En principe, dans le noir tu n’y vois rien. Parce que le noir…c’est noir ! Mais …
Si tu ouvres très grand tes yeux, tu devines des ombres et si tu ouvres en grand tes oreilles, tu crois deviner les bruits qui t’entourent. Plus question de savoir si c’est un monstre ou un voleur ; ton cœur bat très fort, tes jambes sont molles comme du coton, ta tête est enfoncée sous les draps et tu as envie de pleurer et d’appeler à l’aide.
Mais il faut que tu saches que le noir c’est comme une bête ; un animal que tu peux apprivoiser. Deviens un dompteur de noir !
Quand j’étais petit, comme je n’avais pas de frère ni de sœur, j’étais toujours seul dans ma chambre au moment du coucher. Volets clos, porte fermée, lumière éteinte…J’étais plongé dans l’obscurité ; seul un mince filet de lumière filtrait entre les volets en provenance du lampadaire de la rue. A cette époque, la télévision n’avait pas encore fait son apparition, donc, aucun bruit d’ambiance dans la maison, si ce n’était que les vieux meubles qui craquaient et le vent qui sifflait entre les volets mal ajustés.
- Hou ! Houuu ! Swiiiifff ! disait le vent.
- Grrr ! Crakkk ! Lui répondaient les vieux meubles.
- Clac ! Clac ! Disait le volet pour se mêler à la conversation.
Alors toi, dans ta tête d’enfant, tu imagines des monstres aux vilains visages, des voleurs d’enfants cruels…Tu as peur…Peur d’être dans le noir. Tu fermes les yeux pour ne plus voir, tu colles tes petites mains sur tes oreilles pour ne rien entendre, tu cherches le sommeil pour échapper à ta peur. Rien n’y fait. Le sommeil tarde à venir. Alors tu décides de combattre. Comme tu es assez malin, tu vas deviner, comme dans un jeu, l’origine des bruits qui t’entourent. Bientôt tu reconnaîtras le bruit du vent, le craquement des vieux meubles, le bruit des volets qui s’entrechoquent sous l’effet du vent…
Maintenant tu as moins peur puisque tu n’ignores rien de l’origine de ces bruits. Tu sorts ta tête hors des draps, les yeux ouverts, tes jambes ne sont plus en coton. Tu n’as plus envie d’appeler au secours. Tu viens de dompter le noir.
Tu peux être très fier de toi, car à chaque fois que tu domines une crainte, une douleur, tu fais un pas vers l’âge « des grands ». D’ailleurs, les « grands » quand ils parlent des enfants ils disent souvent à ceux qui sont là :
- Non, non ! Notre petite fille (ou notre petit garçon) n’a plus peur dans le noir ; elle est grande maintenant.
Petite chose malgré tout ; il faut rester enfant le plus longtemps possible, cela fait très plaisir aux parents qui adorent les câlins que font les enfants sages aux papas et mamans….même aux papys et aux mamies qui eux veulent des câlins énooormes !