L’A.M.G.O.T.

L ’ A.M.G.O.T.,

OU QUAND LES AMÉRICAINS VOULAIENT GOUVERNER LA FRANCE.

C’est une page de notre histoire de la 2ème guerre mondiale qui ne figure pas dans nos manuels scolaires.

A.M.G.O.T. est l’acronyme de Allied Military Governement of the Occupated Territories. Washington avait prévu dès 1942, d’imposer à la France, comme aux futurs vaincus, l’Italie, l’Allemagne et le Japon, un statut de protectorat. Ce gouvernement militaire américain des pays occupés aurait aboli toute souveraineté, y compris le droit de battre monnaie.

À l’époque, les U.S.A. redoutaient principalement la France, bien qu’affaiblie par la défaite de 1940. Déjà, en 1918/19, Paris était opposée à la politique allemande de Washington. D’autre part,  la France ne voulait pas lâcher son empire, riche de matières premières et de bases stratégiques. Les U.S.A. pratiquaient le veto contre de Gaulle, Roosevelt voyait en de Gaulle un « apprenti dictateur », à l’instar des régimes latino-américains chers à Washington,  le régime honni du gaullisme rendrait, à ses yeux, l’échine plus souple qu’un gouvernement à forte assise populaire. Notre pays allait-il passer d’un occupant à un autre ? Pourtant, le chef de la Résistance française va réussir à éviter l’A.M.G.O.T. et installer un gouvernement provisoire français, soutenu par l’immense majorité du pays.

Quand aux officiers de l’A.M.G.O.T., ils ne purent jamais exercer leurs fonctions. Ils préparaient leur action depuis pratiquement le début de la guerre et étaient formés dans des centres comme Yale ou Charlottsville. Tout était prévu, ainsi le futur maire de Cherbourg était-il déjà désigné comme d’ailleurs les 1552 « fonctionnaires » prêts à partir pour la Normandie et emportant avec eux des coupures de Francs de la Libération, imprimées d’avance.

Le Franc de la Libération ou “billet drapeau” (ce terme vient de la présence du drapeau français sur les billets), c’était quoi ?

À l’approche du débarquement du 6 juin 1944 en Normandie, le gouvernement américain, qui a toujours refusé de reconnaître le C.F.L.N. présidé par le général de Gaulle, décide d’émettre des billets de banque pour remplacer ceux émis durant l’occupation. L’échange de ces billets doit au passage permettre d’éliminer les billets accumulés en grande quantité par les trafiquants du marché noir. Ces billets seront imprimés de février à mai 1944 par le Bureau of Engraving and Printing, qui est chargé habituellement d’imprimer les dollars américains. Ces billets ne comportent aucune mention de l’institut d’émission. Seul le pays, France, est indiqué ainsi que la devise républicaine : Liberté, Égalité, Fraternité.

Deux jours après le débarquement du 6 juin, le gouvernement provisoire de la République française adresse une sévère mise en garde aux gouvernements américain et britannique, disant qu’ « il ne reconnaît aucune valeur légale aux vignettes qui ont été mises en circulation sans son avis ».

Après une période de flottement, bien que l’A.M.G.O.T. ne soit pas mis en pratique, la Normandie est tout de même confrontée à la circulation des « billets drapeau ». Le 27 juin 1944, le général de Gaulle va interdire la circulation de ces billets. La population normande va cependant utiliser les billets A.M.G.O.T. pour payer les impôts ;  la perception de Bayeux allait encaisser 55 000 francs A.M.G.O.T. sur 130 000 francs d’impôts collectés. Fin août, la circulation de ces vignettes s’arrêtera.

Ce que les manuels d’Histoires ne nous racontent pas, c’est le dessous de l’affaire. L’opération de débarquement du 6 juin 1944, en Normandie, avait pour nom de code « Overlord ». La traduction en français est « Suzerain » ce qui veut dire que la France allait devenir le vassal de l’Amérique. L’objectif des Alliés était de créer un autre front en Europe de l’Ouest, mais pas seulement.

Préparant depuis décembre 1940, donc bien avant leur entrée en guerre, le débarquement en Afrique du Nord, et après plusieurs tentatives de rapprochement avec les autorités françaises de l’époque, Weygand en 1941, Giraud après le débarquement du 8 novembre 1942 en AFN, puis Darlan. Ce dernier va signer un accord singulier, mettant l’AFN à la disposition des Américains et mettant la France en situation de vassal. Les Américains s’arrogeaient des droits exorbitants ; sur le déplacement des troupes françaises, le contrôle et le commandement des ports, aérodromes, fortifications, arsenaux, télécommunications, marine marchande, liberté de réquisitions … fixés par eux. C’est dans le même esprit que nos « chers Alliés » allaient préparer l’après « Overlord ». Outre la création d’une monnaie d’occupation, la mise en place d’une administration américaine pour gérer le pays était prévue. Heureusement, le général de Gaulle, en créant le GPRF, va contrer les Américains et empêcher la soumission de la France à un autre occupant.