La position géographique de la France fait que les axes des invasions barbares venant d’Asie et de l’Est sont venus buter, au bout de la route, sur les rives de l’Atlantique. Certains de ces peuples vont faire souche, d’autres changeront de direction et iront vers le Sud, l’Espagne d’abord puis l’Afrique du Nord. Les « invasions barbares » ont été nombreuses ; Huns, Francs, Vandales, Alains et Suèves (en 409, ces trois derniers partiront vers l’Espagne) Goths, Wisigoths, Burgondes, Vikings venant du Nord, sans oublier les Romains venant du Sud. Cela a duré plusieurs siècles et n’oublions pas les Anglais et la guerre dite « de 100 ans ».
Nos livres d’Histoire scolaires (autrefois) nous parlaient d’Attila, de Clovis, de César, des destructions et des tueries. Petit à petit, notre pays va prendre forme, se souder, s’agrandir pour devenir un pays et une nation. Les tueries et les destructions se feront ensuite entres-nous pour une ville, un duché ou une province. Des périodes plus calmes avec des alliances, des mariages et des héritages agrandiront encore le pays. Puis …
À partir du 17ème s., souvent pour montrer notre puissance dans une Europe en formation, se seront des guerres sans fin, gagnées ou perdues, qui provoqueront des occupations et des annexions douloureuses qui marqueront profondément le peuple français dans sa mémoire collective.
FIN DU PREMIER EMPIRE.
Affaibli par la campagne de Russie de 1812, Napoléon 1er n’a guère plus de 300 000 hommes à opposer aux coalisés, la plus grande coalition qu’il ait jamais eue contre lui ; cette coalition comprenait l’Angleterre, La Russie, La Prusse, l’Autriche et la Suède. Malgré ses victoires sur des forces supérieures en nombre, Napoléon ne parvient pas à vaincre. Les troupes coalisées arrivent rapidement à Paris où le Maréchal Marmont signe un armistice. Le 4 avril 1814, l’empereur abdique et part en exil sur l’île d’Elbe.
Le régime de la Restauration est instable et peine à garantir paix et prospérité. C’est dans ce contexte délicat que Napoléon s’enfuit de l’île d’Elbe, débarque à Golf Juan, se dirige vers Paris et entre au Palais des Tuileries abandonné par Louis XVIII. C’est la période des « 100 jours ». Les coalisés se mobilisent et partent à la rencontre de l’armée impériale dans les plaines de Belgique de juin à juillet 1815. Cette campagne se solde par la défaite de Waterloo le 18 juin. Le territoire français est de nouveau envahi par des troupes étrangères.
150 000 hommes de l’armée anglaise, russes, prussienne et autrichienne, puis 1 250 000 deux mois plus tard, vont se partager les départements français, de 1815 à 1818.
Le traité de Paris, le 2 août 1815, obligera la France à payer 700 millions de francs or aux vainqueurs. De plus, elle devra payer l’entretien des troupes d’occupation, nourriture, habillement, casernement (130 millions par an). C’est l’indemnité de guerre la plus élevée jamais payée par un pays vaincu.
Le Congrès d’Aix-la-Chapelle, en novembre 1818 va marquer la fin de l’occupation étrangère. La France rejoint le traité de Sainte-Alliance.
Entrée des troupes Russes à Paris
Pour la petite histoire, les troupes russes étaient principalement des Cosaques. Ils bivouaquaient à l’actuel pont de l’Alma et fourrageaient à Vincennes. Il leur était interdit de pénétrer dans les estaminets, et donc, pour avoir du vin, ils tendaient leur gourde par une fenêtre et dans leur langue ils disaient : « Bistro ! Bistro ! », ce qui veut dire « Vite ! Vite ». Depuis, nos estaminets sont devenus des bistros. Deux objets vestimentaires ont également fait leur apparition. La toque de fourrure et les manchons de fourrure pour protéger les mains des femmes en hiver.
OCCUPATION ALLEMANDE DE 1870 À 1873.
Une particularité de la guerre franco-prussienne de 1870/71, résida dans le fait qu’il s’est agit d’une guerre de mouvements et de sièges qui n’a connu aucun front.
Après l’invasion des régions de l’Est en août 1870, les Prussiens vont poursuivre leur avantage pour atteindre la vallée de la Loire. Le 19 septembre, le roi Guillaume s’installe à Versailles, qui devient son quartier général, l’Île-de-France, la Normandie et les Pays de la Loire tombent aux mains de l’ennemi fin septembre. Le 30 octobre, les Prussiens sont à Vesoul et à Dijon, puis, fin novembre, tomberont Châteaudun et Vendôme.
L’empereur Napoléon III est vaincu. À la date de l’armistice, le 28 janvier 1871, l’extension de l’occupation comprend 30 départements ; seul le Nord et le Pas-de-Calais échappent aux Prussiens.
Commence alors un incroyable jeu politique d’occupation de territoires, de libération par anticipation, de paiement de la dette de guerre et d’annexion.
Le traité de Francfort du 10 mai 1871, libère les départements du Calvados, de l’Orne, de la Sarthe, d’Eure-et-Loir, du Loiret, du Loir-et-Cher, d’Indre-et-Loire, de l’Yonne, de la Seine-inférieure, de l’Eure, de Seine-et-Oise, de Seine-et-Marne, de l’Aube et de la Côte-d’Or qui sont évacués dès la signature. Pour les autres départements l’occupation sera prolongée de trois ans jusqu’au remboursement de l’indemnité de 5 milliards de francs exigé par le traité.
Le traité prévoyait également qu’après un premier versement d’un demi-milliard, l’évacuation s’étendra aux départements de la Somme et de l’Oise. D’autres départements seront libérés en juillet 1871, après versement de 500 millions de francs, puis d’un milliard en août (il s’agit des départements, ou partie de département situés sur la rive droite de la Seine ; Seine-inférieure, Seine-et-Oise et Seine-et-Marne, Oise et Somme. Les départements de la Côte d’Or, du Doubs et du Jura seront libérés le 12 octobre 1871.
Le paiement par anticipation début 1873 du dernier milliard de l’indemnité amènera la libération des Ardennes, de la Marne, de la Haute-Marne et des Vosges en juillet 1873, puis, du Territoire de Belfort, de la Meuse et de la Meurthe-et-Moselle en septembre de la même année.
La situation de l’Alsace et de la Moselle est différente, cela va se transformer en annexion pure et simple. La langue française est interdite, les journaux exclusivement en allemand, les fonctionnaires, recteurs et inspecteurs d’académie sont remplacés par une administration allemande en vue de l’usage de la langue allemande uniquement. Un code pénal sévère et l’exclusion hors des zones annexées de ceux qui refusent de se plier aux règles allemandes.
PETITE HISTOIRE DU TERRITOIRE DE BELFORT.
Durant cette malheureuse guerre franco-prussienne et la piteuse défaite de Napoléon III suite à la capitulation de l’armée de Mac Mahon à Sedan, sans oublier la capitulation de Bazaine à Metz, un colonel de 48 ans résiste pendant 103 jours à l’envahisseur dans la place forte de Belfort qui se rendra le 18 février 1871, alors que l’armistice était signé depuis le 28 janvier. Il ne mettra bat les armes que sur ordres du gouvernement de la Défense nationale présidé par Thiers. Ce colonel s’appelle Pierre Marie Denfert-Rochereau, il deviendra ainsi « le Lion de Belfort ».
À Francfort, au cours des tractations pour un traité de paix, Thiers demande que la ville de Belfort et son territoire reste à la France. Les Allemands sont d’accord mais en contrepartie exigent l’équivalent en superficie en Lorraine. Belfort, de fait, deviendra un territoire ne faisant partie d’aucun département.
En vert, les communes et territoires échangés contre Belfort.
Frontière franco-allemande au Col de la Schlucht
PREMIÈRE GUERRE MONDIALE.
Pendant la Première guerre mondiale, pratiquement tous les combats se sont déroulés sur le sol français dans les régions du Nord, de l’Est, avec la Marne pour limite Sud. De nombreuses communes avaient été évacuées certaines même ayant été détruites durant les combats. L’occupation du sol français était tactique et stratégique. La reprise de la guerre de mouvements, après une longue guerre de position va « nettoyer » des zones entières de toute vie.
La victoire, le 11 novembre 1918, permettra à la France de récupérer l’Alsace et la Moselle qu’elle avait perdues en 1871. Vingt-deux ans plus tard, l’Allemagne aura de nouveau la main mise sur l’Alsace et la Moselle.
LA DÉFAITE DE 1940 ET LES CONSÉQUENCES.
La convention d’armistice du 22 juin 1940 coupe la France en quatre ; la zone libre, la zone occupée, la zone annexée et une zone placée sous administration allemande de Bruxelles. La ligne de séparation entre les zones Nord et Sud prendra effet le 25 juin 1940 et prendra le nom de « Ligne de démarcation ».
À partir de fin juillet 1940, la région Alsace-Moselle est annexée de facto par l’Allemagne en violation des conventions d’armistice. La Moselle est rattachée administrativement au district Sarr-Palatinat et l’Alsace au district Baden-Elsass. Les régions nord et nord-est sont déclarées « zones interdites » au retour des réfugiés car, il est prévu dans ces zones une implantation de colons allemands. En 1941, le littoral Manche-Atlantique est aussi déclaré « interdit », c’est la zone côtière du mur de l’Atlantique, large de 10 km.
Le 11 novembre 1942, les Allemands envahissent la zone libre et simultanément, l’Italie va occuper les territoires à l’Est du Rhône et la Corse.
En octobre 1943, les Italiens se retirent, la zone d’occupation allemande va s’étendre à tout le pays.
Le 8 septembre 1943, pour la première fois de son histoire, la totalité de la France est occupée par une seule puissance. Ni en 1815, ni en 1871, cela ne s’était jamais produit.
ZONE D’OCCUPATION ITALIENNE.
Alliée de l’Allemagne, l’Italie de Mussolini veut sa part de gâteau et déclare la guerre à la Grande-Bretagne et à la France le 10 juin 1940. Sur un front d’environ 470 km, du Mont Blanc à la Méditerranée, va s’engager un combat connu sous le nom de « Bataille des Alpes ». Une campagne courte de 15 jours qui va opposer 300 000 Italiens à 170 000 Français.
Un armistice sera signé le 24 juin 1940 à la Villa Incisa, à Olgiata, près de Rome. La zone d’occupation italienne va se limiter à quelques zones frontalières. Hitler a freiné l’ardeur des revendications de Mussolini qui voulait obtenir la flotte français de méditerranée ainsi que l’aviation. Mais aussi annexer Nice, la Savoie, la Corse, la Tunisie, la Côte française des Somalis, les villes d’Alger, d’Oran et de Casablanca. Rien que ça. Les Français n’ayant pas été vaincu dans les Alpes refusèrent ces prétentions démesurées. Le bilan de cette campagne parle de lui-même :
- Pertes françaises : 40 morts, 84 blessés, 150 disparus et 155 prisonniers.
- Pertes italiennes : 642 morts, 2631 blessés, 2151 gelés, 516 disparus et
Il faut noter que les soldats italiens étaient peu motivés et mal équipés pour résister aux rigueurs de l’altitude. Par contre, les troupes de montagne françaises étaient des soldats d’élite.
La zone d’occupation sera donc relativement réduite, 800 km², 28 000 habitants sur quatre départements partiellement occupés. Les Alpes-Maritimes, Basses-Alpes (Alpes-de-Haute-Provence depuis 1970), Hautes-Alpes et Savoie.
L’Italie, faute de conquête, devra se contenter en 1940 de la ville de Menton, qu’ils tentent « d’italianiser ». Menton sera la seule prise de Mussolini.
Troupes italiennes
Lors de l’invasion de la zone libre par les Allemands, le 11 novembre 1942, en représailles au débarquement allié en Afrique du Nord, les Italiens vont profiter de l’occasion pour occuper le terrain. Une zone d’occupation italienne en France sera plus conséquente allant de la rive gauche du Rhône à la Corse.
Le 8 septembre marque la fin de l’occupation italienne en France (armistice entre les Alliés et les Italiens). Les territoires annexés, comme Menton, reviennent sous le contrôle de Vichy. Les troupes italiennes stationnées en France quittent notre sol et rejoignent l’Italie.
Après la défaite des forces de l’Axe, l’Italie va être contraint de céder une partie de son territoire en dommage de guerre. Sont concernées les communes de Tende et La Brigue (560 km²), 3,22 km² au Col du Petit-Saint-Bernard, 82 km² sur le plateau du Mont-Cenis, 47 km² au Mont Thabor et 17 km² au Mont Chaberton. Tende et La Brigue avaient fait partie du comté de Nice jusqu’en 1860. Ce rattachement à la France va devenir officiel le 16 septembre 1947. Il a été demandé à la population des deux communes d’opter pour ou contre le rattachement à la France. Résultat du référendum : 92,27 % de OUI en faveur de la France.
Ce sont les derniers territoires conquis par la République française dans notre histoire.