HUGO PÈRE, DIT “BRUTUS”

« MON PÈRE, CE HÉROS AU SOURIRE SI DOUX… »

Joseph Léopold Sigisbert Hugo est né le 15 novembre 1773 à Nancy. Il est mort le 29 janvier 1828 dans l’ancien 10ème arrondissement de Paris. Officier français sous la Révolution et de l’Empire. Fils d’un menuisier et ancien sous-officier des chevau-légers, c’est le père de Victor Hugo.

Il tente de s’engager une première fois en 1788, jugé trop jeune (14 ans), il est renvoyé dans ses foyers. Il fera une deuxième tentative en 1791. Il avait quatre frères combattants dans les armées de la République. Rapidement, il se distingue sur le Rhin, en Vendée et sur le Danube. Nommé officier, il est blessé devant Mayence. Affecté comme chef de bataillon en Vendée pour lutter contre les insurgés, où, parmi ses faits d’armes, à Vihlers (Maine-et-Loire), avec cinquante hommes, il arrête 4 000 Vendéens. En 1796, il rencontre à Châteaubriant, Sophie Trébuchet, qu’il épouse le 15 novembre 1797, Ils auront trois enfants, Abel le 15 novembre 1798, à Paris,  Eugène le 16 septembre 1800, à Nancy et Hugo le 26 février 1802 à Besançon. Rappelez-vous :

« Ce siècle avait deux ans ! Rome remplaçait Sparte,

Déjà Napoléon perçait sous Bonaparte »

SOPHIE TRÉBUCHET (1772-1821)

ABEL (1798-1855)

EUGÈNE (1800-1837)  

VICTOR, JEUNE (1802-1855)

En garnison à Paris fin 1796, il part pour Besançon (1800-1802) et sert au 20ème régiment de Ligne, c’est là que va naître Victor Hugo.

En Italie, sous les ordres de Masséna, à Caldiero, le 8 brumaire an XIV (30 octobre 1805), le chef de bataillon Hugo enlève à la baïonnette le village de Caldiero, s’y maintient pendant quatre heures, ce qui permet à l’armée française de reprendre l’offensive.

À l’occasion de la signature du traité de Lunéville, Hugo fait la connaissance de Joseph Bonaparte. Muté quelques temps à Marseille, puis à Bastia, il passe au service de Joseph Bonaparte, alors roi de Naples. Le pays était sous l’influence du terrible Fra Diavolo qui répandait la terreur dans les villes et les villages. Hugo va anéantir les bandes les unes après les autres et s’empare de Fra Diavolo qu’il fait juger, condamner et exécuter en deux heures, le 10 novembre 1806. En récompense, le roi Joseph le nomme colonel le 28 février 1808, maréchal de Palais et chef militaire de la province d’Avellino.

Joseph Hugo va suivre Joseph Bonaparte en Espagne. Il est nommé colonel du régiment Royal-Étranger, puis général et gouverneur des provinces centrales d’Alvila, de Ségovie, de Soria puis de Guadalajara. Il va faire une véritable guerre contre le célèbre Empecinado, Juan Martin Diez dit « le Têtu », durant trois années (1809-1811). Il va le battre trente-deux fois et parvient à délivrer tout le cours du Tage des « guérillas » et à rétablir les communications entre les divers corps de l’armée française.

Il prend Àvila le 15 janvier 1809, qu’il fortifie et qui servira de point d’appui au maréchal Soult. Il est nommé général de brigade le 20 août 1809. En 1810, il est nommé inspecteur général de l’armée. Après avoir pacifié la province de Guadalajara, il obtient le titre de Siguënza, authentique titre espagnol, le 27 septembre.

En 1812, il est nommé commandant de la Place de Madrid, et commandera l’arrière-garde lorsque les Français doivent évacuer la ville. Dans cette retraite désastreuse, il sauve plusieurs milliers de Français en arrêtant les Anglais près d’Alagria.

Après la retraite d’Espagne et la bataille de Vitoria le 21 juin 1813, il est rétrogradé par ordre de Napoléon, comme tous les officiers. C’est donc avec le grade de major qu’il reçoit la charge de défendre Thionville, le 9 janvier 1814. Il résiste quatre-vingt-dix-huit jours aux coalisés sans se rendre. Napoléon abdique le 11 avril et le 14 avril, Hugo se rallie avec la garnison, à Louis XVIII.

Demi-solde à partir de septembre 1814, il obtient néanmoins la Croix de Saint-Louis, puis il est fait officier dans l’ordre de la Légion d’Honneur le 14 février 1815.

Le 31 mars 1815, il est à nouveau affecté à la défense de Thionville, où, avec une faible garnison et peu de munitions, il résiste quatre-vingt-huit jours à un blocus très serré qui ne prendra fin qu’avec l’abdication de Napoléon. Durant les Cent-jours, c’est encore lui qui défend Thionville. Mis à la retraite, il se retire à Blois. Le général Hugo meurt à Paris, frappé d’une apoplexie foudroyante, le 29 janvier 1828, à l’âge de 54 ans. Il sera inhumé au cimetière du Père-Lachaise.

Le nom du général Hugo n’a pas été retenu pour figurer sur l’Arc de Triomphe, malgré les nombreuses interventions de son fils Victor auprès du ministère de la guerre.

“Mon père, ce héros au sourire si doux,

Suivi d’un seul housard qu’il aimait entre tous

Pour sa bravoure et pour sa haute taille,

Parcourant à cheval, le soir après la bataille,

Le champ couvert de morts sur qui tombait la nuit.

Il lui sembla dans l’ombre entendre un faible bruit.

C’était un Espagnol de l’armée en déroute

Qui se traînait sanglant sur le bord de la route,

Râlant, brisé, livide, et mort plus qu’à moitié.

Et qui disait : « A boire ! A boire par pitié ! »

Mon père, ému, tendit à son housard fidèle

Une gourde de rhum qui pendait à sa selle,

Et dit : « Tiens, donne à boire à ce pauvre blessé ».

Tout à coup, au moment où le housard baissé

Se penchait vers lui, l’homme, une espèce de maure,

Saisit un pistolet qu’il étreignait encore,

Et vise au front mon père en criant : « Caramba ! ».

Le coup passa si près que le chapeau tomba

Et que le cheval fit un écart en arrière.

« Donne-lui tout de même à boire », dit mon père.”

Victor Hugo

TOMBEAU DE LA FAMILLE HUGO AU PÈRE-LACHAISE