BATAILLON MINERVOIS

HENRI MIQUEL, COMBATS ET SOUVENIRS

LE BATAILLON MINERVOIS, « FIDELITATE ET HONORE » 

Lorsqu’en 1944 les maquisards audois et héraultais rejoignent le 81ème Régiment d’Infanterie (R.I.), en formation, ils ignoraient sans doute le glorieux passé de cette magnifique unité. En effet, depuis 1791, l’ancêtre, le 81ème Régiment de Ligne, a combattu sous l’Ancien Régime, sous la Révolution, puis le Premier Empire. Il s’est ensuite illustré sous la Restauration puis le Seconde Empire. La Grande Guerre apportera deux citations à son drapeau grâce à l’héroïsme de ses soldats. Les autorités ne pouvaient que s’incliner devant le formidable élan patriotique des jeunes gens du Minervois devant l’occupation allemande, et jusqu’à la libération du pays. Après s’être illustré dans les combats du maquis de l’Aude, le Bataillon Minervois va, dans la tradition de ce régiment, s’illustrer aux combats de la Libération, puis au cours de la campagne d’Allemagne, jusqu’à l’armistice du 8 mai 1945.

Présentation du drapeau aux nouvelles recrues par des officiers blessés au combat (1914/1918)

Le 81ème R.I. termine la guerre de 1914/1918 avec deux citations à l’ordre de l’Armée et la fourragère aux couleurs de la Médaille Militaire.

Sur le drapeau sont inscrites les batailles de Marengo, Iéna, Isly, Puebla, La Montagne, le Mort-Homme, Flandres et La Serre.

En 1923, il reçut le surnom de « Régiment de la Flamme ». À ce titre, le 81ème R.I. fut chargé d’alimenter la Flamme du Soldat inconnu sous l’Arc de Triomphe à Paris.

En février-mars 1939, il est affecté à la surveillance des militaires espagnols en exode (Retirada) à Prades.

En 1940, bousculé par les Allemands, il se dirige vers le Sud, où il sera dissout en 1942. Mais en 1944, il renaîtra de ses cendres pour repartir au combat de plus belle avec le Bataillon Minervois ; ce sera l’Alsace, le franchissement du Rhin puis l’Allemagne, jusqu’à la victoire.

Filiation du 81ème Régiment d’Infanterie

1940 – Triste épisode d’une défaite militaire et de l’exode des populations du Nord. Il faut se remettre dans le contexte de cette époque, sans internet ni téléphone portable. Rares sont ceux qui possèdent un poste TSF, surtout à la campagne. L’information circule difficilement, même à l’armée. Le général Gamelin, chef d’état-major général de l’armée entre 1935 et mai 1940, date à laquelle il est limogé, était contre l’emploi de la TSF. Depuis son poste de commandement du château de Vincennes, il communiquait avec ses troupes par téléphone et par… estafettes. Les Allemands,eux, avaient inventé le blitzkrieg. La population est désorientée, les informations contradictoires circulent, c’est le chaos.

Dans le département de l’Aude, comme partout en France, les Audois vont subir les restrictions alimentaires dès le 23 octobre 1940. Il en est de même pour l’habillement et les chaussures, comme le relate Lucien Marty dans son magnifique ouvrage, « La Résistance audoise », tomes 1 et 2. Il nous donne l’ambiance de l’époque : « Des cartes d’alimentation, imprimées à Clermont-Ferrand, dans une entreprise de Pierre Laval, sont distribuées… Ce rationnement ne fournit que 1150 calories par jour, alors qu’il en faudrait 2800… Il faut noter aussi, que les épouses de prisonniers de guerre vont subir durant cinq longues années, une épreuve morale et matérielle… Dès 1940, il y a deux France, celle de Vichy et celle qui n’accepte pas la défaite et l’occupation… Si, par malheur, quelqu’un tente en public de déclarer son hostilité à Vichy ou à l’occupant, il est dénoncé. La délation bat son plein, alors que la Gestapo n’est pas encore en place ».

Dès 1940, des hommes et des femmes vont se rebeller contre Vichy et l’occupation du sol national par les Allemands. Ils ne sont pas très nombreux, mais c’est le noyau qui donnera ses fruits plus tard. Le premier maquis de l’Aude est le maquis d’En-Bec (région de Quillan). Les groupes de résistants s’ignorent, ils n’ont que des initiatives locales. Il faudra attendre 1941/1942 avant qu’ils ne soient intégrés dans un réseau.

Mais deux événements vont changer la façon de penser des Français. Il y a «  l’Appel du 18 juin » du général de Gaulle, que peu de gens ont entendu, mais le « bouche à oreille » a fonctionné. Puis, la signature, le 22 juin, de l’armistice qui prévoyait l’occupation des trois-quarts de la France. Notre territoire était séparé par une ligne de démarcation.

Le débarquement des alliés en Afrique du Nord va provoquer l’envahissement de la zone Sud. Le 27 novembre 1942, les Allemands entrent dans Carcassonne.

Les Allemands dans la caserne Laperrine à Carcassonne

Patrouille allemande dans la Cité de Carcassonne

L’APPEL DU 18 JUIN 1940

 

 1939 – La guerre éclate. Henri Miquel, de Tourouzelle, a 14 ans. Élève du Lycée Agricole Charlemagne depuis deux années, il est retiré de cet établissement pour aider sa famille, son père étant mobilisé.

Avant de développer notre histoire, une petite mise au point. Lorsque l’on étudie une période de l’Histoire, il est essentiel de se remettre dans le contexte de l’époque pour comprendre dans quel état d’esprit étaient le peuple et nos gouvernants d’une part, et le contexte international en général. Dans ce que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de la « Résistance », il y a plusieurs courants politiques, plusieurs périodes d’actions. De même que les termes utilisés pour désigner les gens de la Résistance abondent : rebelles, brigands, terroristes, maquisards ou soldats de l’ombre.

Pour refouler « la honte de la débâcle » de mai-juin 1940, peu de choses sont dites. Pourtant, près de 100 000 morts au combat attestent que le soldat français est un combattant. Les pertes allemandes au combat durant cette même période s’élèvent à 57 100 tués, 1 500 prisonniers ou disparus et autant de blessés, malgré la supériorité technique des matériels. Le problème de ces oubliés de l’Histoire : ils ont été les victimes de leurs chefs militaires qui dirigeaient notre armée comme en 1914. Le traumatisme de la débâcle va hanter les esprits, et le sentiment de revanche va animer les premiers résistants.

Dès 1940, nombreux sont ceux qui pensent à la revanche au sein de l’armée.  Avant que la Commission d’armistice ne soit en place, le colonel Rivet du 2ème Bureau, s’efforce d’expédier en Afrique du Nord du matériel et de l’armement qui pourront servir en cas de reprise des combats. Le général Colson fait une lettre manuscrite à chaque commandant de région militaire, les invitant à camoufler du matériel. Le colonel du Vigier met sur pied des groupes d’autodéfense (G.A.D.) chargés de surveiller et de collecter des renseignements sur les troupes allemandes en zone occupée. Le général Verneau envisage, dès 1940, la tactique de la guérilla.  L’O.R.A. (Organisation de Résistance de l’Armée) ne sera officiellement créée que le 31 janvier 1943, suite à l’invasion de la zone dite « libre ». Un regroupement de Résistants, en septembre 1943, va former l’A.S. (Armée Secrète). Trois mouvements de résistance  gaulliste, « Combat », « Libération Sud » et « Franc-Tireur », se regroupent pour plus d’efficacité. Jean Moulin propose comme chef le général Delestraint, le seul général à avoir été promu malgré la défaite. Le « Mouvement Uni de Résistance » (M.U.R.), issu de ces trois mouvements non communistes, malgré les divergences, vont fusionner en décembre 1943 avec les mouvements de zone nord, « Défense de la France », « Résistance » et « Lorraine » pour former le « Mouvement de Libération Nationale » (M.L.N.).

Les F.T.P. (Francs-Tireurs et Partisans) forment une résistance intérieure française créée fin 1941 par le Parti communiste français, après la rupture du pacte germano-soviétique et l’invasion de l’U.R.S.S.. Le P.C.F., sur ordre de l’Internationale Communiste, met sur pied une lutte armée sous la direction politique de Jacques Duclos. Le mouvement s’étendra en zone sud après l’occupation allemande le 11 novembre 1942.

Une multitude de groupuscules se développent, aussi bien en zone libre qu’en zone occupée ; ce sont des initiatives locales qui, dès 1940, vont s’en prendre à l’occupant pour créer l’insécurité. Le S.T.O. (Service du travail obligatoire) mis en place en 1943, crée une situation délicate pour le maquis. L’afflux de jeunes gens qu’il faut instruire, équiper, nourrir ; ce dernier point va provoquer des réquisitions auprès de la population, pas toujours très populaires.

Au Nord comme au Sud, guérilleros espagnols, anciens des brigades internationales, allemands antifascistes ou le M.O.I. (Main-d’œuvre immigrée) forment des groupes d’actions, ou se mêlent aux maquis déjà existants. Le débarquement de Normandie va encore accélérer cet afflux de combattants.

Pour le département de l’Aude, les maquis vont s’étoffer à cette même période : Picaussel, Trassanel, Minervois Myriel… Tous n’étaient pas gaullistes, mais tous voulaient en découdre avec l’occupant. Période difficile, incertaine, milice ou maquis, Vichy ou Londres ?

Pour les non-contemporains de cette période, quelques faits marquants pour comprendre l’ambiance de 1940. Le 10 juillet 1940, le Parlement français vote la confiance à Pétain. Sur les 700 parlementaires, 569 voix pour, 80 contre et 17 abstentions. Un début de prise de conscience pour résister à l’ennemi, c’est l’histoire de l’île de Sein ; 128 hommes, avec leurs bateaux de pêche partent vers l’Angleterre pour continuer la lutte. Il est raconté aussi que deux soldats, de retour de Narwick, furent réexpédiés vers l’Angleterre par leurs épouses « pour qu’ils ne soient plus les deux seuls hommes dans l’île, alors que les autres étaient tous partis ». En zone, dite « libre », Vichy impose le silence, les restrictions alimentaires, mais aussi culturelles (2 000 tonnes de livres interdits sont brûlés dans toute la France). La censure prend le pas sur la liberté d’expression. C’est le temps de la délation qui commence, alors que la Gestapo n’est pas encore en place.

Si, au début, la résistance à l’occupant dans la zone Nord et l’opposition au régime de Vichy en zone Sud, sont le fait d’individus isolés ou de petits groupes d’amis, rapidement ces mouvements vont s’organiser. Dans les régions faiblement peuplées comme l’Aude (285 000 habitants en 1940) les actions des maquis se portent, à partir de 1942, sur les voies de communications (routes et fer), les patrouilles ou les véhicules isolés. Il n’est pas question d’un affrontement de masse direct. Les moyens en armements et explosifs étant trop faibles, un engagement frontal aurait été catastrophique. Il faudra attendre les parachutages d’armes et de munitions de Londres, en 1943/1944, pour une réelle efficacité.

Si l’insécurité régnait sur les troupes d’occupation, il en était de même pour les Maquis. La Gendarmerie, la Milice et les G.M.R. (Groupes mobiles de réserve) traquaient les maquisards. L’attitude de la population est mitigée, les Français doivent choisir entre l’ordre établi par Vichy ou la Résistance. Ces derniers sont rendus coupables de la répression sanglante des Allemands et de la Milice. De plus, les réquisitions faites par les Maquis allaient en s’amplifiant, au fur et à mesure que les effectifs des combattants augmentaient. Il faut noter aussi que des profiteurs de ce moment rackettaient les commerçants sous prétexte de réquisitions pour le Maquis avec des bons de réquisitions fictifs.

Les combattants des Maquis ont été considérés par les Alliés comme une force d’appoint qui a gêné considérablement les déplacements des Allemands en retraite.

Billet de réquisition d’un Maquis

Sabotage de voies ferrées

 

 1940 – Henri Miquel a 15 ans, il réintègre le Lycée agricole Charlemagne, son père étant démobilisé. Il obtient le diplôme des Écoles d’agriculture avec médaille d’argent, en 1941.

DÉBUT DE LA GUERRE, DÉFAITE, ARMISTICE

Le monde bouge, les évènements se bousculent. Dans le département de l’Aude, comme dans la France en général, on ne mesure pas vraiment la gravité de la situation. La censure de la presse et le petit nombre de postes radio font que lecteurs et auditeurs ne perçoivent pas l’ampleur de la catastrophe.

Depuis l’agression soviétique en Pologne, les communistes du département sont mis à l’index, mis à pied, astreints à résidence dans des centres de séjour surveillés. Les conseillers municipaux communistes sont déchus de leur mandat.

L’attitude des étrangers est remarquable, et particulièrement celle des réfugiés espagnols. Des engagements de multiples nationalités sont enregistrés dans les bureaux de recrutement.

La population est presque surprise de voir arriver des réfugiés Belges ; les Audois avaient déjà accueilli les réfugiés Espagnols d’une autre guerre, celle d’Espagne. Le 10 mai, c’est l’attaque allemande dans la trouée de Sedan. Le 10 juin, Mussolini déclare la guerre à l’Angleterre et à la France dont l’armée est en pleine déroute. Le 14 juin, les Allemands sont à Paris. Le gouvernement s’est réfugié à Tours avant de rejoindre Bordeaux. L’armée française protège nos alliés britanniques qui réembarquent à Dunkerque. Les autorités organisent la défense passive et les salles de spectacles ferment. Les ministres changent, Pétain devient Vice-président du Conseil. Et puis… Paul Reynaud démissionne et le Maréchal Pétain devient le nouveau Président du Conseil. Il s’adressera le 17 juin aux Français par radio pour dire qu’il a le cœur serré et qu’il faut cesser le combat. C’est la défaite et l’armistice.

Tout est allé très vite, trop vite, pour comprendre quelque chose. Les conditions d’armistice coupent la France en deux, et les Audois sont soulagés d’apprendre qu’ils sont dans la zone dite « libre ». Le régime de Vichy se met en place avec de nouvelles règles et des restrictions dans tous les domaines.

 

LE PREMIER MAQUIS DE L’AUDE

Le premier maquis de l’Aude a été mis en place par les réfugiés espagnols, les Guérilleros. La première action eut lieu le 1er juillet 1942, en gare de Carcassonne, par le dynamitage de trois wagons à destination de l’Allemagne. Puis, après l’invasion allemande de la zone sud (11 novembre 1942), les Guérilleros font sauter les transformateurs électriques de Lézignan-Corbières, Couiza, Axat et Puivert. Le 17, ils font sauter un train de marchandises et le 20, ce sont les poteaux électriques qui sont détruits entre Chalabre et Mirepoix.

Au même moment, les maquis locaux vont organiser leurs équipes. Le manque de moyens réduit leurs activités à de petits sabotages et à la distribution de journaux clandestins. Dans le secteur du Minervois-Cabardès, Villeneuve-Minervois, à la limite des deux régions, en sera le centre de commandement et de coordination. Les groupes AS et AO feront peser une menace permanente sur ces zones, ce qui provoquera une répression sévère des forces de police, milice et occupants.

Parmi ceux qui ont dit NON à l’ordre nouveau et la perte de la liberté, Louis Raynaud, alias « Rollet », raconte :

« En 1943, le vase déborda. Notre jeunesse partait pour l’Allemagne, réquisitionnée pour le Service du Travail Obligatoire (STO) au profit de l’ennemi. C’est ainsi que notre premier maquis se forma, en juin 1943, avec des réfractaires au STO que j’installais dans ma petite propriété de la Plaine, commune de Bagnoles, à sept kilomètres au sud-ouest de Villeneuve-Minervois… » .

Sans armement, ou presque, l’action était difficile. Mettre sur pied une Armée Secrète (AS) sans contact extérieur semblait impossible. Louis Raynaud poursuit :

« En novembre 1943, Jean Bringer, alias « Myriel » prend le commandement de l’AS du département. Sous son impulsion, notre action prend forme. Homologations de terrains de parachutages : Font-Rougé, Trassanel, Saint-Martin, Citou et Pujol-de-Bosc… En décembre 1943, des groupes sédentaires sont formés dans chaque village du secteur par des hommes pressés de passer à l’action ; à Peyriac-Minervois, à Laure-Minervois, à Caunes-Minervois, à Villegly, à Villeneuve-Minervois, qui est devenu  le centre de la Résistance ».

Les parachutages d’armement ont lieu dès 1943, ce qui permettra les premières actions.

Conteneurs largués par les Alliés

Dans ces conteneurs, outre l’armement et des explosifs, il y avait également des fiches pour l’instruction. Données techniques, montage, démontage et entretien de l’armement. Dans certain maquis, des instructeurs militaires avaient été parachutés.

Les Instructeurs au travail

Fiches d’instruction pour la « Sten »

Fiches d’instruction pour  l’emploi de grenades parachutées avec les armes

 

 1942 – Ouvrier agricole, Henri Miquel a 16 ans, il est réquisitionné sur les chantiers de Sérame pour creuser des tranchées destinées à la protection des blindés. Il envisage de faire sauter les chars, mais la Résistance locale s’y oppose par crainte de représailles sur la population.

Fin 1943 – Le sous-armement des maquis se traduit par un fusil pour dix hommes. Les chantiers de jeunesse ont été une excellente formation à la vie en clandestinité, mais la guerre ne se résume pas aux chants autour d’un feu de camp. En 1944, les parachutages d’armes vont s’intensifier. Winston Churchill va affecter jusqu’à 100 avions aux missions de parachutages en France. Au total, 410 785 armes vont être larguées sur le sol français. Même si un cinquième d’entre elles tombent aux mains des Allemands et de la milice, l’équipement en pistolets-mitrailleurs, en fusils-mitrailleurs, armes antichars, mortiers et matériels de sabotage, va augmenter les actions contre les occupants et la milice. Pour la formation militaire, des professionnels sont parachutés dans les maquis, Américains, Anglais, Canadiens et Français, tous formés à la vie en clandestinité, aux armements, aux explosifs, à la radio… Parmi ces Français, un soldat qui deviendra célèbre, il va sauter sur l’Ariège avec son équipe le 6 août 1944. Son nom de code de résistance : « Aube », son nom dans le civil, Marcel Bigeard. Promu commandant (fictif), il sera conseiller technique pour les F.F.I. (mission « Jedburgh »).

Valise radio dans la clandestinité

Paul Swank Un lieutenant américain, Paul Swank, tué le 17 août 1944 à Cascabel près d’Alet les Bains. Il avait été parachuté avec 14 hommes dans la nuit du 10 au 11 août et avait rejoint le maquis de Salvezines.

                                                                         

Pour les maquis, un autre problème voit le jour. En effet, les autorités allemandes considèrent les Résistants comme des terroristes et affirment que le droit international n’accorde pas aux individus participant à des actions de guerre contre l’occupant, la protection à laquelle peuvent prétendre les soldats réguliers. L’article 10 de la convention d’armistice stipule que les ressortissants français qui combattraient contre le Reich allemand, seraient traités comme francs-tireurs. Les rebelles tombant entre leurs mains ne seront donc pas traités comme prisonniers de guerre, et seront fusillés sur le champ.

Carte de la Résistance dans l’Aude

 

À partir de 1943, la montée en puissance des maquis dans le département s’organise sous l’impulsion de ses chefs. Les parachutages d’armes et de munitions s’accélèrent, et les premières actions d’envergure causent des pertes sévères à l’ennemi. La riposte des Allemands et de la milice est sanglante.

Un jour, un message de la B.B.C. de Londres résonne dans les postes T.S.F. des familles audoises :

« Le grand-père boit de la carthagène… »

C’est le signal, les maquisards rejoignent leurs bases. Ils sont prêts pour l’action.

La retraite des Allemands dans l’Aude, dure du 19 août au 24 août 1944. Les Allemands sont harcelés par les maquis, il en résulte une dizaine de combats dans le Minervois.

BIZE, 16 août.

Un groupe F.F.I. se place en embuscade à Cabezac, en bordure de la route Carcassonne-Béziers. Vers 18h30, passe un convoi allemand. Les véhicules sont mitraillés au passage.

PEYRIAC-MINERVOIS, 19 août.

L’équipe locale F.F.I. attaque à la grenade un camion allemand faisant partie d’un convoi qui en comprend une vingtaine. Les Allemands ont 3 tués et 6 blessés. Ils abandonnent le camion et pillent plusieurs maisons avant de poursuivre leur route.

PUICHERIC, 19 août.

L’équipe F.F.I. de Rieux-Minervois attaque par surprise une colonne allemande. Cette dernière subit des pertes sévères : 19 tués dont 2 officiers et de nombreux blessés. L’arrivée de 2 chars ennemis met fin au combat qui a duré deux heures.

LA REDORTE, 19 août.

Au moment où la garnison allemande quitte la localité, elle est attaquée par le groupe local F.F.I., renforcé par des groupes voisins. L’ennemi a 1 tué, 3 blessés et 8 prisonniers. Ils abandonnent 4 camions.

VILLENEUVE-MINERVOIS, 20 août.

Le groupe « Minervois » est informé en fin de journée de l’arrivée, par la route de Carcassonne-Béziers, d’un convoi de quarante camions ennemis. Deux détachements, l’un commandé par Louis Raynaud et l’autre par René Piquemal, vont prendre position immédiatement aux carrefours qui conduisent au village. Le convoi allemand passe au premier carrefour sans rien déceler. Quand il se présente au deuxième, il est stoppé par un tir au fusil-mitrailleur. Le détachement posté au  premier carrefour tire alors à son tour. Les Allemands, dont certains étaient accrochés aux ridelles des camions, sautent à terre. Ils se placent dans les fossés et essaient de riposter, mais bien protégés, les F.F.I. tirent toujours. À la tombée de la nuit, ils se replieront sur le village. La colonne allemande ne repartira qu’à 03h00 du matin, emportant ses morts et ses blessés. Deux motos et 3 camions sont abandonnés. Les F.F.I. déplorent un blessé.

LESPINASSIÈRE, 22 août.

Un détachement du groupe « Minervois » aux ordres des capitaines Raynaud et Piquemal, se met à la poursuite d’une cinquantaine d’Allemands qui montent vers le col de Salettes. Ils ne seront rattrapés qu’après le col. Le combat dure une heure. Dès les premières minutes, Julien Vignon, chef du maquis de Citou, est tué. Du côté allemand, il y a 4 tués et 15 prisonniers.

LA REDORTE, 23 août.

Les F.F.I., 72 hommes, du Minervois, sous les ordres du commandant Bousquet, attaquent un convoi allemand qui comprend 17 camions. Le combat dure trois heures. Il ne cessera que lorsque les F.F.I. auront épuisé leurs munitions, et risqueront d’être débordés. L’ennemi a eu des pertes sérieuses. Les F.F.I. ont un blessé léger. Ils ont délivré 16 civils, otages des Allemands.

RIEUX-MINERVOIS, 24 août.

Sur la foi d’un renseignement qui annonce la marche sur la localité d’une quarantaine d’Allemands, l’équipe locale F.F.I. se met en embuscade aux abords du village et attaque le détachement allemand. En fait, ce dernier n’est que l’avant-garde de 2 bataillons ennemis et d’un convoi de Géorgiens. Le combat, commencé vers 10h00, se poursuit sur les mêmes positions jusqu’à midi. Les Allemands n’avancent pas, bien qu’ils aient déployé un bataillon de chasseurs qui attaque le village. À midi est donné l’assaut général. Un combat de rues s’engage. Malgré le renfort apporté par les groupes venus des villages voisins, les F.F.I. sont obligés de se replier. Les Allemands, maîtres du village, achèvent les blessés, fusillent un otage et pillent des maisons. Ils ont subi des pertes sévères, une cinquantaine de tués et de blessés. Du côté français, civils et F.F.I., il y a 11 tués et 7 blessés.

Dans les derniers jours de l’occupation allemande, le maquis « Minervois » se reforme près de Villeneuve-Minervois, en regroupant les équipes sédentaires, les équipes du maquis de Citou et les rescapés du maquis de Trassanel. Ils seront sous les ordres du commandant Bousquet.

Le samedi 19 août 1944, des avions alliés attaquent un convoi allemand qui circulait entre Homps et Pouzols. De nombreux morts jonchent la route, une quinzaine de véhicules détruits et un stock important de matériels abandonné par les Allemands.

Le lendemain, 20 août, le dernier Allemand vient de quitter Tourouzelle. Henri Miquel, chef de la milice patriotique fait sonner les cloches de l’église du village et les habitations pavoisent leur maison de drapeaux aux couleurs nationales.

ENGAGÉ POUR LA DURÉE DE LA GUERRE

Par voie d’affiches et de « bouche-à-oreille », le recrutement va débuter en septembre 1944. Le capitaine Piquemal raconte :

« Le cantonnement de mon unité était prévu au château de Septsérous, commune de Badens. J’y installais mon P.C. dès le premier jour et commençais d’y recevoir les « engagés pour la durée de la guerre »…

« Bientôt le cantonnement de Septsérous se révéla insuffisant… Mi-septembre, la compagnie du Minervois quitta le château pour aller s’installer à la caserne Laperrine à Carcassonne ».

Dès l’arrivée à Carcassonne, le bataillon va adopter le nom de « Minervois ». L’ordre de bataillon s’organise comme suit :

État-Major

Chef de Bataillon : commandant Allaux

Adjudant-major : capitaine Coumes

Officier de détails : lieutenant Sanuy

Officier de ravitaillement : lieutenant Larroque

Officier des transports : lieutenant Dejoie

1ère compagnie :

capitaine Piquemal

lieutenant Rey

sous-lieutenants Cioppani et Mahous

aspirants Darche et Andrieu

2ème compagnie :

capitaine Gayraud

3ème compagnie :

lieutenant Barraza

4ème compagnie :

capitaine Azalbert

lieutenant Desfours

sous-lieutenants Barrie et Raynaud

Le lieutenant Rey, les sous-lieutenants Barrie et Raynaud, les aspirants Darche et Andrieu sont détachés à l’École des Cadres d’Aix.

La 3ème compagnie, en formation, était encore provisoirement cantonnée à la caserne Montmorency à Narbonne.

1944 – ANNÉE SANGLANTE POUR LE DÉPARTEMENT DE L’AUDE

La tragédie de Trassanel, le 8 août 1944

La grotte du Maquis de Trassanel

Depuis début août, les Allemands recherchent le Corps-Franc de la Montagne Noire. Ce dernier, dispersé, reste introuvable. Mais les Allemands ratissent le terrain, et c’est ainsi qu’ils localisent le maquis de Trassanel, commandé par Antoine Armagnac, à la ferme de l’Aribaud. L’aviation allemande intervient  et la ferme est incendiée. Mais le maquis l’avait déjà évacuée, et, ne sachant trop où aller, car les Allemands sont partout, ils font une halte à la bergerie du Picarot. Le 7 août, ils décident d’abandonner la bergerie et tentent de rejoindre le maquis de Citou. Ils font une halte à la grotte de Trassanel.

Le lendemain, 8 août au matin, l’arrière-garde, qu’Antoine Armagnac avait laissée à la bergerie, est surprise par les Allemands. Les maquisards sont abattus, les blessés achevés d’une balle dans la tête. Sans nouvelle, Antoine Armagnac envoie un homme en reconnaissance, qui est accueilli par des coups de feu. Blessé, il réussit néanmoins à rejoindre ses camarades à la grotte. Vers 19h00, la colonne quitte les lieux. Rapidement une fusillade éclate. Les Allemands tirent au fusil-mitrailleur et au mortier, interdisant toute retraite. Les hommes tombent, touchés mortellement, d’autres, blessés, sont achevés à la baïonnette. Une trentaine de maquisards sont faits prisonniers. Les Allemands les emmènent dans le creux d’un chemin et les fusillent. Cinq réussiront à s’échapper. Les fusillés reçoivent le coup de grâce, mais deux d’entre eux survivront : Henri Thaon et Louis Bouisset.

Le 9 août, on ramassera 7 corps à la bergerie, 19 près de la grotte et 15 sur le chemin de Villeneuve, au total 41. Parmi eux, Antoine Armagnac.

Quatre maquisards sont faits prisonniers. Ils seront exécutés à Baudrigues le 19 août.

Antoine Louis Marius Armagnac, né le 6 avril 1912 à Quillan

Chef du maquis de Trassanel

LE MASSACRE DE BAUDRIGUES, 19 août 1944

Baudrigues après l’explosion

Les Allemands sont en train d’évacuer Carcassonne, le 19 août au matin. La Gestapo va régler ses comptes avec la Résistance avec une sauvagerie incroyable.

Les Allemands informent la Croix Rouge qu’il sera inutile de servir les repas à la prison, les prisonniers vont être transférés. Inquiétude du Préfet qui demande à la Croix Rouge de proposer l’échange de six prisonniers allemands détenus par les F.F.I. contre la libération de Jean Bringer (Jean Bringer a été arrêté le 29 juillet 1944 avec la complicité d’un agent français de la Gestapo),  d’Aimé Ramond (Aimé Ramond a été arrêté le 30 juillet sur dénonciation) et du docteur Delteil. Les Allemands acceptent la libération du docteur Delteil et quelques autres prisonniers. Jean Bringer et Aimé Ramond, ainsi que quatre hommes et deux femmes, sont déjà en route vers une destination que les Allemands refusent de donner.

À quelques kilomètres de Carcassonne, à Roullens, une grande activité se fait autour du château. En effet, depuis novembre 1942, le lieu abrite un dépôt de munitions de gros calibres. Le régisseur du domaine est sommé de quitter les lieux ainsi que tout le personnel. L’ensemble du dépôt est miné.

19 août – 12H45.

Une première explosion se fait entendre, d’autres vont suivre. A 16h00, dernière explosion, neuf dépôts sur les seize du site ont sauté. Le lendemain, deux corps sont découverts dans le parc, puis, le 21, un troisième corps, mais il est impossible de prospecter plus loin, il faudra faire venir les démineurs de Montpellier.

Le travail de déminage est terminé le 28 août, on découvre alors l’horreur. Des cadavres déchiquetés, au total, neuf victimes, sept hommes et deux femmes. Seuls deux cadavres ont pu être identifiés : Aimé Ramond reconnu par le docteur Delteil qui l’avait opéré du ventre, et Jean Bringer.

Inauguration d’une stèle commémorative de la disparition d’Aimé Ramond dans la clairière de Baudrigues

Jean Bringer, alias Myriel, de son vrai nom Jean Bérenger, né le 28 août 1916 à Vincennes

Aimé Ramond né le 30 août 1918 à Montgeard. Un des responsables de la N.A.P. Police (Noyautage des Administrations Publiques), mouvement de résistance des fonctionnaires. Assassiné le 19 août à Baudrigues.

 

TERREUR À CARCASSONNE. 20 août 1944

Les Allemands ont évacué le département de l’Aude, mais la libération n’est pas totale. En effet, des troupes allemandes en retraite, venant de la région sud-ouest,  traversent la ville de Carcassonne. Dans leur retraite, ils se font attaquer par les maquis et se font mitrailler par l’aviation alliée. Les Allemands sont aux abois. Ils manquent de moyens de transport.

L’une de ces colonnes, venant de Toulouse, arrive le 20 août à Carcassonne. Ils cherchent des moyens de locomotion, et volent bicyclettes, voitures, camions. Ils pénètrent chez l’habitant pour voler vivres, bijoux, argent…

Il est 12h30. Des coups de feu sont tirés d’un toit. Les Allemands ripostent. Il y a des morts et des blessés. Ils tirent sur tout ce qui bouge, le feu est particulièrement nourri dans le secteur du Quai Riquet. Les Allemands prennent une vingtaine d’otages et préviennent les autorités que les otages seront fusillés et la ville incendiée si les tirs ne cessent pas.

En fin de journée, les Allemands évacuent la ville. Ils ont libéré les otages, mais ont incendié les habitations Quai Riquet. La journée a été sanglante, 28 tués civils. Sur la route, les Allemands tirent sur tous ceux qu’ils rencontrent ; à Trèbes, à Blomac, il y a des morts.

Quai Riquet après l’incendie.

Les F.F.I. investissent la ville.

  

1944 – Henri Miquel s’investit dans les Forces Françaises de l’Intérieur. Il est élu chef de la milice patriotique de Tourouzelle. En septembre 1944, à 18 ans, il répond à l’appel du capitaine Piquemal et rejoint le village de Rustiques dans un camion benne. Il est intégré au Bataillon Minervois.

Particularité des engagements au Bataillon Minervois, ces engagements seront effectifs pour la durée de la guerre, sans formalités administratives et sans visite médicale. Les chefs des maquis ont rédigé eux-mêmes un formulaire d’engagement collectif avec les noms de leurs hommes.

CHEMINEMENT VERS LES COMBATS DE LA LIBÉRATION

En août 1944, le 81ème R.I. est reconstitué à Carcassonne sous le commandement du lieutenant-colonel Bousquet. Le régiment comprend trois bataillons avec les effectifs provenant des maquis : 1er bataillon « Picaussel », 2ème bataillon « Minervois », 3ème bataillon « Myriel » provenant des F.F.I., des Corps-Francs et des maquis de l’Aude, de l’Hérault, de Lozère et de l’Aveyron.

ORDRE DE BATAILLE DU 2ème BATAILLON (MINERVOIS)

État-major

Chef de bataillon : commandant ALLAUX

Adjoint : capitaine COUMES

Officier de détails : lieutenant SANUY

Officier de ravitaillement : lieutenant LAROQUE

Officier des transports : lieutenant DEJOIE

Commandants d’unité :

5ème compagnie : capitaine PIQUEMAL

6ème compagnie : capitaine GAYRAUD

7ème compagnie : lieutenant BARRAZA

8ème compagnie : capitaine AZALBERT

En décembre 1944, le 81ème R.I., commandé par le colonel de Chambrun, secondé par le lieutenant-colonel Bousquet, intègre la 9ème Division d’infanterie coloniale (D.I.C.), rattachée à la 1ère Armée du général de Lattre de Tassigny. Sans formation préalable, mais avec leur expérience des maquis, ils vont en instruction militaire dans la région du Doubs.

Général Jean de Lattre de Tassigny

La 1ère Armée va être renforcée par les troupes issues des F.F.I., décision officialisée par le décret du 23 septembre 1944, ce qui permettra de remplacer les troupes venues d’Afrique. C’est « le blanchiment de la 9ème D.I.C. ». L’hiver étant là, les Africains seront ramenés vers les camps du Sud, comme Fréjus. Les F.F.I. seront 75 000 à la fin du mois de novembre 1945, venant de tous les maquis de France. Il était important pour l’armée de Lattre de combler les pertes de la campagne d’Italie et du débarquement de Provence.

21 décembre 1944.

Au cours d’une prise d’armes devant le Monument aux Morts de Carcassonne, le colonel Zeller, commandant la 16ème Région, remet au colonel de Chambrun, le glorieux drapeau du 81ème Régiment d’Infanterie. La cérémonie sera suivie d’un défilé.

Défilé à Carcassonne

22 décembre 1944.

Les ordres de mouvements arrivent enfin. Le détachement précurseur part immédiatement en direction de Vesoul. Le gros du Bataillon partira le 23 décembre de la gare de Carcassonne. Auparavant, l’ordre de bataille du Bataillon va changer : le lieutenant Lovicky devient officier adjoint au Chef de Bataillon. Le capitaine Gayraud prend le commandement de la Compagnie de Base. Le lieutenant Trilles prend le commandement de la 6ème compagnie et les lieutenants Julien et Guglieta sont affectés à la 7ème compagnie.

À 13 heures, le convoi fait mouvement sous les ordres du lieutenant-colonel Bousquet. Narbonne, Béziers, Montpellier, Nîmes… Puis subitement, le froid, la neige. Le 24 décembre, trois wagons déraillent ; le train est stoppé quelques heures. Le voyage se poursuit vers le nord… Paray le Monial, Montceau les Mines, Monchanin, Beaunes, Dijon en pleine nuit. C’est la nuit de Noël. Le lieutenant-colonel Piquemal écrit dans ses souvenirs : « Des chants retentissent dans tous les wagons, les sacs sont ouverts et des ressources culinaires aussi abondantes que variées (nos familles ont peut-être prévu cela) nous permettent de préparer un réveillon qui, s’il n’est pas très confortable (le manque de place est assez gênant), n’en est pas moins joyeux ».

Le train continue sa progression nocturne, et, à 08H30, le convoi arrive à Pontarlier. Il faudra attendre 14H00 pour  débarquer, à Mamirolles, à 15 km des futurs cantonnements. Quinze kilomètres de marche à pied dans un froid glacial et pénétrant.

L’État-major et la Compagnie de Base s’installent à Bouclans.

La 5ème Compagnie à Osse. La 6ème Compagnie à Champlive. La 7ème Compagnie à Ambre puis Nancray. La 8ème Compagnie à Vauchamps.    

Emplacements des cantonnements pour l’instruction

L’instruction militaire s’accélère et, parallèlement à cela, l’habillement et les équipements arrivent à partir du 5 janvier 1945. Il était temps, car les tenues, comme l’armement, très divers, faisaient de ces soldats une troupe de Routiers du XIIème  siècle plutôt qu’une armée du XXème siècle. Pour uniformiser l’armement et donc les munitions (origine anglaise, allemande, française) il est procédé par échanges entre unités. Le 81ème R.I. sera entièrement équipé à l’américaine en mars 1945.

Le 9 janvier, le régiment reçoit l’ordre de départ pour l’Alsace. Dans la nuit du 9 au 10 janvier, le matériel arrive, ainsi que les camions de la 1ère Armée.

10 janvier 1945 : 08H00.

Le personnel embarque et le régiment, regroupé à Bouclans, quitte la zone… Il neige, il fait particulièrement froid. Après avoir traversé Belfort, Altkirch, Stetten, débarquement près de Magstatt le Bas. Le régiment est en réserve du Corps d’armée. Le 13 janvier, le régiment doit relever les éléments du 6ème R.T.M.. Pas pour longtemps. En effet, le même jour, de nouveaux ordres tombent pour relever des compatriotes, le 3ème bataillon de la Brigade Légère du Languedoc, près de Niffer.

19 janvier.

C’est la première relève sur la ligne de front. La ligne de défense est organisée en points d’appui (P.A.). Pendant la mise en place, les Allemands vont tester les nouveaux arrivants à coup d’obus de 88 et de patrouilles. Ils sont vigoureusement repoussés, et laissent quelques cadavres sur le terrain. En face de certains P.A., les Allemands sont à peine à une trentaine de mètres, et les échanges de grenades sont fréquents. Ces 18 jours de combats ont été très durs face à un ennemi expérimenté. Le froid, la faim, la soif, le manque de sommeil, le danger permanent, les morts et les blessés, en particulier au PA2, ont été une rude épreuve. Le PA2 avait été surnommé le « ravin de la mort » par nos prédécesseurs.

Le régiment, fort de ses 2 216 hommes, tous volontaires, va participer à la libération de Mulhouse et de Colmar où le 81ème R.I. est chargé du nettoyage des poches de résistance allemande. Puis ce sera le franchissement du Rhin à Germersheim, le 5 avril 1945, et la prise de Rastatt, les 11 et 12 avril 1945, au prix de lourdes pertes, combats victorieux qui ouvriront le passage de la 2ème D.B..

Passage du Rhin de la 9ème Division d’Infanterie Coloniale (DIC)

 

1945Durant cette période de combats intenses, Henri Miquel vient d’avoir 19 ans.

Les actions s’enchaînent, et les rangs s’éclaircissent. Des camarades d’enfance ont disparu dans la tourmente des combats ; ils étaient d’Homps, d’Olonzac …

6 février.

Le 1er Bataillon vient relever le 2ème. Les compagnies s’installent à Geispitzen et Schlierbach pour la nuit. Une nuit brève. En effet, le 19ème B.C.C.P. va attaquer Niffer, et notre bataillon doit être prêt à entrer en action au cas où.

7 février : 13H00

La mise en place est terminée. Après une courte préparation d’artillerie, le 19ème B.C.C.P. va atteindre Niffer sans problème. Enfin, quelques jours de repos pour récupérer du manque de sommeil et du stress de l’action.

18 février.

Après un rapide mouvement en camions, le Bataillon se trouve au Sud de Strasbourg, le long du canal d’Alsace, parallèle au Rhin. Les accrochages sont fréquents.

Le 16 mars est un grand jour pour le Bataillon. En effet, ce jour-là est marqué par l’arrivée du matériel tant attendu. En plus de l’armement, 11 Dodges, 18 camionnettes et 6 chenillettes anglaises. Dans le lot, il y avait aussi  8 motos et 40… vélos.

Henri Miquel, debout, 2ème en partant de la gauche.

 

C’est une période de déplacements continuels. Le 3 avril, le Bataillon relève des éléments du 23ème R.I.C. à Gambsheim. Il faut sécuriser un front de quinze kilomètres le long du Rhin. La solution est d’organiser les villages en points d’appui. La 5ème compagnie occupe Wantzenau.

Encore un séjour de courte durée car, le 7 avril, la 5ème compagnie est relevée par des éléments du 152ème R.I.. Une journée de joie pour la compagnie d’Henri Miquel. Ils franchissent la frontière à Lauterbourg… Ils sont en Allemagne, et traversent le Rhin allemand sur un pont de bateaux, à Germersheim.

Après la campagne d’Alsace et le passage du Rhin, l’axe de pénétration en Allemagne du 81ème R.I. est Karlsruhe – Rastatt – Forêt-Noire, le long du Rhin. Les derniers combats avant l’Armistice du 8 mai 1945. La déroute des troupes allemandes va se transformer en débandade.

Les gars du Minervois croisent des camions avec des prisonniers français libérés, qui, après cinq années de captivité, vont retrouver femmes et enfants dans une France libre. Le 8 avril, le Bataillon entre à Karlsruhe.

Henri Miquel raconte, ce qu’il appelle « une leçon d’humanité » :

 « Nous venions de prendre la ville de Karlsruhe. Notre unité était chargée d’occuper la cité, alors que le 1er Bataillon du régiment était engagé dans un rude combat, à Rastatt, avec de lourdes pertes.

J’étais de garde devant l’immeuble occupé par l’État-major du régiment, l’Hôtel de ville. Il était 09H00 du soir.

Tout à coup, une ambulance arrive en trombe, et s’arrête devant moi. La convoyeuse en descend et me dit : « Vite, de l’eau pour mes blessés.  Il n’y a plus d’eau dans la ville, les canalisations ont été coupées, et l’on m’a dit qu’il y en avait encore ici ». Je vais chercher de l’eau et la ramène dans une grande bouteille. La convoyeuse ouvre l’ambulance et là je vois un épouvantable entassement de corps, ceux du dessous étaient morts et au-dessus des blessés graves ; membres arrachés, ventres ouverts et tendant une main vers ma bouteille, un soldat qui avait reçu une balle dans la bouche d’où dégoulinait du sang et de la salive mêlé.

Mais j’ai vu aussi qu’il ne s’agissait que de soldats allemands, alors que je m’attendais à ne voir que des Français. J’ai dit à la jeune femme : « Moi, je ne sers pas de l’eau à des ennemis ! ».

Elle m’a pris la bouteille et s’est mise à désaltérer les blessés. Après avoir terminé, elle me dit : « Toi, tu ne vois là que des Allemands, moi je ne vois que des blessés ». Puis, elle ajouta dans un sourire amical, devant mon air figé, et consterné car je venais de prendre conscience de la cruauté de mes paroles : « Il est bon que, dans un grand pays comme le nôtre, il y ait des guerriers comme toi pour le défendre et des bonnes femmes comme moi pour soigner les blessés… Tous les blessés ! ».

Puis, en démarrant l’ambulance pour aller à l’hôpital, elle me fit un signe de la main. Avec un dernier sourire, elle cria un vibrant : « Vive la France ».

Cette leçon d’humanité reçue ce jour là est demeurée dans ma mémoire toute ma vie. Et parfois, lorsque je doute de mon pays, le souvenir de ce « Vive la France » me redonne confiance en lui ».

 

19 avril. Nouveau mouvement. Déplacement vers Offenbourg. En cours de route, changement et direction Lahr. Après une nuit de repos, le 20 avril, il faut quitter les grands axes pour pénétrer en Forêt-Noire, où se trouvent encore des nids de résistance allemande.

Le Bataillon part à pied de Lahr vers son objectif. La 5ème et la 7ème compagnies se portent au Sud, sur l’itinéraire Schutterthal – Welchen -Steinnach, et la 6ème par le Nord. Sur la côte 307, des armes automatiques prennent à partie la 6ème compagnie, qui progresse néanmoins jusqu’au carrefour de Bendenkirch, bientôt rejointe par la 5ème et 7ème compagnies.

Les compagnies s’installent en point d’appui pour la nuit. Cette journée a encore éclaircit les rangs du Bataillon : 3 tués, dont le sergent Jean Salacrush de Tourouzelle, et 8 blessés. Au bilan de cette journée, une trentaine de prisonniers allemands.

Le lendemain matin, le Bataillon continue sa poursuite vers Hofstetten. Une marche très pénible sur un terrain pentu et touffu. Il faut « nettoyer » le secteur. Quelques accrochages en cours de route, le Bataillon fait quelques prisonniers.  À 17H30, arrivée à Haslach.

Aspect du paysage en Forêt-Noire. Col de Kandel

Durant cette période, il devient évident que c’est la fin du IIIème Reich. Hormis quelques fanatiques comme les SS, les Allemands se rendent après un bref combat. Un problème se pose au Bataillon : avec le nombre important de prisonniers, il faut se priver de soldats pour les garder et les convoyer vers des zones de regroupement.

Tout va très vite désormais.

22 avril. Le Bataillon occupe Elsach, Bieyrac et Waldkirch.

23 avril. Le Bataillon fait 50 prisonniers.

24 avril. Le Bataillon fait 36 prisonniers.

25 avril. Opération de « nettoyage » de la vallée de Simonswald.

26 avril. Nouveau déplacement. La 5ème compagnie doit faire mouvement sur Sankt Peter et Sankt Mäergen. Il faut arriver avant la nuit. À 11H00, après une marche rapide, la compagnie arrive sur son objectif et occupe Sankt Peter et Sankt Mäergen.

Au cours de patrouilles dans les environs, le 27 avril, la 5ème compagnie fait 66 prisonniers, le 28, 44 prisonniers, et le 29, 58 prisonniers.

Le même jour, la 6ème compagnie est accrochée par une unité SS : 1 tué et 1 blessé dans nos rangs.

Le 3 mai, la 5ème compagnie fait 30 prisonniers près de Sankt Mäergen.

Quelques jours avant la victoire, un « fait d’armes » très particulier va se produire. Henri Miquel raconte avec un grand sourire :

« Un jour, dans la Forêt Noire, après avoir pris un village, nous sommes repartis et en chemin, l’on m’a proposé d’utiliser la bicyclette de la section… Je monte sur le cycle et dépasse les hommes de tête. À la sortie d’un virage, je vois en face de moi, à trente mètres, des soldats allemands qui viennent vers moi. Je m’arrête, prend mon fusil, affûte,  et  je constate que les ennemis lèvent les mains en signe de reddition. Lorsque ma section arrive à mon niveau, je présente mon « butin » : vingt soldats allemands prisonniers, avec armes et équipements. »

Avec émotion, même 73 années plus tard, un autre fait a marqué Henri Miquel. Cela se passe également quelques jours avant la fin des hostilités. Un détachement du bataillon devait accompagner, à pied, une colonne de prisonniers allemands de Sankt Märgen à Fribourg, soit une cinquantaine de kilomètres.

Henri Miquel raconte :

« Vers midi, arrive le moment de la pause, qui durait habituellement de 10 à 15 minutes. J’étais assis sur le sol, à l’ombre d’une touffe d’arbres, le dos calé contre un talus. Un prisonnier allemand vient s’asseoir à côté de moi. Je voulus le lui interdire, car il pouvait se saisir de mon arme. Mais lorsque je vis son jeune visage et son air fatigué, je le laissais faire. C’était un garçon qui devait avoir quinze ou seize ans. Il était vêtu d’une blouse kaki, genre toile de tente, serrée à la taille par une large ceinture, un pantalon gris vert et des bottes qui étaient manifestement trop grandes pour lui. Il s’affala sur le talus, ferma les yeux. Son visage reflétait souffrance et détresse. Je songeais alors qu’il venait de marcher depuis plus de 100 kilomètres avec des bottes qui lui entamaient les pieds. Je pensais aussi que, si nous n’étions pas en guerre, ni ennemis, nous pourrions, tous les deux, deviser sur des sujets de notre âge, le sport, les filles, le cinéma, les voitures, et comme il ouvrait les yeux, je lui adressais un sourire. La pause terminée, les prisonniers se remirent en colonne mais mon voisin ne bougea pas. Il était mort, sans un mot, sans une plainte. Mort de fatigue, de détresse, et peut être de faim, tout seul, loin de ses parents et de ses amis, loin de quelqu’un qui aurait pu lui tenir la main durant cette épreuve. Il avait dû être mobilisé malgré son jeune âge, et les épreuves subies avaient eu raison de lui… ».

8 mai 1945.

C’est le jour de la victoire. Le commandant Piquemal rassemble son unité sur la place du village de Sankt Märgen et annonce la grande nouvelle. Il fait jurer à sa troupe de se réunir chaque année pour commémorer cette victoire. Ce fut fait durant 65 ans.

Le défilé de la victoire eut lieu à Berlin. Notre régiment, le 81ème R.I., a eu l’honneur de fournir un détachement pour défiler aux côtés des Alliés. La 1ère Armée de Lattre était composée de beaucoup d’étrangers. Il y avait la Légion avec ses Espagnols, ses Polonais, puis les troupes coloniales, tirailleurs marocains, algériens, sénégalais… De Gaulle a voulu montrer, lors de ce défilé, un régiment français métropolitain,  ce sont donc les 81ème et 152ème R.I. qui eurent cet honneur, politique oblige. Le général de Gaulle a dit également : « Les engagés volontaires pour la durée de la guerre ont été l’honneur de la France ».

La progression du régiment l’amène dans la région de la Forêt-Noire, à hauteur de Fribourg, côté allemand. Sankt Märgen est un col où se trouve le village du même nom. La mission du 81ème R.I. était de garder les hauteurs après avoir réduit les pièces d’artillerie de 37 allemands qui interdisaient le passage du col. Le régiment était connu pour son aptitude à ce type de terrain. C’est avec une grande fierté que le Bataillon Minervois laissa la voie libre à la 2ème D.B. de Leclerc qui, en toute sécurité, se dirigea vers Berchtesgaden.

  Midi-Libre du 7 mai 1945, le jour de l’Armistice

PÉRIODE D’OCCUPATION FRANÇAISE EN ALLEMAGNE.

À la conférence de Yalta, en février 1945, aucune zone d’occupation n’était attribuée à la France. L’insistance du général de Gaulle et du Gouvernement provisoire de la République française a fait admettre à Churchill, Roosevelt et Staline qu’une zone d’occupation devait être attribuée à la France. Les Forces françaises en Allemagne ont pris possession de leur zone le 26 juillet 1945. Il faudra cependant attendre le 12 août 1945 pour que deux districts berlinois leur soient attribués. 

Zones d’occupation alliée à Berlin

Henri Miquel continue :

« Le régiment occupait, l’été 1945, la ville de Pirmasens, dans la Sarre. J’étais de patrouille dans la ville, sous les ordres d’un sergent qui venait des tirailleurs. Un homme violent et alcoolique. Nous étions en haut d’une rue qui descendait vers le boulevard qui traversait la ville d’Est en Ouest.

Tout à coup nous entendons des cris et voyons un soldat pillard qui tentait d’arracher une valise des mains d’une femme devant la porte de son immeuble. Le pillard arriva à obtenir la valise et, nous apercevant, se mit à descendre la rue en courant.

La patrouille tout entière se mit également à courir après lui. J’étais le plus rapide. Le sergent qui commençait à s’essouffler cria « Miquel ! Tirez sur lui !», et comme je ne m’exécutais pas, renouvela son ordre en me menaçant de représailles.

Le pillard, arrivé au bout de la rue, tourna sur le boulevard, vers l’Est. Justement, nous passions devant une rue qui, en diagonale, débouchait elle aussi sur le boulevard. Je m’engageais dans cette rue, espérant arriver sur le boulevard au-devant du pillard.

C’est ce qui se produisit. Il marchait pour ne pas attirer l’attention. Il fut surpris de me voir là, l’attendant. Je le reconnus. Il était dans la même compagnie que moi, et était originaire d’un village voisin du mien. Je lui dis : « Laisse-moi la valise et décampe vite ».

Après avoir rendu la valise à la bonne femme, le sergent renouvela ses menaces, parce que je n’avais pas exécuté ses ordres. Je ne fis que lui répondre : « Moi, je me suis engagé pour tirer sur des soldats allemands et non sur des Français ».

Le capitaine ne voulut pas signer ses propositions de ma mise au mitard. Plus tard, j’ai pensé que si  j’avais obéi à cet ordre, mon camarade aurait été tué, et j’aurais eu l’obligation, après ma libération, d’aller présenter mes regrets à cette famille amie, en ayant comme seule excuse d’avoir obéi aux ordres reçus.

Un ordre ne doit être exécuté que s’il ne heurte pas les principes moraux de celui qui les reçoit ».

 

LA FIN D’UNE AVENTURE.

19 février 1946.

Henri Miquel conclut : 

« Je suis reparti vers mon village, ayant démissionné de l’armée. Le 21 février, je suis allé à Toulouse pour signer ma démission, et là, on m’a demandé de me dépouiller de mes vêtements militaires. Je me suis retrouvé avec seulement une chemise et un pantalon, alors que la période d’hiver battait son plein. Heureusement que la gare Matabiau était chauffée… Ce jour-là, je fêtais mes 20 ans. C’est aussi ce jour-là que j’ai appris que le montant de ma solde d’engagé volontaire pour la durée de la guerre était de 4 francs par jour (francs de 1946, soit environ 0,60 € actuels). Le lendemain je reprenais mon travail d’ouvrier agricole. »

Debouts, de gauche à droite : 2ème Miquel, 4ème Mourlan, 5ème Shivardi

 

1er septembre 2018 – Henri Miquel a 92 ans.

Il vit toujours à Tourouzelle.

Dans son esprit, c’est un « Devoir de Mémoire » que de transmettre aux jeunes générations, le récit de l’engagement et des sacrifices de ses camarades de vingt ans.

Il désire laisser une trace écrite de cette époque tourmentée.

Il est le dernier survivant Ancien Combattant de la Seconde guerre mondiale de Tourouzelle.

 

IN MEMORIAM

« Au soir de ma vie, je suis très fier d’avoir participé à ces combats. Je voudrais dédier ce livre à tous mes compagnons du Bataillon Minervois qui ont combattu jusqu’à la Victoire, et en particulier à mes camarades de Tourouzelle dont les noms suivent : »

Guérino Bandinelli

Jules Bandinelli

Paul Brunel

Jean Gimenes

Georges Lastres

Noël Lastres

Jean Fontrouge

René Raynaud

Raymond Ribes

Jean Salacrush (mort au combat)

« Il faut signaler aussi que deux militaires de carrière, originaires de Tourouzelle, ont combattu dans la Première Armée française : »

Albert Cros

Emile Solano

 

ANNEXES

Citation du 81ème RI – 6 mars 1915

Citation du 81ème RI – 16 octobre 1915

Citation du 81ème RI – 25 août 1916

Citation du 81ème RI – 20 septembre 1917

Attribution de la Fourragère 1914 – 1918  – 18 septembre 1917

Déclaration en tant qu’Unité combattante du Groupe Minervois, le 1er décembre 1943

 

Symboles et acronymes utilisés

AO :                Action Ouvrière

AS :                 Armée Secrète

BBC :              Radio Londres

BCRA :           Bureau Central de Renseignements et d’Action

CFL :              Corps Franc de Libération

CNF :              Comité National Français

CNR :             Comité National de la Résistance

DMR :             Délégué Militaire Régional

DST :              Direction de la Sureté du Territoire

EM :                État-Major

FFI :                Forces Françaises de l’Intérieur

FFC :              Forces Françaises Combattantes

FN :                 Front National

FTP :               Francs-Tireurs et Partisans

GESTAPO :    Police secrète d’État allemand

GPRF :           Gouvernement Provisoire de la République Française

GF :                Groupes Francs

LVF :              Légion des Volontaires Français contre le bolchévisme

MUR :            Mouvements Unis de Résistance

MLN :             Mouvement de Libération Nationale

NAP :              Noyautage des Administrations Publiques

ORA :             Organisation de Résistance de l’Armée

OSS :               Service de renseignement américain

PA :                 Point d’Appui

PC :                 Poste de Commandement

R3 :                 Région N°3 (Montpellier)                        

RI :                 Régiment d’Infanterie                       

SAP :               Section des Atterrissages et des Parachutages

SM :                Sécurité Militaire

SR :                 Service de Renseignements

STO :              Service du Travail Obligatoire

 

Hiérarchie militaire

CAL :             Caporal

CCH :             Caporal-chef

SGT :             Sergent                             

SCH :             Sergent-chef

ADJ :              Adjudant

ACH :             Adjudant-chef

SLT :              Sous-lieutenant

LTN :             Lieutenant

CNE  :            Capitaine

CDT :             Commandant

LCL :            Lieutenant-colonel

COL  :            Colonel

Bibliographie et sources

Archives

Archives départementales de l’Aude

3J499, 89W185, 102W218 à 220, 107W211 à 223, 107W494, 107W646, 107W649, 107W234 à 236

Ouvrages

Allaux Julien : La Résistance dans l’Aude

Allaux Julien : Libération du département de l’Aude

Maury Lucien : Le maquis de Picaussel

Maury Lucien : La Résistance audoise Tomes 1 et 2

Piquemal René : Avec ceux du Minervois

Souyris-Rolland André : Colloque d’histoire Montpellier, Les F.F.I. du Languedoc-Roussillon / R3 dans l’armée de la libération.

Subreville Claude : Le Bataillon Minervois. Témoignages et souvenirs.

Témoignages

Miquel Henri, de Tourouzelle

 

Les Martyrs de la Résistance dans le département de l’Aude

Internés par mesure administrative : 86

Arrêtés par les Allemands (civils et résistants) : 429

Déportés en Allemagne : 176,   

dont

Rentrés : 92

Morts en déportation :  84

F.F.I. tués au combat : 96

Civils fusillés ou abattus : 58

Chiffres cités dans l’ouvrage « La 2ème guerre mondiale dans l’Aude » de Julien Allaux

 

Carte du Combattant Volontaire de la Résistance

Pour obtenir la carte de « Combattant Volontaire de la Résistance », il faut avoir appartenu à cette dernière pendant une période d’au moins 90 jours. Dans le département de l’Aude, il a été délivré 1 220 cartes.

 Croix du combattant volontaire de la Résistance