LE MONOPOLY DE BISMARK ET DE THIERS

OU COMMENT LE TERRITOIRE DE BELFORT EST RESTÉ FRANÇAIS APRÈS LA DÉFAITE DE 1871.

        Adolphe Thiers et Otto von Bismarck

Le territoire de Belfort est né de fait, en 1871, avec le Traité de Francfort qui mettait fin à la guerre franco-prussienne de 1870/71 ; puis, suite aux tractations politiques pour l’annexion de l’Alsace et des pays mosellans (une partie de la Lorraine).

Pendant la guerre de 1870, Belfort est assiégée par les troupes prussiennes. La garnison française est de 15 000 hommes, sous les ordres du colonel Denfert-Rochereau. Ils vont tenir tête aux 40 000 Prussiens durant 103 jours. Ce n’est que le 18 février 1871, (l’armistice datait du 28 janvier) sur ordre du gouvernement de Défense nationale présidé par Adolphe Thiers, que le colonel Denfert-Rochereau accepte de quitter la citadelle de Belfort, librement, invaincu et en armes. Il gardera le surnom de « Lion de Belfort ». Par son action, la France va garder une citadelle dont l’importance stratégique était alors considérable. 

denfert-rochereau-timbre

                                                                       

 LE TRAITÉ DE FRANCFORT

Le 10 mai 1871,  Jules Favre et Adolphe Thiers concluent au nom de la France un traité de paix avec l’Allemagne, à Francfort. Pour les Allemands, la cession des deux départements alsaciens est une revendication incontournable. L’Alsace est une ancienne terre du Saint empire germanique conquise par Louis XIV deux siècles plus tôt ; de plus, la langue d’origine alémanique, est considérée germanophone.

Alsace-Lorraine_Dialectes-

Pour la Lorraine, c’est une exigence du Kaiser qui met en avant  que cette zone frontalière est d’origine alémanique et que la langue, le francique, justifie l’annexion pour dommage de guerre. De plus son état-major veut la place forte de Metz.

L’empereur Guillaume 1er, profondément marqué par le souvenir du sacrifice de ses troupes lors de la bataille de Saint Privat – Gravelotte, qu’il nomme « Le tombeau de ma garde », exige l’annexion des champs de bataille en échange de Belfort.

TraiteFrancfort. communes cédées

La France perd 14 470 km² de son territoire, 1 694 communes, 1 597 000 habitants. Elle perd également du fait de l’annexion, 20%  de son potentiel minier et sidérurgique ainsi que la liaison entre le Canal de l’Est et le Canal du Rhône au Rhin.

LES TROIS SIÈGES DE BELFORT.

Au cours de son histoire, très mouvementée, la « trouée de Belfort », ainsi nommée dans les états-majors, est un passage obligé entre le Rhin et la vallée du Rhône, entre les massifs montagneux des Vosges et du Jura, large de 20 km :

  • Le commandant Legrand (1759-1824) résista 113 jours en 1813. Il ne rendra la place qu’après l’abdication de Napoléon 1er.
  • Le général Lecourbe (1759-1815) à la tête de 9 000 hommes, repousse 40 000 coalisés, et les empêchent de pénétrer dans Belfort, jusqu’à l’armistice de Bavilliers et le retour de Louis XVIII.
  • Le colonel Denfert- Rochereau résistera 103 jours aux Prussiens en 1871.

Après le retour dans le giron de la France, le territoire de Belfort devient le 90ème département français en 1922, et le plus petit (609 km²), position qu’il perdra en 2011 avec la création du 101ème département français, Mayotte (374km²).

les trois siegesMonument commémoratif des Trois Sièges.