ALBERT ROCHE, L’HYPER MÉDAILLÉ

Albert Séverin Roche est né le 5 mars 1895 à Réauville, dans la Drôme. Il est décédé accidentellement le 14 avril 1939 à Avignon. Fils d’un cultivateur, il était le troisième enfant d’une famille nombreuse. Au cours de la Première guerre mondiale, il a été blessé neuf fois et a capturé un total de 1 180 soldats allemands. Il a été surnommé « le premier soldat de France » par la maréchal Ferdinand Foch. Le plus étonnant de cette histoire, il était soldat de 1ère Classe.

1914, il a 19 ans. Au moment de la mobilisation, le conseil de révision le déclare inapte au service, car trop chétif. Albert veut pourtant se battre et devant l’opposition de son père, il se sauve de chez-lui et se présente au camp d’instruction d’Allan d’où il est affecté au 30ème Bataillon de Chasseurs. Pendant l’instruction militaire, ça se passe mal, il est mal noté, il s’énerve et s’enfuit. Rattrapé, il est envoyé en prison pour désertion. Il se défend en ces termes : « Les mauvais soldats, on les expédie là-haut, et moi je veux aller où l’on se bat ».

Le 3 juillet 1915, il est affecté au 27ème  Bataillon de chasseurs alpins engagé dans l’Aisne, ce fameux bataillon est surnommé « diables bleus » par les Allemands.

INSIGNE DU 27ème BATAILLON DE CHASSEURS ALPINS

Peu de temps après son arrivée, il se porte volontaire pour aller détruire un nid de mitrailleuses. Rampant jusqu’à la tranchée ennemie, il arrive jusqu’à la cible et atteint le tuyau de cheminée du poêle où se chauffent les Allemands. Il y laisse tomber quelques grenades. La position est neutralisée. Il y a plusieurs morts et les survivants se rendent, persuadés d’être attaqués par un bataillon. Albert revient à sa base avec les mitrailleuses et huit prisonniers.

Le 15 octobre 1915, il obtient la distinction de soldat de 1ère classe.

Un jour, il se retrouve seul survivant de sa position, une tranchée au Sudel en Alsace. Il positionne alors les fusils des morts et tire alternativement faisant croire à l’ennemi à une nombreuse garnison. Les Allemands abandonnent la position.

Un jour, il est fait prisonnier avec son lieutenant blessé. Isolé dans une casemate pour un interrogatoire, il parvient à maîtriser et tuer son interrogateur dont il a subtilisé le pistolet. Il ramène 42 nouveaux prisonniers et son lieutenant sur le dos.

Au Chemin des Dames, son capitaine est grièvement blessé et gît entre les lignes. Il mettra six heures, en rampant, pour le rejoindre, puis encore quatre heures pour le ramener et le confier à des brancardiers. Épuisé, il s’endort dans un trou de guetteur. Il est réveillé par une patrouille qui le prend pour un déserteur. Abandon de poste sous le feu de l’ennemi, il est mis au cachot pour être fusillé sous les 24 heures. Il est amené au peloton d’exécution lorsqu’une estafette apporte un message de son capitaine, sorti de son coma, le disculpant.

Le chasseur Roche est nommé Chevalier de la Légion d’Honneur le 3 septembre 1918. Il reçoit la Croix de la Légion d’Honneur des mains du général Maud’huy, commandant de l’armée des Vosges.

Au cours de la guerre de 1914/18, il est blessé neuf fois. Et il a fait 1 180 prisonniers à lui tout seul. A la fin du conflit, à 23 ans, il est toujours soldat de 1ère classe.

Le 27 novembre 1918, il est présenté au balcon de l’hôtel de ville de Strasbourg par le généralissime Foch devant une immense foule : « Alsaciens, je vous présente votre libérateur Albert Roche. C’est le premier soldat de France ! » Peu de temps auparavant, Foch avait découvert avec étonnement les états de service d’Albert devant lesquels il s’est écrié : « Il a fait tout cela, et il n’a pas le moindre galon de laine ».

ALBERT ROCHE AVEC LE GÉNÉRALISSIME FOCH

Le 11 novembre 1920, il porte avec sept de ses camarades le cercueil du Soldat inconnu lors de la cérémonie à l’Arc de Triomphe.

Il fait partie de la délégation française conduite à Londres par le général Gouraud, pour assister aux obsèques du Field Marshall Lord French. Il est convié à la table du roi George V avec représentants de l’armée.

De retour chez lui à Valréas, dans le Vaucluse, il y travaille modestement comme cantonnier. Il épouse, en janvier 1921, une fille de Colonzelle, de la Drôme voisine.

Affecté comme pompier à la poudrière de Sorgues, en avril 1939, il est renversé par une voiture à sa descente d’autocar. Transporté à l’hôpital Sainte-Marthe d’Avignon, il décède le 14 avril, à l’âge de 44 ans. D’abord inhumé à Sorgues, le corps d’Albert est transféré le 22 septembre 1967 au cimetière Saint-Véran d’Avignon, où il repose toujours (carré 40, rangée nord, tombe 15).

Décorations :

  • Officier de la Légion d’Honneur,
  • Médaille militaire,
  • Croix de guerre 14/18 avec 4 citations à l’ordre de l’armée et 8 étoiles,
  • Insigne des blessés (neuf blessures),
  • Croix du combattant volontaire 14/18,
  • Croix du combattant,
  • Médaille commémorative de la guerre 14/18,
  • Médaille interalliée de la Victoire.