HISTOIRE DE LA CARTOGRAPHIE

Depuis plus de 8 000 ans, la cartographie fait partie de l’histoire de l’humanité. Des peintures rupestres aux anciennes cartes de Babylone, de la Grèce à l’Asie et de l’âge des explorations au XXIIème siècle, nous avons créé des cartes comme outils de navigation et pour représenter les chemins terrestres à travers le monde.

Les premières cartes connues représentent le ciel et non la terre nous dit-on. Je n’ai pas la science de cela et je n’arrive pas à m’imaginer l’homme des cavernes reproduire une carte du ciel entre deux chasses aux mammouths.

LASCAUX. CETTE FRESQUE REPRÉSENTERAIT LA PLÉIADES DU TAUREAU ???

Par contre, l’invention du papier, aux environs de l’an 100 de notre ère, n’a pas modifié la façon de réaliser une carte en Chine, ils faisaient des cartes sur un support de soie. En 1973, trois cartes de soie sont découvertes dans une tombe du Hunan, elles remontaient à 168 ans av. J.C. On réalisait encore ce type de carte sous la dynastie Qing (1644-1911), la soie étant plus résistante  et plus adaptée à la reproduction. De plus, elle pouvait être tissée à n’importe quelle longueur.

UNE IMMENSE CARTE COLORÉE EN SOIE DE LA ROUTE DE LA SOIE VENANT D’UNE COUR ROYALE DE LA DYNASTIE MING (1368-1644). LE ROULEAU MESURE 30 m. DE LONG SUR 59 cm DE LARGE

Dans l’Antiquité, environ 150 ans après J.C., le Grec Ptolémée a confectionné une carte générale du monde connu en se basant sur un ensemble de cartes secondaires. Au IXème siècle, l’Église représentait le monde sur des cartes en T. Jérusalem au centre, l’Europe, l’Asie et l’Afrique entourées de l’océan. Ces représentations étaient directement inspirées de la Bible.

Les premières cartes vont naître au XIIème siècle. En 1154, le géographe arabe Al Idrissi réalise une carte du monde, très précise pour l’époque, la Tabula Rogeriana.

LA TABULA ROGERIANA (1154) CRÉÉE PAR AL IDRISSI EST UNE CARTE DU MONDE ORIENTÉE AU SUD

 Vers la fin du XIIIème siècle, de nouvelles cartes apparaissent : les portulans, très utile aux marins, ces cartes représentaient les ports, les points de repères fixes en mer ou sur la côte, les îles et les abris. L’intérieur des côtes était vierge de détails.

CARTE PORTULAN DE 1578 AVEC ROSE DES VENTS

Au XIVème siècle, une école de cartographie voit le jour à Majorque, elle va acquérir rapidement une grande renommée sous l’influence d’Abraham Cresques, Maître des cartes du roi d’Aragon, puis de l’un de ses fils, Jehuda. Juifs, ils sont obligés de quitter l’Espagne pour le Portugal. Abraham Cresques est l’auteur de l’Atlas catalan qui arrivera dans la collection du roi de France Charles V, en 1380. L’Atlas catalan est considéré comme un chef-d’œuvre et son rôle dans la découverte des routes maritimes est reconnu. Amerigo Vespucci, dont le prénom a donné le nom aux Amériques, possédait une de ces cartes.

L’ensemble est constitué de 6 feuilles de parchemin, collés sur un support en bois de 64 x 300 cm. L’Atlas catalan est aussi le premier atlas où figure la rose des vents.

En 1553, la première carte de France est dressée par Oronce Fine. C’était par la volonté du pouvoir politique, afin de marquer sa présence sur le territoire, de construire des limites, des frontières, pour aménager son territoire et surtout pour la fiscalité et les marchés économiques internes.

Au XVIème siècle, une école de cartographie est créée à Dieppe sous la direction de Pierre Desceliers. L’école va réaliser de nombreuses cartes et mappemondes avec les nouvelles données du Canada, à laquelle les marins dieppois ont grandement participé.

La cartographie va progresser par la mise au point de nouvelles techniques mais aussi par la volonté des pouvoirs politiques pour maîtriser leurs territoires et le soutien que recevait les sociétés géographiques. L’élaboration des techniques de détermination de la longitude et de la latitude sont deux étapes décisives dans l’histoire de la cartographie.

CARTE DU LITTORAL FRANÇAIS RECTIFIÉE PAR L’ACADÉMIE ROYALE EN 1692, EN PARTICULIER PAR DES MESURES DE LONGITUDES BASÉES SUR L’OBSERVATION DES SATELLITES DE JUPITER. BIEN QUE TRÈS ÉLOIGNÉE DE LA PRÉCISION ACTUELLE, ELLE S’EN APPROCHE DE FAÇON REMARQUABLE.

La première carte générale du territoire français fut dressée par la famille Cassini au XVIIIème siècle, à l’échelle d’une ligne pour cent toises, autrement dit, une échelle de 1/86400°. Un centimètre sur la carte correspond à environ 864 mètres sur le terrain. Cette carte est pour l’époque une véritable innovation technique. Elle est la première carte à s’appuyer sur une triangulation géodésique, et l’établissement de cette carte a pris plus de cinquante ans et quatre générations de Cassini vont se succéder pour achever ce travail.

SUR LE TERRAIN ON TROUVE ENCORE DE NOS JOURS DES « SIGNAL DE CASSINI », PYRAMIDE QUI SERVAIT DE REPÈRE POUR LES VISÉES DE TRIANGULATION.

CARTE DE CASSINI DE LA RÉGION DE CARCASSONNE

En 1808, Napoléon 1er décide la réalisation de cartes destinée à remplacer celles de Cassini. La mise en œuvre se fera entre 1817 et 1866 en essayant plusieurs échelles différentes. C’est une carte à l’échelle 1/80000° à l’usage des militaires qui sera retenue, la célèbre carte d’état-major. Elle fut levée et dessinée par le Dépôt de la Guerre, devenu ensuite le Service géographique de l’armée, remplacé plus tard par l’Institut géographique national (IGN).

Les cartes au 1/80000° se présentaient sous forme de carrés de papier collés sur une toile, elle-même pliée et protégée par une couverture cartonnée très dure. Elles répondaient aux contraintes de terrain des militaires.

Au début de la Grande guerre, les difficultés de lecture à cette échelle vont amener l’état-major français à réaliser une carte au 1/50000°, plus commode, avec un quadrillage kilométrique. C’est sur cette base que sera créée la  carte au 1/25000° de l’IGN, sous le nom de carte de randonnée mais que les Français, par habitude, appellent carte d’état-major.