NAPOLÉON 1er ET LE BACCALAURÉAT

2021 sera la commémoration de la mort de Napoléon 1er (5 mai 1821). On associe bien souvent l’Empereur à des noms de batailles : Arcole, Iéna, Austerlitz, Rivoli. Pourtant, sous son règne, il va transformer la France et la projeter vers la modernité. Dans le domaine académique se sera les lycées (1802), École militaire de Saint-Cyr (1802), l’Université de France en 1806, le baccalauréat (1808) et l’Ordre de la Légion d’Honneur. Pour l’administration, il va mettre en place le Conseil d’État (1799), la Division territoriale (1800) : départements (préfets, conseil général, arrondissements, cantons, municipalités, Cour des Comptes (1807), Code civil (1807). Il va rétablir l’esclavage en 1802, suite à la pression des colons aux Antilles et face à la menace des Britanniques. Les cours d’appel (1804), les Cours de cassation (1804), Le Conseil des prud’hommes (1806), le Code pénal (1810), l’abolition de la traite des noirs en 1815. En économie se sera la Banque de France et le monopole d’émission de billets (1803), la création de 22 chambres de commerce et le Code du commerce en 1807. La création du franc germinal (1803). Dans le domaine religieux, le Concordat en 1801 et le consistoire central israélite de France en 1808. L’urbanisme aura aussi sa place, création de la ville de La Roche-sur-Yon (1804), Arc de Triomphe de l’Étoile (1806), le Palais Brongniart (Bourse de Paris) en 1806, l’Arc de Triomphe du Carrousel (1809), l’Église de la Madeleine (1806), Colonne Vendôme (1810), Rue de Rivoli (1810), Pont des Arts (1810-1803), Pont d’Austerlitz (1802-1806), Pont d’Iéna (1808-1814), réseau des canaux parisiens, canal Saint-Martin, canal Saint-Denis, canal de l’Ourcq (1802), Pont de pierre à Bordeaux, Place de la Paix à Milan, rénovation de château : Malmaison, Rambouillet, Fontainebleau, Compiègne, Versailles et Maintenon. Aucun autre homme politique français n’a fait l’équivalent dans ces domaines.

Pour devenir universitaire, il faut avoir le baccalauréat que nous devons à Napoléon. C’est sur cette réalisation que nous allons insister.

Le mot « baccalauréat » a pour racine la locution latine «bacca laurea» qui signifie «la couronne de lauriers». Le mot «bachelier», quant à lui, remonte au Moyen-âge, on appelait «bachelier» un jeune homme non-marié. Il désignait aussi un jeune noble aspirant à devenir chevalier.

À l’époque de la Révolution, ce n’était qu’un simple oral de 30 minutes environ, devant un jury d’universitaires. Napoléon 1er voulait créer cet examen pour solidifier le recrutement de l’université car dans son esprit, l’université était le réservoir des futurs cadres de la Nation dans le domaine scientifique, administratif et militaire. Avec le décret du 17 mars 1808, ce sera chose faite.

Le «bac» va évoluer dans le temps. Il y aura au début, une épreuve de latin, puis une dissertation de philosophie. En 1874, un changement qui va durer près d’un siècle, le «bac» en deux parties. La première partie se passe en «première» avec des épreuves écrites et orales, la seconde se déroule en « terminal », avec d’autres épreuves écrites et orales. À partir de 1927, on va créer la session de rattrapage, écrite et orale.

Baccalauréat époque Napoléon.

Pendant près d’un siècle, à peine 3 % d’une classe d’âge avait le baccalauréat. Il faudra attendre 1959-1969 pour voir une augmentation du nombre de bacheliers, on passe à 10 % d’une classe d’âge diplômée d’un « bac » à 20 %.

Passe ton bac d’abord !

Le «bac» est un marqueur pour un jeune, il change de statut, passant de collégien encadré par les adultes à celui qui échappe un peu au contrôle de la famille et de l’école.

2020. C’est la deuxième fois dans l’histoire que les épreuves du « bac » sont annulées. La première fois, c’était en 1968. Pour le «bac» 2020, pas d’examen, la faute à un virus qui se propage dans tout l’hexagone. Écoles, collèges, lycées et universités ont fermé les portes le 16 mars et le resteront jusqu’en mai, une génération qui n’a pas passé les épreuves écrites du «bac». En 2019, une bienveillance exceptionnelle a donné un résultat avec un taux record de 91,2 % de «réussite» au «bac» général pour les jeunes nés en 2001.

Pourtant, en 1944, pour les 27 000 candidats, la Seconde guerre mondiale aura eu moins d’incidence que la pandémie en cours. En cette période difficile de la guerre, ce fut la pénurie de papier et les difficultés de transports qu’il a fallu résoudre, surtout le manque d’examinateurs. Prévues les 3 et 4 juin 1944, soit deux jours avant le débarquement des Alliés en Normandie, les épreuves écrites se sont déroulées presque sans problème.

Pour la petite histoire, si à l’origine le baccalauréat était exclusivement réservé aux garçons de la bourgeoisie, il faudra attendre 1861 pour que les femmes obtiennent le droit de se présenter à l’examen. Cette année-là, une Vosgienne de 37 ans, Julie-Victoire Daubié, sera la première femme à obtenir le baccalauréat.

Julie-Victoire Daubié

En 1985, le « bac » professionnel est créé.

Si le «bac» reste un passeport pour l’université, le niveau est de plus en plus faible. D’après le classement PISA (Programme international pour le suivi des élèves) qui est réalisé tous les trois ans, la France se classe 23ème sur 79 pays à l’échelon mondial, (dans ce classement, les pays asiatiques caracolent en tête), et 21ème sur 36 dans l’OCDE. Seuls 9,2 % des élèves français sont performants en lecture et comprennent le texte.

Napoléon doit être bien triste.