LE SORCIER QUI CHERCHAIT UNE ÉPOUSE

Oh ! Qu’il était laid le sorcier, si laid que jamais aucune femme ne jeta un regard sur lui. Il était très malheureux de vivre seul au fond de la forêt. Il faut dire aussi que c’était une forêt de bois pourri et que sa masure était faite avec des briques en crottin de cheval. La demeure était toute de travers, les portes et les fenêtres ne fermaient pas et l’odeur qui s’échappait de la cheminée était insoutenable.

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Chaque jour, depuis un bon moment, il cherchait la recette de la potion magique pour envoûter la fille du roi Cornichon qui vivait non loin de là, 4, rue de la Crotte de Nez. La princesse était très belle, trop belle pour qu’elle s’intéresse à lui ; alors, le sorcier cherchait inlassablement la recette pour la rendre aussi laide que lui était laid. Sa dernière trouvaille était une bouillie de crapauds avec du jus de chaussette. Il fallait aussi deux corbeaux plumés, deux rats crevés, quatre champignons vénéneux et bien pourris, deux dents de dragon d’Ecosse et un peu de caca de cochon…pour donner du goût.

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Mais ce n’était pas tout. Il fallait aussi attirer la belle princesse dans les bois. Il imagina donc un stratagème. La princesse aimait beaucoup les animaux, et chaque fois qu’elle trouvait un animal blessé ou affamé, elle le recueillait chez-elle pour le soigner. Le sorcier décida de se transformer en biche avec une jambe cassée ; pas de doute, la princesse va suivre la biche dans la forêt lors de sa prochaine promenade. Et hop ! A moi la belle gazelle se dit le vilain sorcier. Il guetta donc la princesse.

Inévitablement, la princesse en voyant la biche blessée, s’enfonça dans la forêt pour suivre l’animal en difficulté, sans se douter du grand danger qui la guettait. A quelques pas de la demeure pourrie du sorcier, la biche se laissa enfin attraper. Au moment où ses mains se posèrent sur l’animal ;

  • Flouchhh !

Un nuage de poussière…la biche avait disparu…le sorcier hideux avec toute sa laideur, était face à la princesse. Il tenait la pauvre victime par le cou et la malheureuse tremblait de tout son corps.

  • Maintenant je te tiens ; tu ne t’échapperas plus.
  • Mon père te punira pour ce méfait.
  • Quand tu seras transformée, personne ne te reconnaîtra.

Le vilain tira la princesse par les cheveux jusqu’à son taudis. Dans l’âtre, un énorme récipient chauffait sur un feu vif. L’odeur était difficilement supportable. Le sorcier installa alors la grande marmite à même le sol et obligea la pauvre princesse à s’immerger dans le maudit bouillon malodorant.

  • Ton bain est prêt oh ! ma puanteur. Tu vas devenir aussi laide que moi je suis laid…
  • Au secours ! Au secours !
  • Ah ! Ah ! Ah ! Plonge…Plonge…

Il ne fallu que deux petites minutes pour transformer la pauvre princesse; elle en sortit avec des cheveux roux, des poils partout sur le visage, des verrues par dizaines, l’œil gauche qui coulait ainsi que le nez qu’elle avait désormais crochu. Sa peau était verte et fripée.

  • Hourra ! J’ai réussi…Elle est laide…Elle est laide…Lalalèreuuu !

Un phénomène inattendu vint compléter le triste tableau :

  • Ze ne me reconnaît plus ! Z’est quoi ze visage horrible ?

La princesse zozotait. Quelle horreur !

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Pauvre princesse, elle n’était plus que l’ombre d’elle-même, laide, découragée…désemparée. Que va-t-elle devenir dans les mains de ce maudit sorcier ?

Ce que le sorcier ignorait, c’est que les animaux de la forêt, tous amis de la princesse, avaient observé la scène. Ils allaient vivement réagir.

Dans un premier temps, ils se rassemblèrent pour mettre au point une contre-offensive pour sauver la princesse du charme maléfique du sorcier. Ensuite, ils allaient passer à l’action.

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Chaque animal avait sa spécialité :

Les lapins étaient des coureurs et pouvaient propager les nouvelles partout et rapidement. Les animaux brouteurs comme les cerfs, les biches, connaissaient les plantes qui guérissaient. Le hibou était le roi de la nuit et rien ne lui échappait. Le renard, très malin, savait comment pénétrer dans l’enclos de la demeure du sorcier sans se faire repérer. Les oiseaux savaient faire un bruit assourdissant s’ils chantaient tous ensemble. Quant aux plus gros, comme l’ours, ils avaient la force pour eux. Voici donc leur plan :

Il fallait cerner la maison du sorcier. Toute la nuit, les hiboux vont ululer très fort pour empêcher l’horrible de dormir. Dès l’aube, les oiseaux se mettront à chanter tous ensemble et le plus fort possible. Le renard ira libérer tous les animaux prisonniers dans les cages pendant que les ours tourneront autour de la masure en poussant leur cri ; et quand un ours gronde, ça fait peur. La journée sera occupée par les brouteurs pour la cueillette des herbes magiques pour supprimer le maléfice que subit la pauvre princesse. Le soir venu, le sorcier sera bien fatigué d’une nuit sans sommeil et d’une journée aussi bruyante. Ne pouvant sortir de chez-lui par peur des ours, il n’aura rien à boire ni à manger. La couleuvre qui c’était ralliée au groupe, aura la charge de voler la baguette magique du sorcier pour qu’il ne puisse se défendre avec ses sortilèges. C’est à ce moment qu’il faut l’attaquer.

C’est ce qu’ils firent.

Un ours tenait le sorcier en respect dans un coin de la maison. Un deuxième ours remit la marmite sur le feu, marmite que les lapins avaient remplie d’eau ; les cerfs mirent les herbes dans l’eau de la marmite, les oiseaux virevoltaient autour du feu pour l’activer, tandis que la couleuvre tournait la baguette magique dans l’eau pour bien mélanger les plantes miraculeuses.

Quand tout fut prêt, les petits lapins entraînèrent la princesse laide vers la marmite que l’ours avait retirée du feu.

  • Et maintenant prend un bain dans cette potion magique.

La princesse s’exécuta. Ses cheveux redevinrent blonds, les poils sur le visage disparurent ainsi que les verrues. Son regard retrouva la beauté du bleu de l’océan et son nez crochu n’était qu’un mauvais souvenir. Elle redevint aussi belle qu’avant le sortilège et quand elle prit la parole pour remercier ses amis elle ne zozotait plus.

  • Merci mes amis, vous me redonnez vie.
  • Tu nous as toujours aidés ; à notre tour de te venir en aide.

Tous s’en allèrent de cette demeure maudite en dansant et en chantant, heureux de savoir que le bien l’emporte toujours sur le mal.

Quant au sorcier, les animaux ne lui rendirent pas sa baguette magique et fut donc condamné à vivre comme tout le monde, sans artifices, sans magie, normalement.

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BONNEUUUU NUIT !!!