LA GIRAFE AU COU TORDU

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Elise et sa sœur Berthe

Elle était bien malheureuse Elise, la girafe au cou tordu. Déjà toute petite, alors qu’elle ne faisait à peine qu’un mètre cinquante de haut, ses frères et sœurs se moquaient d’elle, sauf Berthe l’aînée de la famille qui l’avais prise sous son aile. Son aile ! C’est une façon de parler car les girafes ne volent pas. Quoique ! Une vieille légende africaine raconte qu’un jour que la savane était en feu et que les animaux étaient pris au piège… alors ! Les girafes ont pris les autres habitants de la savane sur leur dos et ils sont passés par-dessus les flammes avec les lions, les zèbres, les hyènes et plein d’autres animaux. Depuis, pour les remercier, aucun animal ne les attaque et les girafes vivent paisiblement et sans crainte dans la savane.

La pauvre Elise avait beaucoup de mal pour se gratter comme les autres girafes en balançant leur long cou de gauche à droite. Jamais elle n’avait droit aux meilleurs bourgeons d’un arbre, ceux qui étaient tout en haut sur la dernière branche tout près du soleil. Pour boire l’eau des mares, elle était obligée de se coucher sur le flanc…Bref ! Sa vie n’était pas simple.

Néanmoins, Elise, la girafe au cou tordu, avait quelques amis ; son grand ami Antoine, le zèbre, ne la quittait pratiquement jamais. Ils étaient tellement amis qu’Antoine avait décidé de devenir kinésithérapeute. Un zèbre kinésithérapeute ; cela ne c’était jamais vu en Afrique. Le bruit courait que la folie d’Antoine n’arriverait jamais à redresser le cou d’Elise ; mais qu’importe, il se mit au travail. Il étudia l’anatomie de ses compagnons de la savane, les muscles, les articulations…étudia également les herbes magiques qui guérissent les plaies et les maladies…Durant deux années entières, il étudia encore et encore. Tous avaient le sourire quand ils parlaient d’Elise la girafe au cou tordu et d’Antoine le zèbre kinésithérapeute.

Un jour, enfin, il se senti prêt pour la grande aventure du redressement du cou de son amie Elise. Antoine avait inventé un stratagème, stratagème dont il n’avait parlé à personne de crainte des moqueries des autres habitants de la savane. Aussi, Elise et son ami Antoine partirent vers la montagne au loin, au pays des singes et des gorilles.

Antoine le zèbre était court sur pattes ; Elise la girafe était, non seulement très haute sur pattes, mais sa tête se trouvait à quatre mètre du sol. La technique consistait à serrer le cou d’Elise entre les pattes d’Antoine qui, en plus de servir de poids, faisait office d’étau. Pour cela, Elise devait se pencher et tendre le cou vers le sol ; Antoine montait alors à califourchon sur le cou tordu, puis Elise se relevait…et le tour était joué. Mais quelle gymnastique !

 

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 La gymnastique d’Antoine et d’Elise

Les premiers essais firent beaucoup rire les singes de la montagne, moqueurs et joueurs, ils s’amusaient beaucoup du couple improbable qu’étaient Elise et Antoine. Qu’importe ! Il faut y arriver et les sarcasmes des uns et des autres n’y changeront rien.

Les semaines passaient…Elise se fatiguait de supporter ce poids sur son cou. Après trois semaines de souffrances et de persévérance, un matin…

C’était juste après le réveil, Elise se relève et se dirige vers un arbre pour y chercher son petit déjeuner. Sans se rendre compte de quoi que ce soi, elle alla, de sa langue pointue et gluante, cueillir les plus beaux bougeons tout au sommet de l’arbre. Antoine observait son amie avec beaucoup de satisfaction.

  • Alors ma petite Elise, comment trouves-tu ton petit déjeuner ?
  • Bonjour Antoine ! C’est fameux, un vrai régal…Mais…je mange les feuilles au sommet de l’arbre…Hourra ! Hourra ! Nous avons réussi.
  • Bravo Elise ! Ton courage à surmonter la douleur et les moqueries des autres, tu as été fantastique. Te voici plus grande que jamais.

En effet, Elise voyait les fourmis encore plus petites qu’avant. Elle se penchait quand un nuage passait de peur de se cogner la tête. Elle était heureuse.

  • Merci mon ami ! Tu m’as sauvé.
  • J’en suis très heureux.

Ensemble ils repartirent vers la savane, laissant les singes moqueurs à leurs jeux. Au fur et à mesure qu’ils avançaient, les animaux de la savane reconnurent Elise et Antoine et la brousse fut envahie de :

  • Oooh !
  • Qu’elle est belle !
  • Ah ! ça alors…
  • Oooh !

Une bonne amitié, sincère et solide, le courage et la persévérance, viendront toujours à bout des difficultés. Même si c’est une girafe et un zèbre, ensemble ils pourront boire à la même mare.

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