DES VÉTÉRINAIRES DANS L’ARMÉE ?

HISTOIRE DES VÉTÉRINAIRES AU SEIN DES ARMÉES.

Ci-contre, Lettre du 13 septembre 1769 du duc de Choiseul, secrétaire d’Etat à la guerre, à l’Intendant d’Auvergne. (Archives départementales du Puy-de-Dôme). Cliquez pour lire.

La création des vétérinaires militaires remonte au 13 septembre 1769, lorsque le duc de Choiseul, alors secrétaire d’État à la guerre, décide de détacher, pour que chaque régiment de cavalerie, hussards, dragons et troupes légères, un sujet à l’École Royale vétérinaire d’Alfort, qui est établie près de Charenton, pour y être instruits dans l’art vétérinaire. Le corps des vétérinaires était né.

« La médecine de l’homme est utile à celle du cheval et réciproquement »

Cette phrase est signée Claude Bourgelat (1712-1779), écuyer du roi Louis XV, auteur de L’art vétérinaire, il est le fondateur de cette discipline médicale. Directeur de l’École vétérinaire de Lyon en 1761, il crée également, en 1766, l’École d’Alfort.

Avant cette création, les soins aux chevaux dans une unité étaient assurés par le maréchal-ferrant le plus habile. Il portait le nom de « maréchal-expert » et avait le grade de maréchal des logis (sergent dans l’infanterie). A la sortie des écoles vétérinaires, les élèves avaient obligation  de servir l’armée durant huit années. Il faudra attendre 1852 et les progrès de la science du XIXème siècle pour une évolution statutaire du corps des vétérinaires.

Les effectifs équins et les services rendus lors de la conquête de l’Algérie, et avec l’appui du Maréchal de Saint-Amand, vont permettre une assimilation à la hiérarchie militaire. Les compétences vont s’étendre également : Chevaux, mulets, mais aussi bétail pour l’alimentation de l’armée.

Comme pour les médecins qui prêtent le serment d’Hippocrate, les vétérinaires prêtent le serment de Bourgelat.

Après la période révolutionnaire et le vent des réformes qui mettent en péril les Écoles vétérinaires. C’est le temps de la misère et des restrictions. Les appellations aussi prennent l’air du temps. Ainsi, un règlement de l’An II modifiera le titre de maître-maréchal en artiste-vétérinaire. Jugé peu militaire, un décret impérial du 15 janvier 1813 supprimera artiste vétérinaire au profit de maréchal-vétérinaire.

Situation au début de l’Empire.

Les effectifs de l’armée vont considérablement augmenter, et particulièrement la cavalerie. En 1804, la cavalerie compte 78 régiments. De nouveaux régiments sont créés de 1808 à 1813. Un régiment de cavalerie compte environ 1 000 chevaux, charge difficile pour un seul vétérinaire. Pour les régiments d’artillerie, aucun vétérinaire, pourtant les pièces sont tirées par des chevaux. En temps de guerre, une unité d’artillerie compte environ 600 hommes et 1 000 chevaux. En 1801, à l’état-major général du train d’artillerie il y a un artiste vétérinaire en chef, mais toutes les unités n’ont pas doté.

La réforme de l’enseignement par Napoléon 1er.

Depuis le début de l’Empire, l’École d’Alfort, non seulement n’a pas évolué, mais est totalement désorganisée. C’est dans la pauvreté et la misère que quelques praticiens ont été formés pour l’agriculture et l’armée.

Le 15 janvier 1813 paraît un décret impérial qui va modifier l’organisation de l’enseignement dans les écoles vétérinaires. Grâce à ces nouvelles dispositions, on peut espérer voir rapidement évoluer l’art vétérinaire comme pour la médecine et la chirurgie.

Traction hippomobile et cavalerie à cheval resteront ainsi jusqu’à la Première guerre mondiale. Il est évident qu’il faudra fournir des effectifs vétérinaires en plus grand nombre. De plus, L’époque coloniale nécessitera une formation particulière de part les maladies spécifiques aux pays chauds d’Asie et d’Afrique.

Les vétérinaires français ont un passé très riche. Moins de dix ans après la création de l’École vétérinaire d’Alfort, l’École a été sollicitée pour fournir pour fournir des vétérinaires pour Saint-Domingue et la Guadeloupe, où sévissait depuis 1772 une épizootie catastrophique. Suite à cela, une organisation particulière est mise en place, en 1781, pour le service aux colonies.

Le premier vétérinaire envoyé aux colonies fut Beauvais en 1771, il exerça à l’île Bourbon et l’île de France. Puis ce fut Huzard fils au Sénégal en 1819 avec pour mission d’effectuer des recherches sur des races de chevaux et des bêtes de somme qui pourraient être introduites en France. Il fera de même aux Antilles-Guyane.

L’idée de mettre en place un vétérinaire par colonie est abandonnée en 1832. Néanmoins, des vétérinaires vont accompagner les troupes coloniales lors de la conquête de l’Algérie et des expéditions en Afrique noire.

Les vétérinaires coloniaux ne vont pas seulement accompagner la troupe, ils vont rechercher les causes qui déciment parfois les trois quarts des cheptels bovins (peste bovine), et aux méthodes d’élevages, d’où la création de laboratoires de recherches. C’est à eux que revient le mérite d’avoir étudié et publié les premiers documents sur les espèces, les maladies, les études précises sur les maladies parasitaires et l’élevage pratiqué. On doit à cette époque l’organisation et le contrôle des mouvements commerciaux et de l’exportation du bétail. Egalement, l’inspection des abattoirs et des marchés.

On va rapidement se rendre compte  de l’importance de l’action des vétérinaires d’outre-mer. Au Tchad, les deux tiers de la population tirent leurs ressources de l’élevage. Le cheptel a subi une augmentation de 450 % dans les années 1930 grâce aux recherches et à l’action efficace des vétérinaires. Ceci a transformé le mode d’existence de la population par l’apport de viande et de lait, en effet, le peuplement humain s’accroît là où paissent les troupeaux, alors qu’il décroît dans les districts dépourvu de bétail.

En 1924, création d’une École vétérinaire à Bamako pour la formation des vétérinaires africains pour l’A.O.F.

Alphonse  Barrier  (1855-1940) fut le premier  à accéder au grade de général (loi du 13 juin 1913).

Les vétérinaires militaires de nos jours.

Les vétérinaires militaires assurent les soins des animaux militaires, soit 2 800 chiens, 1 400 chevaux, quelques faucons et pigeons. Ils évaluent leur aptitude à l’emploi, réalisent des opérations de prophylaxie médicale et la mise en condition avant départ en opérations extérieures et assurent les soins en médecine et chirurgie.

Les vétérinaires des armées sont également chargés du contrôle et de l’hygiène des aliments (1 300 organismes de restauration collective). Ils contribuent à la sélection et au suivi des fournisseurs de denrées alimentaires des armées. Aussi, à la prévention des toxi-infections alimentaires collectives, particulièrement importante pour la disponibilité opérationnelle de nos soldats. Ils assurent le contrôle sanitaire des eaux destinées à la consommation humaine et contrôle également la gestion des eaux chaudes sanitaires (maîtrise des risques de légionellose).

Ils sont aussi chargés de contrôler les conditions d’hébergement et le respect de la réglementation en matière de protection et de bien-être des animaux.

Chenil militaire

En 2023, nos armées comptaient 74 vétérinaires dont 27 femmes et 60 vétérinaires militaires de réserve.

ÉLÈVES DE L’ÉCOLE D’ALFORT LE 14 JUILLET SUR LES CHAMPS-ÉLYSÉES