LES PÉRÉGRINATIONS DE MONNA LISA

Suite à une commande d’un certain Francesco del Giocondo qui  désirait immortaliser son épouse Lisa Gherardini. La Joconde, dit aussi « Monna Lisa », « Monna » est l’abréviation du mot italien « Madonna », qui signifie « Madame » un mot auquel nous devrions mettre deux « n ». La Joconde est appelée ainsi, par référence au nom de son mari, et francisé par la suite. L’œuvre est datée entre 1503 et 1506, le malheureux Francesco n’en verra pas la couleur.

Après la mort de son mécène florentin, Léonard de Vinci est invité par le roi de France, François 1er qui lui offre le manoir du Cloux (de nos jours château du Clos-Lucé), en Val de Loire. Il a 64 ans. Dans ses bagages, La Joconde, Sainte Anne et Saint Jean-Baptiste, ses carnets et manuscrits. Ce sera la dernière demeure de Léonard de Vinci, (il y meurt le 2 mai 1519). C’est le premier voyage de Monna Lisa.

Très rapidement envoûté par le divin sourire de « Monna Lisa », le roi de France ne tarde pas à en faire l’acquisition et de l’accrocher dans l’appartement des Bains à Fontainebleau. Dès lors, l’œuvre fait partie des collections royales. C’est ensuite au tour de Louis XIV de se l’approprier, il l’installe à Versailles vers 1690. Lorsque le Musée du Louvre fut créé, en 1793, le tableau n’est initialement pas retenu pour y figurer. Ce n’est qu’en 1797 qu’il fera son entrée au Louvre.

En 1801, la belle Lisa fera un séjour aux Tuileries, dans les appartements de Joséphine de Beauharnais, puis, le tableau retournera au Musée du Louvre.

LÉONARD DE VINCI
 
LE PETIT JOURNAL
 
LE CHÂTEAU DU CLOS-LUCÉ

  

L’histoire rocambolesque  du vol de la Joconde est, nous dit-on, un coup de foudre entre un certain Vincenzo Peruggia et la belle  Monna Lisa. Le voleur est un vitrier italien qui avait travaillé au Louvre, il connaît les lieux par cœur.  Il attend la fermeture du Musée. Il décroche le tableau, le dissimule sous sa blouse d’employer et rentre chez-lui dans le Xème arrondissement de Paris. Nous sommes le 21 août 1911. Le chef d’œuvre de Léonard de Vinci restera caché sous le lit de Vincenzo pendant plus de deux ans.

EMPLACEMENT VIDE DU TABLEAU AU SALON CARRÉ

 

L’affaire fait les choux gras de la presse et remonte même jusqu’à l’État. Monna Lisa devient la femme la plus recherchée au monde. Le voleur a repris sa vie d’avant, comme si de rien était. Le vol ne sera constaté que le lendemain matin.

Après deux ans de relations sentimentales avec l’œuvre, Vincenzo cherche à revendre le tableau. Il souhaite ramener Monna Lisa chez elle en Italie. En 1913, il contacte Alfredo Geri, un antiquaire de Florence et le 10 décembre 1913, l’antiquaire arrive accompagné du directeur de la galerie des Offices. Constatant l’authenticité du tableau, ils alertent la police et Peruggia est arrêté. C’était le second voyage de la Joconde.

FICHE DE POLICE DE VINCENZO PERUGGIA

Après la découverte du célèbre tableau, l’œuvre est exposé à travers toute l’Italie avant d’être remis à la France le 4 janvier 1914. C’est le troisième voyage de Monna Lisa.

RETOUR DE LA JOCONDE LE 4 JANVIER 1914 (PHOTO ROGER-VIOLET)

 

Vincenzo Peruggia est condamné à un an de prison, réduit à sept mois. À sa libération, il sert dans l’armée italienne au cours de la Première Guerre mondiale.

Les guerres de 1870/71, 1914/18 et 1939/45 vont provoquer l’exode des œuvres d’arts du Louvre vers des zones moins dangereuses. Monna Lisa sera du voyage.

En 1870, tandis que les Prussiens et Français se trucidaient au canon et à la baïonnette, le musée du Louvre, sur ordre de l’impératrice Eugénie, avait envoyé par voie ferrée, en plusieurs convois, près de 300 tableaux vers la Bretagne. La Joconde faisait partie du lot. Le choix de Brest répondait à deux critères : éloigner les œuvres du front pour les préserver de la destruction et du pillage. En cas de percée prussienne jusqu’au Finistère, la frégate L’Hermione devait se tenir prête à emporter le précieux chargement à Rochefort. En 1871, retour au Louvre.

Première guerre mondiale.

Durant la Première guerre mondiale, le sourire énigmatique de Monna Lisa a été hébergé avec des centaines d’autres tableaux, au cloître des Jacobins de Toulouse, après une courte étape à Bordeaux. En 1918, toutes ces œuvres vont regagner Paris, elles y resteront 20 ans.

Seconde guerre mondiale.

Au cours de cette période, la Joconde et d’autres tableaux célèbres ont été cachés au château de Chambord, Louvigny, l’abbaye de Loc-Dieu, château de Montal, puis dans le Sud de la France, en Occitanie, où les œuvres n’ont pas cessé de déménager, dans l’Aveyron, le Tarn-et-Garonne, le Lot et le Gers. Une dizaine de voyages au gré des défaites, invasions et occupations.

Sept mois de cache-cache dans la Sarthe.

À la fois proche et éloigné de la capitale, cinq châteaux avaient été réquisitionnés entre Le Mans et Louvigny pour abriter l’ensemble des toiles. La Joconde va voyager incognito dans une caisse immatriculée : « MNLP N°0 » (Musées Nationaux Louvre Peinture N°0). Monna Lisa quitte le Louvre le 28 août 1939, direction Chambord, où les œuvres  ne pourront rester, car trop humide.

L’impressionnant cortège de chefs-d’œuvre de Rubens, David, Fragonard, découvrent, avec La Joconde, leur nouvelle demeure à Louvigny, petit village sarthois de 300 habitants à l’époque. Mais bientôt, l’avancée allemande est telle que Monna Lisa n’est plus en sécurité dans la Sarthe. Ordre lui est donné d’aller sourire ailleurs. Direction le Sud.

Entre le 27 septembre 1938 et le 17 juin 1945, la Joconde aura fait dix voyages, cachée dans une caisse matriculée « MNLP N°0 ». Elle retrouvera sa place au Louvre le 15 juin 1945.

Sous la Vème République, Monna Lisa va effectuer deux grands voyages. Le premier en 1962/63, aux États-Unis, le second au Japon, avec un stop-over à Moscou au retour, en 1974.

ARRIVÉE TRIOMPHALE AUX ÉTATS-UNIS

Addendum :

La Joconde, Mona Lisa ou Monna Lisa ? La Réunion des musées nationaux nous répond :

« Tout le monde connait son sourire, mais personne ne l’appelle de la même manière ! Aujourd’hui, zoom sur cette célébrité du monde de l’art.

La Joconde est le portrait le plus célèbre au monde. L’identité du modèle est régulièrement remise en question, mais on admet généralement qu’il s’agit d’une dame florentine, prénommée Lisa, épouse de Francesco del Giocondo. Le nom Giocondo a été très tôt francisé en La Joconde. 

Mais en Angleterre ou aux Etats-Unis, on préfère l’appeler par son prénom : Mona Lisa . En France, si on veut aussi l’appeler de cette façon, il faut bien mettre deux n à Monna et non un seul comme le font les Anglais : Monna Lisa. Car Monna est en fait l’abréviation du mot italien « Madonna » qui signifie « Madame » et qui comporte bien deux n. En plus, “Mona” avec un seul “n” peut être un gros mot en italien ! Deux bonnes raisons de l’ écrire “Monna” !

Monna Lisa veut dire en fait « Madame Lisa » ou en version abrégée « Dame Lisa ».

Pourquoi est elle dans un musée français alors que son auteur est italien ?

C’est probablement entre 1503 et 1506 que Francesco del Giocondo commande le portrait de sa jeune épouse à Léonard de Vinci qui réside alors à Florence. Mais il ne l’a certainement jamais eu en sa possession. En effet, Léonard, invité à la cour de François Ier en 1517, l’emporte sans doute avec lui en France où il meurt deux ans plus tard au Clos Lucé, à Amboise. Le tableau est vraisemblablement acheté par François Ier lui-même, qui admire « le sourire quasi divin » de la dame. Il devient rapidement par la suite une œuvre emblématique des collections françaises. »