LA GUERRE LA PLUS COURTE DE L’HISTOIRE

Nous sommes en 1896, cette histoire se passe au Zanzibar, petit état insulaire de l’océan Indien au large des côtes du Tanganyika. L’île fait partie aujourd’hui de la Tanzanie.

Un sultan dirigeait ce pays depuis 1698, année où les insulaires avaient chassé les Portugais qui s’y étaient installés en 1499. Le sultan Majid ben Saïd déclara l’indépendance de l’île en 1858, qui fut reconnue par le Royaume-Uni. La capitale et le siège du gouvernement étaient à Zanzibar, sur l’île principale ainsi que le Palais sur le front de mer.

En 1896, outre le palais appelé Beit al-Hukm, il y avait un harem et le Beit al-Ajaïd (Maison des Merveilles), un lieu de cérémonie considéré comme le premier bâtiment d’Afrique de l’Est à utiliser l’électricité (l’éclairage, et même un ascenseur !). Les trois bâtiments étaient alignés sur le front de mer et reliés par des ponts en bois au-dessus du niveau du sol.

La Maison des Merveilles

25 août 1896.

Le sultan Hamad meurt soudainement. Son neveu, Khalid ibn Bargach est soupçonné de l’avoir assassiné. Ce dernier entre de force dans le palais, sans autorisation britannique et en violation du traité signé avec un sultan précédent.

Khalid ibn Bargach

Khalid va ignorer les avertissements du consul britannique et va rassembler ses forces. À la fin de la journée, il dispose de 2 800 hommes armés dont beaucoup de civils, mais également de 700 askaris (un askari est un soldat de troupe indigène) zanzibarites. De plus il dispose de plusieurs mitrailleuses Maxim et Gatling, un canon de bronze du 17ème siècle et de deux canons de 12 livres qui avaient été offerts par l’empereur allemand Guillaume II.

Les troupes de Khalid prirent également possession d’un sloop en bois, du HSS Glasgow, construit pour le sultan en 1878 en tant que yacht royal.

Zanzibar, la capitale, vue de la mer

Les Anglais rassemblent aussi leurs forces. Les 900 askaris du lieutenant Arthur Raikes, 150 fusiliers-marins débarqués du HMS Philomel et de la canonnière HMS Thrush qui vont protéger les citoyens britanniques réfugiés au consulat. Le HMS Sparrow, une canonnière, entre dans le port et jette l’ancre devant le palais à côté du HMS Thrush.

Le consul Basil Cave télégraphie à Londres, au secrétaire d’État des Affaires étrangères, lui demandant l’autorisation d’ouvrir le feu si les négociations n’aboutissent pas.

26 août 1896.

À 10 heures, le croiseur HMS Racoon arrive à Zanzibar. À 14 heures, arrive le croiseur HMS St George, à son bord se trouve le contre-amiral Harry Rawson et de nouvelles troupes et marins britanniques.

La flotte anglaise est en place, en ligne, face au palais.

Nouvelle tentative de négociations, c’est un échec. Rawson  va faire parvenir un ultimatum à Khalid lui demandant de quitter le palais avant 09 heures le lendemain, ou il ouvrira le feu.

27 août 1896.

À 08 H00, un messager de Khalid demande l’ouverture de pourparlers, mais Cave exige d’abord d’accepter les termes de l’ultimatum. À 08 H 30, un nouveau messager de Khalid déclare que «nous n’avons pas l’intention d’abaisser notre drapeau et nous ne croyons pas que vous aller nous tirer dessus» ; Cave répond que si les termes de l’ultimatum ne sont pas respectés, il ouvrira le feu. À 08 H 55, sans nouvelles du palais, Rawson fait hisser le pavillon « préparez-vous au combat ».

À 09 H 00 exactement, le général Lloyd Mathews ordonne aux navires l’ouverture du feu. À 09 H02, les HMS Racoon, Thrush et Sparrow ouvrent simultanément le feu. L’un des premiers projectiles détruit le canon arabe de 12 livres. Les obus explosifs vont causer de lourdes pertes parmi les 3 000 défenseurs, serviteurs et esclaves, qui se trouvent dans le palais. Khalid va parvenir à s’échapper, laissant ses troupes poursuivre le combat.

Le bombardement va cesser à 09 H 40 alors que le palais et le harem sont en feu et l’artillerie ennemi réduite au silence. Entre temps, un affrontement naval a eu lieu à 09 H05 quand le yacht royal Glasgow ouvre le feu sur le HMS St George avec ses sept canons de 9 livres. La riposte britannique est immédiate et le Glasgow est coulé.

Les combats vont cesser avec la fin du bombardement. Les britanniques prennent la ville et le palais puis, dans l’après-midi, Hamoud ibn Mohammed, un Arabe favorable aux britanniques, est nommé sultan.

Les navires britanniques ont tiré environ 500 obus, 4 100 balles de mitrailleuses et 1 000 balles de fusils durant l’engagement. Environ 500 Zanzibarites furent tués durant le bombardement. La seule perte britannique, un marin du HMS Thrush, blessé.

Pendant les 67 années de protectorat, aucun autre soulèvement n’eut lieu. Cette guerre, ayant duré 38 minutes, est considérée comme la plus courte de l’histoire.

Les chefs militaires britanniques furent récompensés par des promotions et des décorations britanniques et du Zanzibar.

Étoile brillante de Zanzibar