LE SOUVENIR FRANÇAIS REND HOMMAGE AUX MORTS POUR LA FRANCE DURANT LA DRÔLE DE GUERRE

Il y a 80 ans, le 3 septembre 1939, la France rentrait en guerre contre l’Allemagne. Commence alors une période que les historiens ont dénommé la « drôle de guerre » qui s’achèvera  le 10 mai par l’entrée en Belgique et dans les Ardennes des troupes allemandes. Cette drôle de guerre va faire plus de 3 000 morts parmi les combattants français. Des morts invisibles. Comment peut-on mourir pour une drôle de guerre ? Sous l’uniforme, en temps de guerre, sont déclarés « morts pour la France » ceux qui sont mort de maladie contractée en service, les morts par accident … Mais il y a aussi ceux des combats oubliés. La moitié sont morts au combat comme durant l’offensive de la Sarre qui fit 400 morts. Les combats aériens jusqu’au 10 mai 1940, firent 42 morts pour la France. Les combattants des corps francs firent 19 morts en toute discrétion. Il y avait aussi les explosions « accidentelles » de nos navires comme le « Pluton » devant Casablanca qui fit 647 morts. Le Souvenir Français a souhaité leur rendre hommage et les mettre sous la lumière de la mémoire.

Il semblerait que c’est le journaliste et écrivain Roland Dorgelès qui soit l’inventeur de la formule « drôle de guerre », il en fit le titre de l’un de ses reportages aux armées en octobre 1939, pour le journal Gringoire. Cette période a suscité de très nombreuses idées reçues ; la France n’était pas prête pour une nouvelle guerre, la mobilisation aurait connue de très grands dysfonctionnements, les soldats de 39 ne voulaient pas se battre … Ces arguments ne résistent pas à une étude approfondie. La mobilisation a été générale ; après les forces d’actives  (échelon A) et les hommes se trouvant dans les régions frontalières (échelon B1), tous les réservistes (échelon B2) rejoignent leurs unités. La France mobilise 29 classes d’âge, la plus ancienne, la classe 1909. Ceux des classes 1909 à 1917, soit 40% des mobilisés, ont déjà connu le feu. Les plus jeunes de la classe 1938, achèvent leur instruction militaire. Au total, 4 564 000 Français sont mobilisés, dont 725 000 servent hors de métropole. À la date du 15 septembre, l’armée est à pied d’œuvre. La SNCF a remarquablement fonctionné, appliquant de façon parfaite les plans préparés en vue du jour J. La plupart des témoignages montrent le « bon esprit » des réservistes.

Les combats ne sont totalement inexistants au cours de la « drôle de guerre ». 1 136 soldats de l’armée de terre, 256 marins et 42 aviateurs  français meurent en service commandé entre septembre 1939 et mars 1940. Dans le domaine aérien, 11 264 sorties sont effectuées du côté français durant cette période, 176 avions allemands sont abattus contre 57 du côté français et 82 du côté britannique. Sur mer, les sous-marins allemands font des ravages, 755 000 tonnes de navires alliés sont coulés. Dès le début de l’année 1940, les escortes de convois maritimes par des navires de guerre empêcheront les attaques et les allemands perdront 14 de leurs sous-marins. Des bâtiments français s’illustrent dans cette première bataille de l’Atlantique, comme le torpilleur « Sirocco » ou le bâtiment hydrographe « Amiral Mouchez ».

Le premier hiver de la guerre va provoquer une baisse de moral, ce sera la « dépression d’hiver » avec les communiqués militaires et leur traditionnel « rien à signaler ». Les soldats trouvent cette guerre immobile absurde. L’attente devient d’autant plus pénible que les conditions de vie s’aggravent. Dans les régions de l’Est de la France, il gèle sans interruption de décembre à février avec des – 15° à -24°. Un effort important sera fait sur l’alimentation. La ration du soldat est supérieure à celle des civils, 600 g de pain, 400 à 500 g de viande, 32 g de sucre, 32 g de café, 60 g de riz ou légumes secs, 60 g de lard ou graisse et 120 g de confiture. Pour les fêtes de fin d’année, les soldats reçoivent un « gamelin », gâteau vitaminé, du nom du général. Le vin est une priorité, depuis 1939, la ration réglementaire était d’un demi-litre par jour. Pour les fêtes de fin d’année et dans le cadre de l’opération « le vin chaud du soldat », des distributions gratuites et supplémentaires sont organisées.

Le déclenchement en avril 1940 de la campagne de Norvège marque le début de l’affrontement direct et met un terme à la période de la « drôle de guerre ». La défaite de 1940 résulte plutôt de la supériorité technique des Allemands et d’une conception moderne de la stratégie mais aussi des erreurs stratégiques du haut-commandement français plutôt que d’un manque de combativité de nos soldats. En six semaines de combats, l’armée française déplorera des pertes importantes, de 60 000 à 100 000 morts suivant les sources.