Fils d’un drapier, Philippe François Nazaire Fabre est né le 28 décembre 1755 à Carcassonne. Il fait ses études au séminaire de Toulouse, mais choisit le métier d’instituteur à Limoux où il a passé son enfance. Puis, il se lance dans la littérature.
En 1772, à Toulouse, il obtient un prix aux Jeux Floraux pour un sonnet à la Vierge Marie. Ce prix consistait en une églantine en or, et dès lors, il se fit appeler « Fabre d’Églantine ». De cette époque on lui doit la célèbre comptine « Il pleut, il pleut bergère… » (1780), tirée d’une de ses opérettes « Retour des champs ».
En qualité d’auteur-comédien ambulant, il arrive à Paris en 1787 où il connut un certain succès. Le premier ouvrage dramatique qu’il fit paraître est une comédie en vers, « Les gens de lettres » représentée en 1787. La même année, il publia une nouvelle tragédie, « Augusta », puis « Le présomptueux » et « L’intrigue épistolaire ». Il écrivit aussi quelques comédies inspirées de l’actualité politique, « Philinte de Molière ou la suite du Misanthrope » (1790), « L’amour et l’intérêt », « Le convalescent de qualité » (1791), « Les précepteurs » (1794). Cette dernière pièce ne fut jouée qu’à titre posthume.
Auteur engagé et partisan des idées politiques nouvelles, il se lança dans la vie politique. Au club des Cordeliers, qui deviendra le club des Jacobins, il se lia avec Danton dont il devint le secrétaire au Ministère de la Justice d’août à novembre 1792. Il publia un journal mural « Compte-rendu au peuple souverain ». Membre de la Commune, député montagnard et brillant orateur, il vota la mort du Roi et demanda comme tant d’autres la tête des Girondins (modérés).
C’est le 25 octobre 1793 qu’il fit adopter par l’Assemblée le calendrier républicain conçu par le mathématicien Gilbert Romme. Fabre d’Églantine baptisa les mois et les jours de ce nouveau calendrier d’une façon poétique en tenant compte des saisons. L’année commençait à l’équinoxe d’automne (22 septembre) et était partagée en 12 mois de 30 jours chacun, plus 5 jours complémentaires consacrés à la célébration des fêtes républicaines. Ces mois reçurent les noms suivants pour l’automne : vendémiaire (mois des vendanges), brumaire (des brunes), frimaire (des frimas). Pour l’hiver, nivôse (des neiges), pluviôse (des pluies), ventôse (des vents). Pour le printemps, germinal (de la germination), floréal (des fleurs), prairial (des prairies). Pour l’été, messidor (pour les moissons), thermidor (de la chaleur), fructidor (des fruits). Les mois étaient divisés en trois dizaines ou décades et les noms tirés de l’ordre naturel de la numérotation ; primidi, duodi, tridi, quartidi…
Après la chute des Girondins, Fabre d’Églantine a rejoint la faction des « Indulgents ». Accusé d’avoir proposé en 1790, une somme de trois millions au Ministère de la Marine afin que ce dernier pousse les Jacobins à se montrer favorables à la monarchie, il fut arrêté le 18 mars 1794 (24 nivôse an II). Mais, ce n’est pas pour cela qu’il sera condamné. On lui a reproché, sans doute à tort, d’avoir falsifié un décret relatif à la liquidation de la Compagnie des Indes. En fait, devenu l’ennemi de Robespierre, il fut guillotiné le 5 avril 1794 (16 germinal an III) en même temps que Danton et Desmoulins.