LA FRANCE EST MORTE…

“LA FRANCE EST MORTE AU CHAMP D’HONNEUR DE 1918” Arnold TOYNBEE (historien britannique)

1940 – En moins de 45 jours, l’armée Française est vaincue par une armée allemande inférieure en nombre, moins bien équipée, une logistique allemande traînant sur ses arrières avec ses 400 000 chevaux.

A qui la faute ? Le sujet a été longuement débattu depuis. Les « coupables » ont été jugés. Les responsables…ont repris du service après la guerre dans les Grandes Ecoles, dans l’enseignement en général. La gauche de l’époque qui refusa les crédits militaires et prêcha le pacifisme ? La droite qui s’inclina devant l’envahisseur ?…Ce déjà vu, nous le revivons aujourd’hui.

« Beaucoup d’erreurs diverses, dont les effets s’accumulèrent, ont mené nos armées au désastre. Une grande carence, cependant, les domine toutes. Nos chefs ou ceux qui agissaient leur nom n’ont pas su penser cette guerre. En d’autres termes, le triomphe des Allemands fut, essentiellement, une victoire intellectuelle… »  Marc BLOCH l’Etrange défaite 1940

 Bloch

Marc BLOCH

Un homme d’exception. Professeur, historien, soldat, il est de ceux pour qui on a de l’admiration alors que de son vivant personne ne tenait compte de ses avertissements.

Né le 6 juillet 1886, à Lyon, il est mobilisé en 1914 avec le grade de sergent d’infanterie. Chef de section, il se distingue plusieurs fois au combat. Croix de guerre avec 4 citations, Médaille militaire, Légion d’Honneur, il termine la guerre avec le grade de capitaine.

En 1939, il demande à combattre et se déclare « le plus vieux capitaine de l’armée française ». Après la campagne désastreuse de 1940, il est exclu de l’armée et de la fonction publique en tant que juif. Il entre dans la clandestinité en 1942 quand les Allemands envahissent la zone libre, et devient un des chefs de Franc Tireur de la région lyonnaise, puis dans le Mouvement unis de la Résistance (MUR).

Il est arrêté, à Lyon, par la gestapo le 8 mars 1944. Il meurt le 16 juin 1944, fusillé par la Milice.

L’œuvre de ce grand Français, un vrai, devrait être étudié obligatoirement dans les Grandes Ecoles qui « forment » les dirigeants de demain. Marc Bloch n’accuse pas la seule armée d’être responsable de la défaite. Il met en relation les carences et l’impréparation de notre commandement militaire et la myopie du peuple français et de ses dirigeants politiques.

« L’immobilisme et la mollesse des ministres sont stigmatisés, et l’abandon de leurs responsabilités à des techniciens, recrutés sur la même base corporatiste comme l’Ecole Polytechnique et Sciences-Po. Tout ce petit monde avance à l’ancienneté dans une culture commune du mépris du peuple », dit-il. Et encore, il n’avait pas connu l’ENA (créée en 1945).

Il reprochait aussi aux partis politiques leurs contradictions ; la droite qui se courbait face à l’envahisseur, la gauche qui refusait les crédits militaires mais demandait des canons pour l’Espagne. Les syndicats avec leur esprit petit-bourgeois, obsédé par l’intérêt immédiat au détriment de l’avenir du pays.

Cette période de l’entre-deux-guerres ressemble étrangement à la période que nous vivons. La France veut jouer au gendarme du monde à l’extérieur de nos frontières alors que le danger est à la porte de notre immeuble. Quand je parle de frontières, c’est un euphémisme, il ne reste que le mot. Le budget de nos armées est rogné jusqu’à l’os, on « cannibalise » les matériels des régiments restés en Métropole pour réparer ceux en opérations. Louvois, pour la solde des militaires, fait toujours des siennes. Les soldats viennent prendre leur service avec leur propre rouleau de papier toilette ; le truc de « 70 cm par jour et par homme », c’était il y a bien longtemps. Pour partir en OPEX, il faut s’équiper avec ses propres deniers car les « rangers » fondent au soleil, les coutures des tissus ne résistent pas… Les journalistes sur le terrain, sont témoins de ces carences scandaleuses, mais rien ne filtre. Les grands chefs de notre pauvre armée râlent timidement devant les élus de la Nation…qui approuvent les coupes budgétaires et se voilent la face pour ne rien voir, mais ils ont applaudi le général…et le général est satisfait et toujours en place.

Début octobre 2014, lors d’un match de foot à Casablanca, les supporters n’encourageaient pas les équipes, mais hurlaient : « Daesch ! », « Djihad ! ». Il y a 80 ans, des bandes d’excités criaient : « Mort aux juifs ! » et cassaient des vitrines. Comme aujourd’hui, la myopie des Européens, la désinformation, les abandons de souveraineté, de culture et de tout ce qui fait une Nation, objectif premier de nos politiques de gauche, nous dirige vers un néant dont l’Occident ne se remettra pas avant quelques siècles.

La société française est vieillissante et divisée, sans élan, intellectuellement sclérosé. Le souci premier est de survivre. Chômage, retraites hypothétiques, insécurité, incivilités, peur. Tout ce qu’il faut pour l’individualisme, l’égoïsme, le racisme, et tous les « ismes » du dictionnaire.

Il a fallu deux mille ans pour forger une Nation française forte et rayonnante ; et le temps de deux générations pour la détruire. Dormez braves gens ! Tout va bien.