LES “POILUS” À QUATRE PATTES ET À PLUMES

Ce sont les grands oubliés de l’Histoire, des héros de l’ombre qui ont pourtant joué un rôle important au cours de la Grande guerre ; nos amis les bêtes. Au front, lors des attaques, ils ont été utilisés comme moyen de traction et de communication, compagnon fidèles, ils partageaient le quotidien des soldats.

Chevaux, chiens, pigeons, dromadaires, mulets et bien d’autres ont contribué à la victoire et certain ont même été décorés.

Nous allons débuter par une aventure de chien. Il s’agit de Stubby (1916-1926), chien de guerre le plus décoré de la Première guerre mondiale. Promu sergent au combat, il a à son actif 17 batailles, 4 offensives, une blessure et 18 mois de service au front, au sein du 102ème régiment d’infanterie US de la 26ème Division d’infanterie.

Le sergent Stubby

Il arrivait par ses aboiements à prévenir ses compagnons de combat d’une attaque au gaz ou d’un tir d’artillerie. Stubby devint membre de l’American Légion, de la Croix-Rouge et de YMCA. En 1921, le Human Education Society lui décerna une médaille d’or, attribuée par le général Pershing.

Ses décorations :

  • 3 Service stripes
  • Yankee Division patch
  • Médaille française pour la bataille de Verdun
  • 1 th. Annual American Légion
  • New Haven WW1 Vétérans Medal
  • Médaille commémorative de la guerre de 14/18
  • Saint-Mihiel campaing Medal
  • Médaille des blessés (Purpel Heart) blessé à la patte par l’explosion d’une grenade
  • Médaille de la bataille de Château-Thierry
  • American Légion
  • Gold Medal du Human Society

Il a été statufié et un film d’animation est sorti au cinéma.

Bien entendu, d’autres chiens ont épaulé nos Poilus en bleu horizon et particulièrement dans le Service de Santé.

Ambulancier

Armement collectif et munitions

Chasseur de rats

Au cours de la Première guerre mondiale, 30 000 pigeons-soldats ont servi à communiquer sur le front. L’un d’eux est devenu particulièrement célèbre, il s’appelait « Vaillant ». Courageux et brillant lors des combats du fort de Vaux, il va transmettre le message de détresse du commandant Raynal le 4 juin 1916. Vaillant était le dernier pigeon disponible. Le fort subit des bombardements allant jusqu’à 8 000 obus par jour et les précédents messages sont restés sans réponse, les pigeons n’ayant pas réussi à passer les lignes allemandes. Vaillant, lui, va réussir. Le pigeon-voyageur matricule 187.15 sera cité à l’ordre de la Nation et recevra la bague de la Légion d’Honneur.

Ce ne sont pas que des messagers, ils peuvent aussi se transformer en « espion ». Ci-dessus un pigeon photographe. Les moyens téléphoniques ont beau se développer, les pigeons restent le moyen le plus sûr. Vaillant a eu droit lui aussi à un film d’animation.

Comme les hommes, les chevaux sont mobilisés (par réquisition)  pour équiper une armée encore principalement hippomobile. Unités cuirassées, artillerie tractée etc… En France, pas moins de 758 507 bêtes vont trouver la mort durant cette guerre, c’est l’équivalant de 80 % de l’effectif. À l’armistice, il ne reste que 740 510 recensés pour l’ensemble des Alliés, au total 1 140 000 chevaux et mulets auront disparu au combat. Beaucoup sont mort d’épuisement, de malnutrition, par manque de soins, se noient dans la boue, d’autres sont fauchés par la mitraille et les obus.

Extrait du roman « À l’Ouest, rien de nouveau » :

« Je n’ai encore jamais entendu crier les chevaux et je puis à peine le croire. C’est toute la détresse du monde. C’est la créature martyrisée, c’est une douleur sauvage et terrible qui gémit aussi. Nous sommes devenus blêmes. Detering se dresse : « achevez-les donc… » Je vous le dit, que les animaux fassent la guerre, c’est la plus grande abomination qui soit ».

 

Là aussi, un film va être réalisé.

Dromadaires en Afrique, éléphants des zoos en Europe, tous prennent part à l’effort de guerre.

D’autres animaux vont faire leur apparition dans différents domaines :

Gaspard, le rat des tranchées. Hélène, la cigogne de l’escadrille française N°12. Le caméléon, insigne des sections de camouflage. Le singe pour les boîtes de corned beef. Et enfin, la colombe pour la fin des hostilités.

Les aventures extraordinaires de ces animaux et la souffrance animale vont émouvoir Maria Dickin (1870-1951) qui fonde en 1917 le People’s Dispensary for Sick Animals (PDSA). Il s’agit d’une association caritative vétérinaire britannique. Au cours de la Seconde guerre mondiale, en 1943, elle va créer, comme pour les humains, une distinction civile et militaire pour les animaux. Cette médaille a été remise 54 fois entre 1943 et 1949 à 32 pigeons, 18 chiens, 3 chevaux et 1 chat.

Créée par Maria Dickin en 1943, la médaille Dickin récompense les animaux qui font preuve d’une bravoure et d’un dévouement remarquables lors d’un conflit militaire. Un chien français du nom de Leuk, a été le premier chien de l’armée française décoré par le Royaume-Uni.

Surnommé « Leuk la chance », ce berger malinois a servi au sein du prestigieux commando Kieffer de la marine française. Il a été tué le 2 mai 2019 au Mali (opération Barkhane) où ses actes ont sans doute sauvé la vie de son unité à de multiples reprises.