s’est rangée en août du côté des Alliés, est submergée en quelques mois. Mais ces victoires apparaissent secondaires au haut commandement allemand. En effet, le temps joue en faveur des Alliés car ceux-ci disposent des ressources du monde entier, alors que les Empires centraux commencent à souffrir du manque de matières premières et de ravitaillement alimentaire. Pour en finir, le haut commandement allemand décide de « saigner » l’armée française. Le 21 février 1916, les Allemands déclenchent une offensive sur Verdun en procédant par attaques successives et limitées, avec un appui considérable d’artillerie, de manière à infliger aux Français de lourdes pertes. Cette bataille de Verdun (fév/déc. 1916) marque la véritable apparition de la guerre moderne  de  matériel  qui  vise  à  la  destruction complète de l’adversaire. 700 000 soldats des deux camps sont tombés dans cette bataille.

REPRISE DE LA GUERRE DE MOUVEMENT.

L’entrée en guerre des États-Unis en 1917, va compenser la défection de la Russie après la révolution russe et la chute du Tsar. Libérés de la guerre à l’Est, les Allemands vont tenter d’emporter la décision sur le front occidentale avec des forces considérables. Le 21 mars 1918, ils lancent leur grande offensive, qui, en juillet, les ramènent aux abords de Compiègne et sur la Marne. Paris, bombardé par l’artillerie lourde, est à nouveau menacé. Mais les Alliés, qui ont unifié leur commandement sous la direction de Foch, bénéficient d’une énorme supériorité numérique. En face de 181 divisions allemandes se trouvent désormais 211 divisions alliées, dont 104 françaises. La seconde bataille de la Marne, engagée le 18 juillet, va amener en quatre mois, par une série de coups de boutoir, la reconquête du Nord de la France et l’effondrement de l’armée allemande. Les Alliés sont passés à l’offensive sur tous les autres fronts. Les Arabes se révoltent contre les Turcs et reprennent Bagdad et Jérusalem. En Macédoine, l’armée de Salonique, sous Franchet d’Espérey, rompt le front bulgare, libère la Serbie et la Roumanie, ce qui provoque la désagrégation de l’Autriche-Hongrie qui signe l’Armistice le 4 novembre. Guillaume II se résigne à abdiquer le 9 novembre et l’Armistice est signé le 11 novembre 1918, dans le wagon de Foch stationné à Rethondes.

Lundi 11 novembre 1918, 11 heures : le cessez-le-feu provoque un immense soulagement dans le monde et malgré une liesse populaire empreinte d’émotion, le bilan de la victoire va être très lourd.

BILAN DU CONFLIT.

La Première guerre mondiale va entraîner la chute des Romanov, des Hohenzollern et des Habsbourg ainsi que des Ottomans en 1922. Elle va modifier la carte de l’Europe et fait apparaître des nations nouvelles comme la Tchécoslovaquie et la Yougoslavie. Les conséquences de la guerre se révèlent aussi catastrophiques pour les vainqueurs que pour les vaincus. Le conflit a fait des millions de morts et de blessés, les pertes économiques sont considérables et les dépenses de guerre mettent tous les pays dans de grandes difficultés financières. Les vainqueurs de 1918 se révèlent incapables d’organiser la paix : en humiliant l’Allemagne, en ne respectant pas les promesses faites à l’Italie, en ne dotant la Société des Nations d’aucun pouvoir pour faire respecter les décisions, ils déposent en Europe, les germes d’une guerre encore plus terrible que celle qui vient de s’achever.

Cette tragédie inaugure le déclin de l’Europe, alors que les États-Unis prennent rang de première puissance industrielle, commerciale et financière du monde, et que la Russie commence sa régénération par le communisme.