COMMENTARIUS RERUM NOVARUM

PETITE HISTOIRE DE LA PRESSE ÉCRITE.

 Rerum1Depuis que la vie est apparue sur notre planète, les êtres vivants ont eu un besoin d’informations sur le monde qui les entourait. L’homme, comme les animaux, a utilisé des sons et des signes avant de développer le langage parlé. Il existe de nos jours, plus de 3000 langues parlées à travers le monde (4000 autres ont disparu) et moins d’une centaine de ces 3000 langues sont écrites.

Ce besoin de communiquer se traduisait par des techniques différentes suivant les continents et les époques ; tam-tam en Afrique, signaux de fumée des Amérindiens, pigeons voyageurs des Arabes dès le X° siècle. Avec l’apparition de l’écriture, l’homme va correspondre à l’aide d’un code de symboles permanents. La première annonce écrite connue date de 3000 ans av. J.C. ; il s’agit d’un papyrus égyptien, distribué, offrant une récompense pour la capture d’un esclave fugitif. Les Romains annonçaient les jeux du cirque en distribuant des plaquettes d’argile, mais ce qui peut être considéré comme étant le premier journal est l’acta diurna (actes de jour). Ils étaient distribués dans les lieux publics et les boutiques des marchands et envoyés partout dans l’Empire. Y était relaté ; les faits divers, mariages, décès, nouvelles militaires etc… Ces publications étaient rédigées par des diurnarii, en fait les premiers journalistes. Caïus Salluste, un protégé de Jules César, était rédacteur en chef du commentarius rerum novarum (chronique des nouveautés) ; un hebdomadaire que recopiaient 300 scribes, à 10 000 exemplaires par édition. Cet héritage des Romains va se répandre dans toute l’Europe, et les écrits à la main vont subsister jusqu’au début du XV° siècle ; les scribes deviennent les avvisi en Italie, les zeytungen en Allemagne…Ces publications étaient principalement des informations commerciales provenant des grands centres d’échange comme Venise, Francfort, Anvers, Lyon. Ces diffusions ont été favorisées par l’amélioration de la fabrication du papier et par la naissance des postes (courrier).

Aux environs de 1440, le dénommé Johannes Gensfleisch, dit Gutenberg, de Mayence, met au point à Strasbourg, un procédé d’imprimerie en caractères mobiles que nous appelons depuis la typographie. Johannes Fust et Peter Schöffer vont publier le Psaumier de Mayence en 1457, ce sera le premier livre daté et incontestablement le plus ancien en Europe. (700 ans plus tôt, les Chinois utilisaient l’encre et l’imprimerie). Douze ans après, la France ne possédait toujours pas de livre imprimé et aucun atelier typographique (Strasbourg n’était pas en France à cette époque). C’est dans le plus célèbre collège de Paris, la Sorbonne, que l’art de la typographie va naître en France. L’initiative en revient à deux docteurs de la Sorbonne, Jean Heynlin, un Allemand, et Guillaume Fichet un Savoyard, bibliothécaire puis recteur de l’université. A la fin de 1470 parut enfin le premier livre imprimé dans notre pays. C’était un petit in-quarto contenant les épîtres d’un grammairien de Pergame nommé Gasparino Barzizio.

Presque immédiatement de minces brochures apparaissent un peu partout en Europe. Ces occasionnels (pas de périodicité) se vendent à la criée dans les villes ou par des colporteurs à la campagne. Les nouvelles ainsi répandues évoquaient les affaires de la Cour, les campagnes militaires etc…Mais, dès le début, c’est la recherche du sensationnel qui prime ; cataclysmes, monstres, miracles diableries, et qui cherche à mettre en valeur le merveilleux ou l’horrible.

Rerum2L’ancêtre des périodiques et des almanachs est le Kalendrier des bergers qui était publié une fois par an de 1491 à 1700. On y trouvait les fêtes à souhaiter, les phases lunaires, des prières, des recettes. Mais le monde évolue rapidement et dès le XVI° siècle les gens sont avides de connaissances et d’informations. A partir de ce moment-là, un peu partout dans le monde, apparaissent les mensuels. En 1622, Nathaniel Butler fonde à Londres, le Weekly News, premier hebdomadaire en Europe. Le 30 mai 1631, en France, Théophraste Renaudot, fait imprimer le premier numéro d’un hebdomadaire de 4 pages, La Gazette. On peut dire qu’il est le véritable fondateur du journalisme ; il invente l’éditorial, la publicité, le numéro spécial, les suppléments. Il date chaque information et en précise la source et l’origine. En 1638, son tirage sera de 1200 exemplaires. Le premier quotidien français paraîtra en 1777, Le Journal de Paris. En 1785, naît en Angleterre une feuille qui deviendra le plus célèbre journal du monde, le Daily Universal Register, rebaptisé le Times en 1788.

Avec l’évolution des techniques et les progrès de la mécanique, la presse va connaître un essor fantastique à partir du début du XIX° siècle. En 1795, (fin XVIII°) le Times utilise une presse entièrement en fonte et en acier, permettant un tirage de 150 exemplaires de 4 pages à l’heure. En 1811, grâce à une presse allemande à cylindre, on monte à 500 exemplaires à l’heure. Cinq ans plus tard on imprime recto-verso 1100 copies à l’heure. En 1860, grâce à l’invention de la presse rotative, on atteint 12 000 puis 18 000 exemplaires à l’heure. Ces progrès techniques combinés à l’amélioration des moyens de transport (chemin de fer) et de communication (le télégraphe) vont faire de la presse écrite une véritable industrie. Le journalisme devient alors un métier. A Paris, le tirage global des quotidiens passe de 36 000 en 1800 à 1 million en 1870, et les grands hebdomadaires régionaux naissent à ce moment-là.

Durant la première moitié du siècle, les journaux penchent vers les débats d’idées et la politique, mais en 1863, un certain Moïse Polydore Millaud va transformer le monde du journalisme. Il va créer Le Petit Journal ; il sait à peine lire et écrire, mais il a une idée de génie et va réaliser un journal vraiment populaire ; prix de vente 1 sou. Ce sou symbolique reproduit en grand, deviendra l’enseigne du journal où travailleront jusqu’à 250 employés. Le tirage du début à 83 000, passera à 260 000 dès la deuxième année pour atteindre le million d’exemplaires en 1880. Délibérément orienté vers le sensationnel et les faits divers, le sang est à la une. Aux U.S.A. les grands journaux naissent et prennent de l’influence. Le New York Herald publie même une édition européenne à Paris dès 1887. Au XX° siècle, de nouveaux progrès technologiques vont une fois de plus bouleverser la presse écrite. En 1910, lancement de L’Excelsior, premier quotidien illustré de photographies, puis, en 1928, Lucien Vogel lance Vu, premier hebdomadaire de grande information systématiquement illustré de photographies. Désormais les reporters qui parcourent le monde travaillent à deux ; un journaliste et un photographe. Le XX° siècle verra l’apparition de nouveaux médias, la radio et la télévision. La presse écrite va donc développer un style différent ; le journalisme d’investigation et d’enquête.

Il faut noter que le plus vieux journal du monde était chinois. Né en 713, le Tsching Pao disparaîtra en 1934.

LIBERTÉ DE LA PRESSE SOUS LA RÉVOLUTION.

Il y avait très peu de journaux à la veille de la Révolution, soumis à une censure préalable avant leur parution, les journaux ne pouvaient être imprimés sans autorisation sous l’Ancien Régime. Cette autorisation royale fut supprimée par la Constituante qui décréta la liberté de la presse. Dès lors, et malgré les taxes de 8 deniers par page imprimée pour les quotidiens et de 12 deniers pour les autres périodiques, le nombre de journaux s’accrut de façon phénoménale. 250 titres sont créés entre le 5 mai 1789 et la fin de l’année ; 350 nouveaux journaux pour l’année 1790. Tous le monde s’improvisa journaliste et les plus célèbres furent sans doute Mirabeau, rédacteur des Courriers de Provence , Suleau des Actes des Apôtres, Linguet des Anales politiques, Marat et son Ami du Peuple, Gorsas et son Courrier des départements, Brissot du Patriote français, Desmoulins du Vieux Cordelier. Même Robespierre fut collaborateur du Défenseur de la Constitution ; Condorcet rédacteur à la Chronique du mois, et Hébert créera le Père Duchesne. L’Audois Fabre d’Eglantine écrit aux Révolutions de Paris. Tous, sauf Mirabeau, sont décédés de mort violente, en général sur l’échafaud, ce qui montre le côté factice de la liberté de la presse durant la Révolution, pas seulement sous la Terreur, puisque, au lendemain du coup d’Etat du 18 fructidor, une centaine de journalistes furent arrêtés et déportés à l’île d’Oléron. Pourtant, la liberté d’expression était inscrite dans la Déclaration des droits de l’homme. Certaines tendances comme les Montagnards, pour ne pas enfreindre ouvertement la loi, vont organiser, par une fureur populaire bien orchestrée, le saccage des journaux qui leur étaient hostiles. Après la mort de Robespierre, la liberté de la presse redevint effective et le nombre de journaux s’accrut considérablement jusqu’au 18 fructidor. On estime qu’il parut entre 1789 et 1800 plus de 1350 journaux

 

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