LES FILLES DU ROY

En 1663, en Nouvelle-France, on comptait six célibataires masculins pour une femme en âge de procréer. Le peuplement de cette jeune colonie est difficile. Le roi Louis XIV va prendre les choses en main. Il dépêche vers la colonie 1 200 soldats du régiment de Carignan et va favoriser l’envoi de filles à marier.

LES FILLES DU ROY DÉBARQUENT EN NOUVELLE-FRANCE.

 

Jean Talon, va recevoir la charge d’intendant pour le Canada, Terre-Neuve et l’Acadie, le 23 mars 1665. Il débarque au Québec le 12 septembre 1665, au moment même où se font les réformes des institutions. La Compagnie des Cent-Associés, dissoute en 1663, est remplacée en 1664 par la Compagnie des Indes Occidentales. Au moment de la dissolution de la Compagnie des Cent-Associés, on recense dans cette colonie, 69 seigneuries, tenues par 62 individus et 7 institutions religieuses (Jésuites, Sulpiciens, Ursulines, Hospitaliers de Montréal et de Québec, la Fabrique de la paroisse de Québec et la seigneurie de Sillery).

La première chose que va faire Jean Talon est un recensement, en 1666, qui va chiffrer une population de 3 173 habitants d’origine européenne. Il faut aussi organiser l’arrivée des « Filles du Roy », élément essentiel pour le peuplement de la colonie.

Pour la plupart, ces jeunes femmes étaient de condition modeste, célibataires,  ou veuves sans enfant. Elles avaient entre 15 et 30 ans. Leurs motivations étaient principalement l’espoir de changer de condition. Entre leur arrivée au Québec et leur mariage, les « Filles du Roy » étaient généralement placées chez des religieuses.

Le Roi Louis XIV payait les frais de leur voyage et leur attribuait une petite dot au moment de leur mariage. Dans une petite malle en bois « … Leurs hardes se composaient de bien peu de chose : un petit coffre, appelé cassette, destiné à ranger des bijoux ou de l’argent, et quelques vêtements dont une coiffe, un bonnet, une paire de bas, des gants et un mouchoir. On leur remettait aussi des accessoires pour la couture, des épingles, des aiguilles, du fil et des ciseaux. A ce petit bagage s’ajoutait la somme de deux livres en argent pour la traversée … »

UNE PAGE DU RECENSEMENT DE 1666

« Une traversée longue et pénible, de 2 à 3 mois. Dans l’entrepont du bateau-marchand, s’entassent, équipage, passagers, cargaison, animaux et vermine dans une exigüité abominable. Au cours des semaines que dure la traversée, on jette à la mer quelques corps de malheureux passagers qui n’ont pu résister à ces conditions presqu’inhumaines… » (Extrait du livre « Marie Brazeau » de Renée Tougas)

COFFRE D’UNE « FILLE DU ROY » (Musée Québec)

Il est venu 764 filles à marier vers la Nouvelle-France. Pour le premier contingent en 1663, elles étaient trente-six. En 1664, elles étaient quatorze. En 1665, quatre-vingt-dix, en 1666, vingt-cinq, en 1667, quatre-vingt-une. En 1669, 1670 et 1671, un nombre beaucoup plus important, cent-trente et une, cent-vingt et cent-quinze. Puis en 1672, quinze  et enfin en 1673, cinquante et une.

En l’espace de onze ans, la population de la Nouvelle-France va tripler (source : lesfillesduroy.quebec).

Mission accomplie.

Mais, en 1670, l’état de santé de Jean Talon se dégrade. Il demande son rappel vers la métropole en 1672, et, en novembre, il quitte définitivement le Québec. Talon sera nommé comte d’Orsainville en 1675 après avoir été fait capitaine et gouverneur du château de Mariemont en 1670, puis baron des Islets en 1671. En février 1694, quelques temps avant sa mort, Louis XIV le nomme gouverneur et prévôt de Binche.

Jean Talon meurt le 23 novembre 1694 à Paris. Il est inhumé le 3 octobre 1695 à Châlons-en-Champagne, en la collégiale Notre-Dame-en-Vaux, lieu de son baptême. Il lègue sa fortune et ses biens à ses neveux et nièces, car bien qu’ayant préconisé le mariage pour peupler la Nouvelle-France, il est lui-même resté célibataire jusqu’à sa mort.

Le nom de Jean Talon est porté par de nombreux lieux au Québec, dont 47 sont recensés en 2024. On peut en citer quelques-uns :

La Tour Jean Talon Bell à Montréal,

La Station de métro Jean Talon à Montréal,

La Gare Jean Talon à Montréal,

Le Marché Jean Talon à Montréal,

La Rue Jean Talon à Montréal,

La Circonscription électorale de Jean Talon (région de Québec)…

GARE JEAN TALON MONTRÉAL

MARCHÉ JEAN TALON MONTRÉAL
 STATION DE MÉTRO JEAN TALON MONTRÉAL