“LE LORRAIN, OU D’UNE GUERRE A L’AUTRE”

est le titre d’un ouvrage qui est, à ce jour, le plus important pour moi.

Cette saga, romancée, est une œuvre de l’imagination s’appuyant sur des faits historiques réels. Elle met en scène des personnages qui sont souvent un condensé, de femmes ou d’hommes, que j’ai connus. La chronologie des faits historiques et les lieux sont bien entendu réels.

J’ai simplement tenté de faire connaître, au-delà de nos « frontières de l’Est », ce que nos grands-parents, parents, cousins, oncles…ont vécu au cours d’une tranche de l’Histoire de France. Entre 1870 et 1962, soit un peu moins d’un siècle, sur quatre générations, l’Alsace et la Lorraine ont été particulièrement touchées dans leur chaire. Épidémies et guerres se sont succédées, nos monuments aux Morts sont incrustés de milliers de noms. Les occupations guerrières, de l’époque napoléonienne à l’époque plus récente du nazisme, ont généré exactions, déportations, ruines, pillages et meurtres.

Ce long ruban de terre, hérité par Lothaire 1ier de son père Louis le Débonnaire (en 843), ruban de terre qui s’étendait de la Frise, la Belgique, jusqu’en Italie, va changer de main au fur et à mesure des alliances, des mariages et des guerres. A la mort de Lothaire 1ier, ses trois fils se partagèrent les terres : Louis II eut l’Italie, Charles reçu la Provence et Lothaire II hérita des territoires du Nord, de la Belgique, de la Rhénanie et des quatre départements actuels de la Lorraine. Depuis, de partages en annexions, ce malheureux pays enclavé entre ce qui allait devenir la France et l’Allemagne, va devenir l’enjeu permanent entre ces deux nations. Aucune région de France n’a été confrontée à autant de retournements de situations que l’Alsace et la Lorraine. Les albums photos de nos familles retracent le siècle dernier avec ses guerres, où nos aïeux se retrouvent parfois avec des uniformes de nationalités différentes au sein d’une même famille ; uniformes qu’ils avaient endossé de gré ou de force.

Espérant que l’Europe apportera définitivement la paix sur notre vieux continent, vœu ardent de tous les habitants de l’Est, où, dans chaque famille subsiste le douloureux souvenir d’un mort ou d’un disparu en Russie, d’un aïeul en uniforme de uhlans où d’un grand-père résistant dan les Vosges.

Jacky HEIM

 

En 1630, Dom Calmet dit de la Lorraine dévastée par la famine, la peste et la guerre : « … la Lorraine est le théâtre de tous les maux dont l’esprit humain se peut former l’idée, et il sembla que la colère de Dieu eût envoyé sur le malheureux pays tous les fléaux de sa vengeance ».
Le père Caussin, confesseur de Louis XIV, a affirmé : « Seuls les grands malheurs de la Lorraine ont dépassé ceux de Jérusalem ».

La Lorraine au XIX° siècle.
1814-1815 Invasion germano-russe
1817-1818 Famine
1823 Epidémie de choléra
1854 Epidémie de choléra
1856 Crise agricole et 1er exode vers l’Algérie
1866 Epidémie de choléra
1870-1871 Guerre franco-prussienne
1872 Traité de Francfort et annexion de l’Alsace et d’une partie de la Lorraine
1871 2ème exode vers l’Algérie

POLITIQUE FRANCAISE (1870 et 1940)
Après la guerre de 1870/71, le député protestataire Boersch, rédacteur en chef du Courrier du Bas-Rhin, au cours d’un entretien avec Thiers, chef du pouvoir exécutif et ultérieurement Président de la République, s’entendit signifier cette réponse sans équivoque :

« Je ne peux et ne dois que considérer l’intérêt de la France ; l’Alsace et la Lorraine seront séparées de la France. Si vous voulez obtenir des avantages particuliers pour votre pays, ce n’est pas à Bordeaux, mais à Bruxelles et à Berlin que vous devez agir ».
Ces propos de Thiers rappellent étrangement le texte de l’interview accordé, le 27 mai 1941, par Pierre Laval, chef du gouvernement, lors d’un déjeuner donné en l’honneur du jubilé journalistique de M. Jean Luchaire :

« Je sais, hélas, que l’Alsace et la Lorraine constituent l’enjeu traditionnel de nos batailles avec l’Allemagne, et je crains que nous n’ayons une fois de plus à subir la loi de l’Histoire. Ces provinces sont comme des enfants mineurs, issus d’un mariage désuni, vivant tantôt avec le père, tantôt avec la mère qui les revendiquent toujours l’un et l’autre par la violence. Ne pourrait-on considérer un jour que ces enfants sont devenus majeurs et qu’ils doivent être non une cause de discorde, mais au contraire un rapprochement entre la France et l’Allemagne ? C’est un problème délicat et grave qui ne pourra être posé et résolu que dans l’entente et dans l’amitié des deux grands pays voisins ».

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