LES SPIONS

Nous sommes en l’an 1001, du côté de ce que nous appelons de nos jours le Canada. Au large des côtes de ce grand continent, une multitude de terres émergées. Ce sont des îles de tailles importantes où vivent en paix, regroupés par une ou plusieurs familles, les Spions.

image1Les Spions ont choisi ce mode de vie sur ce chapelet de terres, pour leur sécurité tout simplement. Par le passé, sur le continent, des tribus plus ou moins belliqueuses avaient souvent agressé leurs villages, pris leurs femmes, leurs récoltes…et le fruit de leurs pêches. La pêche en barque ; c’est ce qui leur donna l’idée de migrer au large pour se mettre à l’abri de leurs ennemis. Car ils étaient devenus maîtres de ce moyen de locomotion en mer et aucune autre tribu ne faisait de même. Ils chargèrent donc l’un des leurs, le plus brave et le plus téméraire, d’explorer les îles, de trouver des passages sans trop de danger pour se déplacer. Son nom ; Deguerlas. Il avait deux cycles lunaires pour accomplir sa reconnaissance.

Ce n’était pas de trop, comment survivre sur ces îles ? Y a-t-il du gibier, peut-être que ces îles sont déjà occupées par une autre tribu ? Comment se chauffer durant les longs mois d’hiver ? Bref ! Mille questions à résoudre. Mais cela n’affecta pas le brave Deguerlas qui se prépara consciencieusement pour accomplir sa mission.

La belle saison était revenue, notre brave était prêt pour l’aventure. Et un matin…

Ils étaient tous là, ses parents ses amis, le vieux chef Jéraison…Ils regardaient s’éloigner l’embarcation à balancier, une de leurs inventions pour ne pas chavirer en mer lorsqu’ils pêchaient. La frêle barque était sans mât, mue uniquement par la force des bras, elle semblait sautiller sur les petites vagues tel un cabri insouciant. Deguerlas devenait de plus en plus minuscule, une petite chose qui s’enfonce vers l’immensité de l’océan et l’inconnu. Un dernier geste de la main de sa mère…puis le jeune navigateur disparut de l’horizon.

Il était convenu avec le vieux chef qu’il fallait profiter de la courte saison d’été pour aller le plus loin possible vers les glaces et de redescendre ensuite vers des rivages plus favorables jusqu’à la saison du gel. Il décida donc de longer la côte de manière à avoir la terre en vue en permanence. Quand enfin, au bout d’une quinzaine de lunes, la terre sembla tourner vers le soleil couchant ; de forts courants l’obligèrent à se rapprocher du bord et de faire un gros effort pour se sortir de ces eaux tourbillonnantes. Puis ce fut le calme. Epuisé par cet effort, Deguerlas décida de mettre pied-à-terre et de s’installer le plus confortablement possible pour la nuit. Comme il le faisait souvent lors de ses chasses et de ses pêches, il se servit de son embarcation pour se faire un toit solide et, en le plaçant de telle manière qu’elle coupe du vent. Un petit feu, des branches pour empêcher les animaux de pénétrer dans son abri ; le tout fut en place en un tour de main. Le chasseur avait de l’expérience.

image2Le lendemain matin, après une bonne nuit de sommeil, il décida de prospecter les environs. Le temps était au beau et après quelques jours de navigation, il méritait bien un peu de repos. Par réflexe sans doute, il commença par observer la mer et tenta de faire une bonne pêche. Bonne nouvelle ! Les poissons étaient nombreux ;

il y avait, ce que nous appelons aujourd’hui, des ombles chevaliers, des capelans, le saïda franc, l’ogac, du chabot et des lompénies. Soudains, des sons lui parvinrent, puis des sifflements aigus. Quelqu’un l’appelait ? A quelques brasses de lui, l’eau frissonna…quelque chose d’assez gros sortit de l’eau puis plongea, ressortit, replongea et sembla jouer avec ses compagnons. Le bruit, c’était eux. Curieuse bête ; aucune agressivité, joueur, ça ressemblait à un phoque, en plus gros. Il y en avait des dizaines et des dizaines.

image3Deguerlas décida de les appeler « béluga », en souvenir de sa petite amie du même nom. Mais aussi parce que ces animaux poussaient de petits cris très féminins. Un autre voyageur, du nom d’Ulysse fut confronté à ces animaux, il se fit attacher au mât de son navire pour échapper aux cris des Sirènes. Mais c’est une autre histoire. Satisfait de sa découverte, il observa maintenant le ciel. Peu de volatile ; sur les rares rochers, quelques faucons pèlerins nicheurs alimentaient leurs petits, couverts d’un épais duvet tout blanc. Tout ce beau monde en équilibre dans les creux de la roche, car il ni avait pas de nid. De temps en temps, un vol d’oies à tête noire. Voyant alors la terre. Notre découvreur s’éloigna du bord de l’eau et se trouva rapidement dans une fondrière de mousse, puis de la tourbe, une terre instable et à moitié gelée. Ce n’était pas là que sa tribu allait s’installer, il y avait du poisson, mais la terre était inhospitalière. Deguerlas retourna vers son abri après une journée d’exploration, car le jour tombait assez rapidement.

En arrivant près de son campement, il vit un petit canot à moitié sorti de l’eau…Quelqu’un était arrivé…il n’eut pas le temps de réfléchir plus longuement ; un individu se dressa devant lui. L’homme était souriant, il portait un épais manteau avec une capuche, les pans du manteau descendaient jusqu’à mi-cuisses, des bottes épaisses… une lance harpon à la main. Après un bref moment d’observation, l’homme inclina sa tête plusieurs fois de suite, toujours avec un grand sourire. Deguerlas s’inclina à son tour en pensant que ceci était une coutume locale. L’inconnu émit des sons inaudibles aux oreilles de notre aventurier, une langue inconnue. Drôle d’allure ; une tête bien ronde avec des cheveux noirs collés sur le crâne, de petits yeux fendus, un nez ridiculement petit et des joues bien pleines. Le reste du corps était caché par des vêtements de peau.

L’homme gesticulait beaucoup et tendit son bras vers une direction plusieurs fois de suite. Notre voyageur comprend que l’inconnu lui demande de la suivre. Ensemble ils mirent l’embarcation de Deguerlas à l’eau puis, l’inconnu fit de grands gestes pour inciter son nouveau compagnon de le suivre. Les deux embarcations filèrent sur l’eau.

image4Un moment, le petit canot changea de direction et se dirigea vers une clairière. Le terrain était assez plat, pas de montagne, peu d’arbres. Un groupe de huttes apparut ; ce devait être le village de l’inconnu. Des enfants accoururent, puis deux femmes dans la même tenue que l’inconnu. Un feu lançait vers le ciel une fumée grasse ; de la viande était en train de sécher au-dessus des flammes. Les restes d’un animal assez conséquent jonchaient le sol ; une tête énorme avec des bois recouverts de velours, une bête trois fois plus grande que les biches des bois. Deguerlas décida de surnommer l’animal « caribou », c’était le nom de l’homme médecine de son village. Pour l’instant les deux hommes communiquèrent par signes. Toujours par signes, l’homme invita Deguerlas à pénétrer dans son abri. Il fallait franchir un sas, utile sans doute lorsque le vent glacial soufflait.

image5Aucun accessoire inutile : du matériel de chasse et de pêche, quelques peaux à même le sol, quelques colliers aussi, faits avec des os d’animaux ou des dents d’espèces marines. L’homme fit signe de s’assoire, l’une des femmes arriva alors avec une boisson chaude où flottait encore quelques herbes qui avaient servi à confectionner cette décoction. Le breuvage chaud fit du bien. L’homme n’arrête pas de parler, tout en souriant. Les femmes roucoulaient sans cesse comme des tourterelles sauvages des bois ; seuls les enfants étaient silencieusement assis dans un coin et observaient les adultes , les yeux grands ouverts. L’hôte tenta une nouvelle fois de communiquer. Il se tapa sur la poitrine en disant « Nastapoka, Nastapoka »…Deguerlas comprit que c’était le nom de son nouveau compagnon. Il fit de même en se tapant sur la poitrine et en répétant « Deguerlas »… « Deguerlas ». Et l’hôte dans sa difficulté de prononcer un mot dans une autre langue repris en disant « Dégueulasse »… « Dégueulasse ». Mais non ! « De…guer…las » Ensemble ils rirent de bon cœur ; la communication passa. Il pensa qu’il serait raisonnable de quitter ses hôtes, mais Nastapoka le retint par le bras en répétant « Amarok ! Amarok ! ». Devant l’étonnement de Deguerlas, Nastapoka imita le hurlement du loup et simula une attaque. Evidemment, notre voyageur comprit et se résolut à passer une nuit dans l’abri qui lui était offert. La seconde femme apporta un grand plat où baignait dans un jus, de la viande ; sans doute l’animal dont il avait vu les restes près de la hutte. A tour de rôle, chacun plongea ses doigts dans le plat pour saisir un morceau de ce ragoût qui, ma foi, semblait bien bon.

image6Le repas une fois terminé, les enfants se mirent à l’écart et disparurent sous les épaisses fourrures. L’une des femmes remit de l’huile dans les petites lampes à mèche ce qui eut pour effet non seulement d’éclairer mais aussi d’élever la température de la pièce. La seconde femme apporta un bol de boisson chaude, le même breuvage que précédemment. Puis, les femmes quittent leurs vêtements, et presque nues, elles se glissèrent sous les peaux, près des enfants. Sans gêne et sans malice, une coutume des gens qui vivaient dans le froid, assurément.

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C’est alors que Nastapoka se leva, fouilla dans un sac de peau…pour en extraire un rouleau, de peau également. Deguerlas nota que les peaux avaient une importance capitale dans ce milieu hostile ; vêtements, toits de huttes, sacs de transport, couvertures…Son hôte revint vers lui en prenant au passage une de ces lampes à huile. Il s’installa confortablement à côté de Deguerlas et déroula le rouleau de peau.

Au grand étonnement de Deguerlas, il découvrit une suite de dessins représentant des hommes, des animaux, des paysages… ? Souvent en couleurs et d’un réalisme surprenant. Puis, Nastapoka se mit à parler. A parler beaucoup, avec parfois un rythme rapide et des exclamations bruyantes pour ponctuer ses phrases. Au fur et à mesure que son récit avançait, l’index du narrateur se déplaçait sur la peau et Deguerlas devinait que c’était une histoire importante concernant le peuple de Nastapoka. Deguerlas tenta de suivre le récit en suivant l’index du conteur et en observant les dessins. Au début, les représentations étaient des humains ; hommes, femmes, enfants. Puis une série d’animaux et des scènes de chasses. Jusqu’à là, le dialogue était d’un rythme lent, calme, serein. Puis soudain, le doigt s’arrêta sur ce que Deguerlas devina étant un ciel tourmenté. Ce ciel était déchiré par une grosse boule qui semblait être en flammes. Le rythme des paroles s’accéléra alors, le ton monta, jusqu’à une explosion. Les dessins étaient très explicites, un trou s’était formé à la surface de la terre et l’eau de l’océan venait s’engouffrer, en tourbillonnant, dans le cratère ainsi formé. Sur les dessins suivants, les hommes, les femmes et les enfants, les animaux aussi, étaient pris dans ce cataclysme et disparaissaient dans les flots. Deguerlas se remémora alors le moment de son voyage, où il était confronté à des courants très violents et qu’il changea de direction, allant vers le soleil couchant…Cette baie bien ronde, si grande, qu’il faudrait sans doute plusieurs lunes pour aller d’une rive à l’autre ?

image8Durant tout le récit, Nastapoka resta le nez plongé sur les dessins ; il releva enfin la tête. Ses yeux, habituellement minuscules, étaient grands ouverts. Une frayeur apparaissait distinctement dans son regard. Il était certain que ce récit avait un lien direct avec les siens ; le récit d’une grande catastrophe qui se transmettait de père en fils, depuis…depuis…des générations sans doute.

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Un moment, Deguerlas tourna la tête vers les femmes et les enfants ; personne ne dormait, ils semblaient effrayés comme s’ils venaient de subir la catastrophe décrite par Nastapoka. L’excitation de Nastapoka retomba. L’hôte fit signe à son invité et lui désigna une place sous les couvertures…entre les deux femmes, ce qui le gêna beaucoup. Il comprit que c’était une faveur faite à l’invité pour qu’il n’ait pas froid durant son sommeil. Les deux femmes collèrent leur dos à lui, tenant chacune dans leurs bras un des enfants. Deguerlas, coincé, mais confortablement installé, s’endormit. Amarok ne l’embêtera pas cette nuit, il faudra qu’il trouve un autre gibier. Deguerlas pourra rêver tranquillement de sa belle Béluga…

image10Le lendemain matin.

Situation comique dans la hutte. Cela faisait un bon moment que notre voyageur était réveillé ; mais il n’osait bouger craignant d’arracher au sommeil les deux femmes qui lui servaient de calorifère. Les femmes, elles, étaient figées dans la position de la veille et attendaient le réveil de leur invité. Deguerlas entendait les soupirs de l’une d’elles sans doute pressée par une urgence matinale. Il faisait jour depuis un bon moment. C’est Nastapoka qui sauva tout le monde en revenant de sa première chasse. Il parla d’une voix forte, sans doute pour faire comprendre aux femmes qu’il n’était plus l’heure de dormir. D’un bond, tous étaient debout

Nastapoka tenait dans sa main deux petits lapins blancs qu’il avait piégés. Rôti de lapin au menu. L’une des femmes récupéra le fruit de la chasse et disparut. L’autre s’occupa des enfants un moment avant de disparaître aussi. Nastapoka fit signe à son invité de le suivre. A l’extérieur le soleil était déjà haut, une légère brume faisait écran et l’on pouvait observer le disque solaire sans crainte pour les yeux. L’hôte proposa une lance harpon à Derguerlas et lui, garda son arc. C’est sûr, c’est une invitation pour la pêche. Au fond, Derguerlas était en exploration, apprendre avec un autochtone, que rêver de mieux. Les deux hommes mirent l’embarcation de Nastapoka à l’eau et prirent le large. Le canot semblait frêle et Deguerlas peu rassuré et à l’étroit. C’est Nastapoka qui propulsait l’embarcation avec sa pagaie double, avec efficacité et vitesse, ils se dirigèrent vers le large. Une heure plus tard, les voici immobiles sur l’eau glacée. Nastapoka, à l’aide de sa lance s’activa pour attraper quelques poissons. Grâce à la cordelette fixée sur le dernier tiers de la lance, il ramena ainsi le poisson harponné vers le canot. Une dizaine de prises tombèrent rapidement au fond de l’embarcation. Il avait le coup le bougre ! Puis, sans explication, il rejeta les poissons à l’eau…Avec étonnement, Deguerlas l’observa. Puis, se saisissant de la pagaie, il frappa violemment l’eau en chantonnant une mélopée, comme pour inviter sa prochaine victime à la curiosité de ce spectacle. Miracle ! Des phoques …Ils se régalèrent un instant avec les poissons de Nastapoka. La lance harpon fendit l’air…un cri de douleur…un phoque était mort. Ce fut rapide, sans cruauté et terriblement efficace. Deguerlas s’en souviendra. Un phoque, un seul. C’est une sage décision, tuer, certes, mais uniquement ce qu’il faut pour survivre.

Derguerlas se demanda comment retourner vers la terre ferme, ils étaient déjà deux dans le canot et le phoque comme troisième occupant, c’était dangereux. Bien entendu, Nastapoka avait la solution. Il planta sa lance derrière la tête de l’animal et le transperça de part en part, puis, il attacha la cordelette au canot. Le phoque flottait en remorque. Les voici en route vers le rivage. Le coup de pagaie était plus violent qu’à l’aller, le phoque en remorque freinait l’embarcation. Une fois à terre, Nastapoka, toujours aussi actif mais jamais pressé, installa le phoque, moitié dans l’eau, moitié sur la rive. Il sortit un couteau d’un étui accroché à sa ceinture et entreprit le dépeçage de sa prise. Le couteau, en os, était d’une efficacité remarquable ; le phoque s’ouvrit en deux. Les entrailles repartaient vers la mer, puis la peau s’étalée sur le sol. A ce moment là, les femmes arrivèrent avec un grand récipient qu’elles tenaient chacune par une cordelette fixée sur le bord. Elles se chargèrent de le remplir de la graisse de l’animal ; graisse à usage multiple dont l’éclairage. Un deuxième voyage sera nécessaire pour transporter la chair de la bête. Pendant ce temps-là Nastapoka grattait la peau pour enlever toute trace de gras. Deguerlas, pour ne pas rester inactif, nettoya le canot, rinça les chairs de l’animal et éloigna les restes de l’animal vers le large. Ensemble, ils se dirigèrent vers le campement où les enfants jouaient en mimant une chasse. Nastapoka invita alors Deguerlas à l’aider dans sa tâche. En effet, pour attacher la peau à des piquets, il fallait en percer les bords pour passer une cordelette. Une fois la peau fixée, une cordelette reliée aux piquets servira de tendeur de manière à ce que la peau soit tendue comme sur un tambour. Le travail était terminé. Nastapoka, satisfait de son œuvre souriait de nouveau et fit comprendre à Derguerlas que cette peau allait servir à faire des bottes…pour lui. Un très beau cadeau. Cela faisait deux jours qu’ils vivaient et chassaient ensemble ; Deguerlas avait appris plein de choses en observant simplement son ami. Il a aussi appris qu’il n’est pas nécessaire de parler la même langue et d’avoir les mêmes us et coutumes pour s’apprécier.

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Deguerlas passa ainsi près de dix jours avec ses amis ; un dialogue c’était instauré entre eux. Aucun d’eux ne parlait la langue de l’autre, mais qu’importe, ils se comprenaient par le biais des gestes et des dessins. Notre explorateur devait se remettre en route, il avait une mission et il fallait aller de l’avant. Aussi, un matin, il expliqua à Nastapoka qu’il allait partir plus vers le Nord. Son hôte comprit. Au moment du départ, les enfants se sont approchés de Deguerlas. Ils tenaient chacun une botte des deux mains, les bottes que Nastapoka avait promis à son hôte lors de la chasse au phoque. Puis, Nastapoka lui tendit une grande couverture de peau, un autre cadeau. Par des gestes très clairs, il expliquait que là-bas, dans le Nord, les nuits étaient très froides. A la manière des gens de son village, il prit le brave Nastapoka par les épaules et lui fit l’accolade. Deguerlas portait autour du cou plusieurs colliers de coquillages, il en prit deux et les offrit aux enfants. Il salua les calorifères, pardon : Les femmes ! Puis s’en alla vers son embarcation pour prendre le large.

En ce temps-là, il y a donc environ un millier d’années, le climat de l’hémisphère nord se réchauffa sensiblement, et durant plusieurs siècles la température de l’Arctique fut beaucoup plus douce que de nos jours. Il se produisit un dégel si important que le niveau des océans monta. A peu près à cette époque, deux groupes d’humains entreprirent des migrations dans les régions de l’Amérique du Nord. De l’Ouest arrivèrent les Inuits, que nous appelons « Esquimaux » aujourd’hui, mais à cette époque là, ils étaient connus sous le nom de « peuple de Thulé ». Ils s’installèrent au nord-est du Canada actuel et au nord-ouest du Groenland. De l’Est arrivèrent les Vikings d’Islande où ils avaient des colonies depuis le début du X° siècle.

Après avoir été chassé de chez lui, en Norvège, un certain Erik le Rouge, s’installa en Islande ; de-là, il navigua vers l’ouest et découvrit le Groenland vers l’an 982 (Il était surnommé le Rouge car il était roux). Son fils, Leif, naviguera encore plus vers l’ouest et atteindra les rives du Canada, de Terre-Neuve, le Labrador et la Terre de Baffin. C’est ainsi que les Vikings découvrirent le continent Nord-Américain, 500 ans avant Christophe Colomb. Entre 1000 et 1030 les Vikings firent plusieurs expéditions vers le Vinland et le Markland. Au Markland ils eurent un affrontement avec des gens qui dormaient sous leurs bateaux. L’un d’eux tua le chef de l’expédition avec une flèche. Au Vinland, ils rencontrèrent des gens qui se déplaçaient dans des embarcations ; ils troquèrent avec eux du tissu rouge contre des fourrures. Cependant, au deuxième contact avec ce groupe, la rencontre dégénéra en échauffourée. Les Vikings avaient ravagé l’Europe et le Bassin méditerranéen, mais se sont convertis au christianisme tout en restant des guerriers cruels et conquérants. Pour exemple le roi du Danemark, le Viking Harold la Dent Bleue. Après s’être converti en l’an 960, dans un tonneau d’eau bénite car il était roi, il continua néanmoins ses massacres (Surnommé « la Dent Bleue » car il avait les dents cariées). Tout ceci est écrit dans les sagas vikings. C’est à ce moment-là que Deguerlas entreprit son voyage.

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Depuis cinq jours, notre aventurier filait vers le Nord. Rien de particulier si ce n’est que les nuits lui semblaient de plus en plus fraîches, pour ne pas dire froides. Il avait une pensée et une grande reconnaissance envers Nastapoka pour lui avoir offert cette couverture. Sans parler des bottes qu’il avait désormais adoptées en remplacement de ses mocassins. Il décida que le lendemain il irait vers le soleil levant.

La journée fut longue, monotone. Rien, de moins en moins d’animaux, de plus en plus de glace flottante. Un moment, sur un de ces grands morceaux de glace, il avait aperçu un ours ; mais pas de la même couleur que dans son pays, il était blanc comme la neige et la glace. L’animal se dressa un instant en direction du danger potentiel que représentait Deguerlas ; l’ours était immense, une fois et demi la taille d’un homme. Puis, il plongea dans l’eau glacée pour disparaître.

image13Rien…Rien…Deguerlas dut se résoudre à naviguer vers le Sud. Au bout de deux jours, il aperçut une terre intérieure, une île sans doute. Il décida de l’explorer. Avec prudence, il approcha de la rive en restant à une distance raisonnable pour éviter le jet d’une lance ou un trait de flèche. Neige et glace avaient disparu, il devinait même quelques fleurs qui coloraient l’étendue verte d’une prairie. Il mit pied-à-terre et camoufla son embarcation dans la végétation proche.

Herbage, fleurs, arbres…En marchant, il remarqua de petites crottes d’animaux sauvages. Il entendait également gazouiller les oiseaux. L’endroit lui sembla sympathique. Cela faisait bien quatre heures qu’il marchait, quand soudain…Au détour d’un petit bosquet, Deguerlas aperçut une fumée qui s’élevait dans le ciel juste au-dessus des arbres ; l’île était donc habitée. Avec prudence il s’approcha. Maintenant, il entendait distinctement des personnes qui parlaient, l’odeur de cuisson également lui parvenait aux narines. Il y avait un campement.

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En effet, Derguerlas découvrit un petit village dont les abris ne ressemblaient en rien à ce qu’il connaissait ; ni tipis comme dans son village, ni cabanes de peaux telles que celles qu’il avait vues chez Nastapoka. C’était des abris faits avec des troncs d’arbres, sur quatre faces, avec un toit incliné sur deux pans de murs. Il devinait plusieurs ouvertures : Une grande au milieu d’un pan de mur et qui allait du sol à la hauteur d’un homme, et plusieurs petites. Ces dernières avaient des battants qui servaient sans doute à obstruer l’ouverture. La fumée sortait par un conduit qui dépassait le sommet du toit. Jamais il n’avait vu une chose pareille. Quelque chose l’intriguait. Il n’y avait pas d’enfants.

Il n’y avait pas non plus de jeunes femmes ou de jeunes hommes, tout ceci intriguait Deguerlas. Même si les guerriers étaient à la guerre ou à la chasse, les femmes et les enfants resteraient au village ; qu’était-il arrivé ? Hommes et femmes étaient tous âgés, personne n’avait d’arme. Ils étaient habillés d’une drôle de façon. Les hommes portaient des pantalons de couleurs qui n’étaient ni en peau ni en écorce ; ils avaient les bras nus, mais le torse était recouvert d’un habit de poils, sans doute d’ours ou de loups. De larges bandes de cuir cerclaient le tout et des plaques de protection ornaient le plastron. Les femmes portaient des robes très amples, de couleurs également et de la même matière que le pantalon des hommes. Une large ceinture serrait la taille. Bien qu’apparemment âgés, les hommes étaient de grandes tailles et les femmes robustes. Une chose que remarqua Deguerlas, leurs cheveux étaient blonds ou gris pour les plus vieux, les yeux étaient très clairs et les hommes portaient tous la barbe.

image15Il semblait que ces gens vivaient paisiblement et n’avaient aucune agressivité. Notre explorateur alla donc de l’avant et dévoila sa présence en ayant pris la précaution d’enfiler son arc à l’épaule, montrant ainsi qu’il avait de bonnes intentions. Un silence se fit alors sur l’ensemble du campement, toutes les têtes étaient tournées vers lui et toutes les tâches en cours s’arrêtèrent. Un homme s’avança vers lui, s’arrêta à quelques pas et d’une voix puissante et rauque, il émit des sons dans une langue inconnue pour Deguerlas. C’était même violent, agressif. Il avait les mains sur les hanches, les jambes écartées et regardait notre héros droit dans les yeux. Deguerlas avait l’air d’une petite chose fragile face à ce colosse qui, bien qu’âgé, avait une sacrée prestance. Il fallait réagir, Deguerlas leva la main pour saluer et fit un pas en avant. Imperturbable, le colosse ne bronchait pas. Notre explorateur parla à son tour, dans sa propre langue, en faisant des gestes pour expliquer qu’il voyageait simplement. Son interlocuteur semblait maintenant moins agressif et l’invita à le suivre.

L’ensemble du village était regroupé devant la demeure de celui que Deguerlas supposait être le chef. Ensemble ils pénétrèrent dans la demeure du colosse. Ce qui surprit Deguerlas à l’intérieur, était la lumière du jour qui pénétrait dans la pièce par les ouvertures à battants qu’il avait observés précédemment. Ensuite, le nombre incalculable d’objets pour s’asseoir, manger, dormir, se chauffer…Même sur les murs, des peaux, des ustensiles de cuisine…Des armes également : de longs couteaux, des tomahawks, mais pas en os, en pierre ou en bois. C’était une autre matière qu’il ne connaissait pas. Parmi tout ce bric à brac, une femme, assez âgée mais robuste, semblait régner en maîtresse. Elle apporta deux petits récipients parfaitement ronds et un autre, beaucoup plus grand. Elle posa le tout sur les planches d’un assemblage qui reposait sur le sol par l’intermédiaire de pieds. Puis, elle approcha deux autres assemblages en bois, nettement plus bas et plus petits. Le chef s’assit sur l’un d’eux ; Deguerlas fit de même avec l’autre. Face à face, sous l’œil menaçant de son hôte, les deux hommes se toisaient. C’est le chef qui rompit le silence. Une très longue tirade dont les mots rebondissaient sur les murs et claquaient aux oreilles. Bien entendu, notre jeune héros voyageur ne comprit mot. Mais fort de l’expérience avec Nastapoka, il fit les mêmes gestes pour donner son nom. « Deguerlas…Deguerlas… ». Un moment de silence, puis un gros rire. Le chef fit de même et dit « Arnbjörn…Arnbjörn ».

Le contact était établi.

Arnbjörn, versa un liquide jaunâtre dans les deux petits récipients ; une mousse se forma et déborda sur les planches. Deguerlas se demanda par quelle magie ces choses-là sont possibles. Le colosse fit signe à son invité de saisir le gobelet. A peine dans la main, il entrechoqua violemment les deux récipients, porta le sien à ses lèvres et le vida d’un trait. Deguerlas compris qu’il devait faire de même. Un liquide frais, un peu amer, dévala dans son gosier…avec peine. La mousse resta collée autour de ses lèvres et, quand il reposa son gobelet, il avait une belle moustache blanche.

Tous ceux qui regardaient la scène par les ouvertures de l’abri du colosse, se mirent à rire de concert. Arnbjörn remplit à nouveau le gobelet de son visiteur…Les gobelets s’entrechoquèrent…La mousse collait aux lèvres…Deguerlas se sentait tout drôle ; sa tête tournait un peu comme par vertige, il était même un peu euphorique. Après, il ne sut plus très bien. Il se réveilla en pleine nuit sur une couche, avec une grosse couverture sur lui. Tout était silencieux ; il se rendormit.
Au petit jour, Deguerlas ouvrit un œil ; un seul, car l’autre lui faisait mal. Il avait l’impression qu’un gros rocher était tombé de la montagne et avait visé sa tête. Comment était-il arrivé là ? Son arc ? La douleur était vive, la lumière du jour l’aveuglait, la gorge était très sèche. Il pensa alors à l’homme médecine de son village, ses herbes auraient certainement eu raison de ce mal horrible. C’était sans aucun doute ce breuvage amer la cause de ses tourments, il se jura de ne plus refaire cette expérience.

Enfin, il s’aventura à l’extérieur. Il y avait déjà une belle activité dans le village, à chaque rencontre, la personne faisait un signe de la main et lançait un « Godan morgunn !». Deguerlas compris vite que c’était le salut du matin et il répéta à chaque fois « Godan morgunn ! », « Godan morgunn ! ». Une vieille femme était en train de tondre un petit animal qui poussait inlassablement le même cri : « bêêê, bêêê ! ». Dans les enclos il y avait ceux qui avaient déjà subi les assauts du gros ciseau, d’autres attendaient sagement leur tour dans l’enclos attenant. Une épaisse couche des cheveux de ces animaux, s’entassait près de la vieille femme. Une seconde femme venait de temps en temps en prendre une brassée et les plongeaient dans des bacs d’eau.

image16Elle lavait, rinçait, relavait…Puis, une troisième femme étalait le tout sur l’herbe pour le séchage sans doute. Deguerlas, intrigué, se demandait si c’était pour manger, ou … ? Dans un des abris de bois, plusieurs femmes peignaient les cheveux secs des animaux comme on peigne un enfant, avec des gestes lents et doux, tandis que d’autres, un bâton dans une main, des fils de cheveux dans l’autre, faisaient des boules. Très curieuse activité. Une vieille femme lui fit signe de s’approcher ; elle était en train d’assembler les boules de fils avec un instrument en bois, assez imposant. Deguerlas compris que la femme confectionnait des vêtements, elle lui montra le résultat de son travail. C’était donc ça les pantalons des hommes…Les cheveux des « bêêê…bêêê ». Qu’allait-il encore découvrir dans ce village ? Des hommes revenaient de la chasse : Que du petit gibier. Il faut dire que les vieillards n’allaient pas courser un lièvre. Ils n’avaient pas d’arme, c’était donc des animaux piégés.

Un bruit régulier attira son attention : un peu plus loin, dans un autre abris en bois, un robuste gaillard frappait à coups répétés sur un gros bloc. Un genre de tomawak dans une main, une bande de quelque chose dans l’autre. Il s’arrêtait parfois pour plonger le « quelque chose » dans le feu ; puis il le ressortait et frappait, frappait. C’était un son aigu que ses oreilles n’avaient pas l’habitude d’entendre. « Godan morgunn ! » lui dit Deguerlas. « Godan morgunn ! » répondit le « frappeur » sans relâcher son attention sur son œuvre. Le feu était activé par un appareil qui faisait du vent et que l’homme actionnait régulièrement ; le feu repartait de plus belle. Autour de lui, rangés contre les parois, des lances, de grands couteaux, mais aussi des ustensiles de cuisine. Deguerlas, curieux, prit un de ces longs couteaux : Que c’est lourd ! D’une dureté incroyable ! Une nouvelle découverte qui l’étonna beaucoup. Ce n’était pas de la pierre, ni de l’os, ni du bois. Devant l’étonnement de Deguerlas, le « frappeur » lui montra un tas de cailloux et le feu. Avec des gestes, l’homme fit comprendre qu’une fois chauffé, un liquide brûlant coulait dans la petite rigole et venait terminer sa course dans un moule en pierre. Une fois refroidies, ces barres lui servaient à confectionner armes et ustensiles divers. C’est ce qu’il était en train de faire. Curieux peuple, mais aussi très en avance sur les tribus que Deguerlas connaissait.

image17Un peu plus loin, il rencontra Arnbjörn. Après les salutations d’usages, le chef invita notre explorateur à le suivre vers un abri en bois qu’il semblait désigner sous le nom de « kot » ; mot qu’il répéta plusieurs fois. En pénétrant dans l’abri, il aperçut son arc et ses affaires. Il y avait également une couche confortable et tous les accessoires remarqués la veille. Il en conclut donc que le chef l’invitait et que le « kot » en question était désormais sa demeure. Arnbjörn le prit par le bras et lâcha quelques mots incompréhensibles pour Deguerlas. Mais ce dernier devinait qu’il valait mieux le suivre. Ils traversèrent le village jusqu’à la demeure du chef où ils entrèrent. Une fois assis, la femme apporta deux gobelets et un autre plus grand, rempli de ce liquide jaune. La douloureuse expérience de la veille fit faire un mouvement de recul à Deguerlas. Le chef étala une carte sur les planches et entama une longue explication. Paroles et gestes, avec reprises pour être sûr que le visiteur comprenne bien, durant un bon moment Arnbjörn s’escrima avec la pointe de son couteau en faisant des cercles sur le document. Deguerlas toucha le dessin de la main…Ce n’était pas de l’écorce, pas de la peau…encore une matière inconnue ; mais il comprit que les dessins représentaient les rivages d’une terre qu’ils avaient quittée pour venir jusque là. Sur le visage du chef, une grande tristesse était visible. Sa voix, habituellement si forte, était devenue à peine audible. Il mima le geste d’une mère berçant son enfant, désigna de la main la femme, puis ses cheveux grisonnants. Il expliquait en fait qu’il ne restait dans ce village que des vieux. Deguerlas avait bien remarqué l’absence de jeunes hommes et de jeunes femmes ; pourquoi ? Un drame a du se produire, mais lequel ? Ce que Deguerlas ne pouvait comprendre, c’est que ces colosses venus du soleil levant étaient repartis vers leur lointain pays, laissant ici, les plus vieux et les moins robustes. Ils n’auraient pas survécu à un tel voyage. Ils allaient donc mourir dans ce village, les uns après les autres, loin de leur pays, jusqu’au dernier.

image18Deguerlas passera encore plusieurs jours au milieu de ces grands blonds aux yeux bleus. Il se rendait bien compte que leur évolution technologique était bien en avance sur la sienne, mais avide d’apprendre, il était prêt à ingurgiter toutes ces découvertes. Aussi, passa-t-il un bon moment avec les chasseurs, les pêcheurs, le forgeron, le charpentier, les femmes tisserands…Malgré la barrière de la langue, Arnbjörn et Deguerlas eurent de longues discutions. Il lui semblait même que le chef lui proposait de rester dans le village ; peut-être qu’il songeait même à faire venir la tribu de Deguerlas…Mais Deguerlas avait sa mission ; il fallait bien qu’il progresse dans ses recherches et rapidement ; car les beaux jours allaient céder la place au temps du froid. En fait, il était convaincu que le pays de Nastapoka était trop rude pour son peuple. Le grand froid presque toute l’année, la difficulté pour chasser les animaux et se déplacer, la nécessité de changer toute un mode de vie pour s’adapter à ces nouvelles conditions. Les grandes îles du côté du soleil levant n’étaient habitables que dans la partie sud, le pays de Arnbjörn. Possible, mais déjà occupée. Même si les colosses sont des gens accueillants, il faut éviter tout affrontement. Cette terre est désormais la leur, le partage d’un territoire a toujours opposé les hommes depuis la nuit de temps. Il ne reste donc que la partie du soleil couchant. Ce chapelet d’îles qu’il avait vu au début de son périple. Suffisamment loin de la grande terre pour être à l’abri des attaques d’autres tribus, tout en étant assez proche pour chasser pour la viande. Pour la pêche, aucun problème. Le bois en suffisance, la nourriture abondante, les protections naturelles pour son peuple…Tout ceci n’est que favorable. Il faudra maintenant convaincre le chef Jéraison. Il faudra aussi faire les adieux au chef Arnbjörn, condamné avec son petit peuple à disparaître loin de son pays d’origine.

Un matin, et pour une dernière fois, il fit le tour du village en lançant à chaque rencontre un « Godan morgunn ! », puis il alla rendre une dernière visite au chef. Il y avait de la tristesse dans le regard bleu d’Arnbjörn ; ce dernier aurait bien voulu convaincre son invité de rester, mais il comprenait aussi que c’était le condamner au même sort que lui et les siens. Il lui fit cadeau d’un couteau fait dans cette matière dure qu’il ne savait pas nommer. Le fer et l’acier ; son peuple le connaîtra un peu plus tard, lors des guerres avec les hommes blancs envahisseurs.

Comme au premier jour, l’activité du village s’arrêta. Tous regardèrent Deguerlas se diriger vers le rivage et charger son canot. Notre explorateur s’éloigna lentement du rivage. Il ne put s’empêcher de faire un demi-tour pour les saluer une dernière fois, puis, il disparut au détour d’un rocher qui s’avançait en mer. Direction son village.

Il fera son compte rendu de voyage à son chef Jéraison. Il reverra sa douce Béluga. Son périple avait duré plus longtemps que prévu et tous doivent être inquiets dans son village. Il aura rencontré les petits hommes du froid, habillés de fourrures et de peaux, toujours souriants et sans méchanceté. Puis, des géants blonds possédant un grand savoir. Venus de très loin, ils ont la force et des techniques surprenantes. Ils habitent dans des abris solides, élèvent des animaux qui donnent du lait et de la matière pour confectionner des habits. Un pays qu’il aimerait visiter.

Le canot filait vers le sud…

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