JEAN-BAPTISTE RÉVEILLON ET LE PAPIER PEINT
Né le 11 octobre 1725 à Paris et mort à Paris le 18 septembre 1811, Jean-Baptiste Réveillon est propriétaire de la Manufacture royale de papiers peints de la Folie Titon, dans le faubourg Saint-Antoine. Commerçant, mercier, papetier, il commence en 1753 à vendre des papiers peints qu’il fait venir d’Angleterre. A cette époque, le papier peint est à la mode chez les gens aisés pour décorer l’intérieur de leur habitat. C’est au cours de la guerre de Sept Ans (Premier conflit mondial, Europe et Amérique, qui opposa l’Angleterre et la Prusse à la France) qu’il décide de produire lui-même du papier peint. La dot de sa femme lui donnera les moyens de produire du papier velours en rouleaux.
En 1759, il s’installe au Faubourg Saint-Antoine d’où il lance avec un grand succès une gamme complète de papiers peints. Devenu très riche, il achète un hôtel particulier avec un immense parc, la Folie Titon, ancienne propriété d’Evrard Titon du Tillet.
RÉVEILLON INSTALLE SA FABRIQUE AU REZ-DE-CHAUSSÉE, CONSERVANT LES ÉTAGES SUPÉRIEURS POUR SA RÉSIDENCE PRIVÉE
LES CRÉATIONS DE RÉVEILLON AUX COULEURS CHATOYANTES
En 1776, Réveillon ouvre une boutique près des Tuileries. Le papier bleu d’Angleterre est lancé par la reine Marie-Antoinette, qui en décore ses appartements. Réveillon va découvrir un nouveau procédé de fabrication du papier vélin en 1782. En 1784, son entreprise obtient le titre de Manufacture royale de papiers peints.
Réveillon va fournir aux frères Montgolfier, avec qui il a de très bonnes relations, le papier de l’enveloppe d’un ballon qui sera d’ailleurs assemblé dans les jardins même de la manufacture. La première montgolfière habitée est appelée le Réveillon en son honneur. Le premier vol est effectué par l’adjoint de Réveillon, Giroud de Villette et du physicien Pilâtre de Rozier, le 19 octobre 1783.
LE « RÉVEILLON » DÉCOLLE DES JARDINS DE LA FOLIE TITON
Depuis la signature du traité de libre-échange entre la France et l’Angleterre, en 1786, les importations textiles anglaises à bas prix inondent le marché. Les entreprises françaises du textile ont beaucoup de mal pour écouler leurs marchandises. En quatre ans, les importations anglaises ont quintuplé.
Dans les premiers mois de 1789, après un hiver particulièrement rigoureux, le prix du pain augmente fortement. La tension est augmentée par l’ouverture des États-Généraux à Versailles. La menace de la disette et du chômage, et l’exclusion des assemblées électorales du tiers état, mécontentent la population populaire et particulièrement dans les faubourgs Saint-Antoine et Saint-Marcel.
Le 23 avril 1789, au cours d’une assemblée, Réveillon aurait tenu des propos inquiétants sur les salaires des ouvriers, il regrettait le temps où les ouvriers étaient payés 15 sous par jour au lieu de 25 alors. Nourri d’idées libérales, Réveillon aurait suggéré de supprimer l’octroi afin de diminuer le prix de la farine et donc du pain, l’autorisant ainsi à baisser les salaires. Le jour même, une rumeur circule dans les cabarets et les ateliers, Réveillon veut supprimer les salaires.
Le 28 avril, attroupement au faubourg Saint-Antoine et c’est la mise à sac de la manufacture Réveillon. Tout est saccagé et brûlé.
27 ET 28 AVRIL 1789, PILLAGE DE LA MANUFACTURE RÉVEILLON
La troupe intervient. C’est l’affrontement. Du côté des soldats, 12 tués et 80 blessés, du côté des manifestants, 200 tués et 300 blessés.
PARTOUT DANS LE FAUBOURG, LA TROUPE TIRE, LES MANIFESTANTS LANCENT DES TUILES DEPUIS LES TOITS
Le pillage sanglant de la manufacture Réveillon constitue un prélude à la Révolution. Moins de trois mois plus tard, les habitants s’en prendront de la même façon à la Bastille.
Au moment de la Révolution, Jean-Baptiste Réveillon, émigre en Angleterre avec sa fortune intacte. Après la Révolution, il louera sa manufacture à Jacquemart et Bénard, qui continueront à produire des papiers peints jusqu’en 1840.
On disait de Jean-Baptiste Réveillon qu’il était moins beau que ses papiers peints.