SI JE VOUS DIS QUE LES GAULOIS N’ONT JAMAIS EXISTÉ !

En tout cas pas sous cette appellation. Depuis la fin du 19ème siècle, nos manuels scolaires d’histoire nous ont transmis ce mythe qui n’est qu’une construction idéologique des politiciens du moment. Ce n’est qu’à partir de la conquête romaine que les différentes tribus acceptèrent le nom donné par les Romains, « Gallia ». Les Grecs, bien avant, les appelaient « Keltoï ».

C’était quoi la France d’alors ?

Une centaine de tribus, de dialectes, de croyances et de coutumes. Une myriade de peuples d’origine celte. Ces « Gaulois » que les manuels d’histoire décrivaient comme étant des sauvages, des rustres qui habitaient dans des huttes et qui avaient peur que le ciel leur tombe sur la tête.

Aucun témoignage écrit direct des Celtes ou des « Gaulois » n’a été retrouvé. C’est dans les textes des Grecs et des Romains que nous avons quelques détails. Jusqu’au moment de la conquête romaine, les tribus repoussaient toute forme d’autorité unique. Cette société tribale était en réalité bien différente de celle représentée dans les manuels scolaires du 19ème et du début du 20ème siècle, loin de cette représentation de guerriers barbares. C’était une civilisation brillante et commerçante et non des barbares chevelus et mal dégrossis.

Illustration de manuel d’histoire (1960).

« Nos ancêtres les Gaulois » n’ont plus rien à voir avec ce que le monde de la recherche sait de nos jours. Voltaire, dans l’Encyclopédie, décrit les Gaulois comme « la honte de la nature », et les récits du Second Empire et de la Troisième République sont totalement caducs. Historiens et archéologues d’aujourd’hui parlent un autre langage. De fait, chaque tribu dispose d’un territoire, d’une armée et de ses propres règles. La Gaule apparaît donc comme très divisée, mais toutes ces tribus ont un point commun, un savoir-faire dans le domaine de l’agriculture, l’urbanisme, le commerce et même de l’art.

Quelques tribus :

  • Parisii (Paris)
  • Bituriges Vivisques (Bordeaux)
  • Elysiques (Narbonne)
  • Médiomatrices (Metz)
  • Meldes (Meaux)
  • Namnètes (Nantes)
  • Segusiaves (Lyon)
  • Tolosates (Toulouse)
  • Volques Tectosages (Toulouse)
  • Aulerques Cénomans (Le Mans)

Et près d’une centaine d’autres, mais aucune ne porte le nom de « Gaulois ».

Dans les campagnes, un véritable réseau de fermes exploite la terre. L’agriculture est l’activité économique numéro un, principalement la culture des céréales (millet, orge, épeautre, blé), mais aussi l’élevage de porcs, bovidés, moutons, volailles… Cet excellent niveau tient à l’invention ou au perfectionnement des outils agricoles (faux pour le foin, haches et serpes pour le bois …). Ils excellaient aussi dans le domaine de l’extraction et la transformation des minerais.

Ils nous ont transmis quelques inventions pratiques comme les braies, ancêtre du pantalon. La bière, la fameuse cervoise, et les tonneaux en bois. Le savon, fabriqué à partir de cendres et de suif.

Les « Gaulois » sont aussi de très bon charpentiers, menuisiers, layetiers (fabricants de coffres) et boisseliers (seaux, baquets). Le savoir-faire des potiers fournit la vaisselle en abondance. Ce sont également de bons vivants qui raffolent de festins où le vin coule à flot. Vin que les commerçants Grecs phocéens, qui ont fondé Marseille en 600 av. J.C., leurs ont fait découvrir, bien que leurs boissons traditionnelles restent la bière et l’hydromel. Pour répondre à la demande « Gauloise » des millions d’hectolitres inondent la Gaule par l’axe Narbonne et la vallée du Rhône. Des navires de très grandes tailles pouvant transporter jusqu’à 10 000 amphores alimente ces « Gaulois » amateurs de vin rouge. Les Romains exportaient le vin rouge car ils étaient, eux, plutôt amateurs de vin blanc.

L’étude de restes alimentaires nous apprends qu’il existait, ce que nous appelons de nos jours des « boucheries », que les peuples côtiers naviguaient et pêchaient au large (lieus jaunes, daurades, bars, morues …)

Quelques inventions militaires sont aussi d’origine celte comme la cotte de maille (III° siècle avant notre ère), le casque en bronze, la bouterolle en fer, c’est un fourreau d’épée, le fer à cheval à clous.

   

Après la conquête de la Gaule, les légions romaines utilisaient également les cottes de mailles et les casques avec protèges joues, deux créations gauloises. Ils adopteront les braies également.

Pour le confort, ils n’étaient pas en reste. Le savon et les instruments cosmétiques comme les peignes en os, des miroirs, des forces (ciseaux), pinces à épiler, grattes oreilles et grattes ongles. Ils se rasaient avec des rasoirs et se teignaient les cheveux avec du lait de chaux, d’où l’image du « gaulois » aux cheveux blonds.

La fibule, ancêtre de l’épingle à nourrice, qui sert à fixer les extrémités d’un vêtement. Le matelas de laine, les braies (pantalon), les brogues, chaussure de cuir souple avec lacets. Quant à la nourriture, outre  la cervoise (bière), nos ancêtres étaient des spécialistes de la charcuterie et de la viande de porc. Ils pratiquaient la salaison qu’ils exportaient même au-delà de la Gaule. Le plus surprenant sans doute, le couteau à lame repliable et le briquet à friction. Par friction de l’acier contre le silex, associé à un combustible (l’amadou par exemple) se produit des étincelles qui enclenchent l’allumage. Cette méthode sera utilisé jusqu’au XIX° siècle.

Couteau repliable gaulois

Briquet

Nos « ancêtres les Gaulois » ont tout inventé dans le domaine de l’agriculture et de l’artisanat. Plus rien ne sera inventé jusqu’à l’avènement des machines de l’ère industrielle de ces derniers siècles.

Sachant travailler les minéraux, et l’or en particulier, ils vont émettre des monnaies dès le III° siècle avant notre ère. Le commerce sur les rives de la Méditerranée avec les Grecs fait connaître ce système monétaire aux sociétés celtes et, de plus, les Celtes, recrutés comme mercenaires par de nombreuses cités gréco-romaines, vont introduire la monnaie dans leur monde lors de leur retour au bercail.

Statère d’or de Vercingétorix

Potin, alliage de cuivre, d’étain et de plomb, d’usage courant.

Quelle langue parlaient nos ancêtres ?

Nous avons très peu d’information sur ce sujet, aucune littérature, ils écrivaient très peu et, quand ils le font, ils empruntent l’écriture des peuples avec qui ils sont en contact pour le commerce, les Étrusques d’Italie de Nord par exemple.

De cette langue ne subsiste que quelques expressions comme « C’est que… », des toponymes (Verdun), et environ deux cents mots comme, alouette, ardoise, auvent, blaireau, bouleau, caillou, char, chemin, charpente …

Écriture des « Gaulois »

Le gaulois était une langue celtique, autrefois appelée gallique, utilisée jusqu’au 5ème siècle. Cette langue a complètement disparu lors de la romanisation, contrairement au basque qui subsiste encore de nos jours. Les « Gaulois » avaient plutôt une tradition orale.

Les croyances religieuses de nos ancêtres étaient nombreuses, il y avait Taranis, le maître du ciel, Teutatès, le dieu de la guerre, Cernunnos, dieu de la fécondité, Épona, la protectrice des chevaux, Lugus, gardien du feu … Chaque tribu avait ses propres divinités. Mais il y avait des choses communes ; la mort par exemple : un passage vers le monde d’en haut ou vers le bas, sous terre, avant que l’âme ne se réincarne.

Le druide, dans la culture celtique, est à la fois ministre du culte, gardien du savoir et de la sagesse, et conseiller militaire du roi. Il est chargé de la célébration des cérémonies sacrées et lui seul a le droit de pratiquer les sacrifices. C’est aussi « l’homme-médecine ».

Les historiens du 19ème siècle ont inventé les gaulois pour déterminer une origine et une frontière à la France. Les auteurs latins, 150 ans av. J.C., utilisaient déjà le nom de « Gallia » et celui de « Galli » (Gaulois) pour désigner les Celtes installés sur ce territoire de la Galatie occidentale. César a écrit « La guerre des Gaules » parce qu’il voulait donner une importance à sa conquête. On redécouvre la Gaule au 19ème siècle, quand émerge l’histoire de notre nation, une autre histoire que celle des rois et des empereurs enseignée jusqu’alors, mais avec des arrière-pensées politiques et idéologiques.