LES ORDRES COLONIAUX

Le passé colonial de la France a été l’occasion de la création de décorations militaires afin de récompenser les actions guerrières lors des conquêtes. Certains pays conquis étaient dirigés par des rois ou des empereurs, et avaient leurs propres récompenses. Le calme revenu, les accords de coopération ou d’association vont faire que les administrateurs, ingénieurs, et médecins  français, civils et militaires, vont être récompensés pour leurs actions. C’est ainsi qu’à partir de 1896, la France va reconnaitre et adopter cinq Ordres de ses colonies :

  • L’Ordre royal du Cambodge
  • L’Ordre de l’Étoile d’Anjouan (Comores)
  • L’Ordre impérial du Dragon de l’Annam (Indochine)
  • L’Ordre de Nichan El-Anouar (Territoire des Afars et des Issas)
  • L’Ordre de l’Étoile noire (Dahomey)

Avec l’évolution institutionnelle des colonies, les Ordres coloniaux disparaîtront progressivement. À partie du décret du 1er septembre 1950, les Ordres du Cambodge et du Dragon d’Annam vont devenir des « Ordres des États associés de l’Union française », les Ordres de l’Étoile noire, de l’Étoile d’Anjouan et du Nichan El-Anouar devenant des « Ordres de la France d’Outre-mer ». En 1963, la création de l’Ordre national du Mérite sonnera le glas pour les Ordres survivants.

L’ORDRE ROYAL DU CAMBODGE.

L’Ordre royal du Cambodge, créé par le roi  du Cambodge Norodom 1er avait pour but de récompenser les services civils et militaires. Cette Ordre comportait cinq classes : Grand-croix, Grand-officier, Commandeur, Officier et Chevalier. La décoration est constituée d’un médaillon aux armes royales surmonté d’une couronne (les premiers modèles ne comportaient pas de couronne).

En 1899, le ruban, originellement rouge à liserés verts devint blanc à liserés orange pour que la boutonnière ne soit plus confondue avec la Légion d’Honneur. Par décret du 25 août 1948, redevenu Ordre national cambodgien, cet ordre retrouvera son ruban d’origine, rouge à liserés verts. Abandonné par les Khmers rouge en 1975, l’Ordre fut rétabli par décret royal le 5 octobre 1995.

Brevet d’attribution

Grand Croix

Grand Officier

Commandeur

Officier

Chevalier

Récipiendaire : André Jules Aristide Michelin
Ingénieur et industriel français
Centralien de la promotion 1877
Constructeur de charpentes en fer et fabricant de caoutchouc
Cofondateur avec son frère Édouard Michelin de la Société Michelin § Cie
Créateur en 1900 du guide Michelin

L’ORDRE DE L’ÉTOILE D’ANJOUAN (Comores).

Cette décoration, nous la devons au Sultan des Comores, Saïd Abd-Allah, qui l’avait créé en 1874. Elle fut réorganisée en 1892 par son successeur Mohamed Saïd Omar. Il s’agissait de récompenser ceux qui avaient rendu des services «… tant à notre pays, qu’à la France, notre protectrice… ».

L’Étoile d’Anjouan, par décret des 10 et 23 mai 1896, devient un Ordre colonial français, et, par la suite, l’un des Ordres de la France d’Outre-mer. Cette décoration était attribuée aux Français, civils et militaires, après au minimum de neuf années d’activité au service de la France d’Outre-mer, sur les territoires de l’Océan Indien (Archipel des Comores, Madagascar, île de la Réunion…). Comme pour les autres Ordres, il fallait être âgé, au minimum, de vingt neuf ans révolus.

La décoration est une étoile à huit pointes dont chacune est formée de multiples rayons. Au centre, émaillé blanc, figure un croissant surmonté d’une main. Cette médaille centrale ronde porte les mots « Ordre royal de l’Étoile d’Anjouan – Comores » ainsi qu’une inscription en arabe. Un décret  du 5 décembre 1899, dans le but d’éviter une analogie avec le ruban de la Légion d’Honneur, rouge à l’origine, devient bleu pâle, liseré de chaque côté de deux raies de couleur orange.

L’Ordre de l’Étoile d’Anjouan a été supprimé par le décret du 3 décembre 1963.

Brevet d’attribution

Grand Croix

Grand Officier

Commandeur

Officier

Chevalier

Récipiendaire : Général Joffre
Grand Officier de l’Ordre

 

L’ORDRE IMPÉRIAL DU DRAGON DE L’ANNAM (Indochine).

Institué à Hué le 14 mars 1886 par l’empereur Dông Khânh, en accord avec le gouvernement français et en hommage à l’alliance avec la France. Il se nomme au départ « Ordre impérial du Dragon d’Annam », le dragon étant la divinité tutélaire de la famille impériale, puis devient « Ordre du Dragon d’Annam » par décret du 10 mai 1896.

L’Ordre comporte cinq classes : Grand-Croix, Grand Officier, Commandeur, Officier et Chevalier.

Les rubans sont différents selon que l’Ordre qui est conféré à des civils (vert à bords orange) ou à des militaires (rouge à bords orange).

Cet Ordre fait partie des Ordres coloniaux français entre 1896 et 1950. Il est supprimé le 5 mai 1950, ainsi que tous les autres Ordres coloniaux, à la suite de la proclamation de l’indépendance du Viêt Nam par la France en 1949.

 

Brevet d’attribution

Chevalier civil

Chevalier militaire   

La couleur des rubans change et pour toutes les classes de l’Ordre.

Grand-Croix

Grand Officier 

Commandeur

Officier (civil)

Chevalier

Récipiendaire : L’ amiral Henri Rieunier

Grand Officier de l’Ordre (à gauche sur la photo, la plaque du milieu)

L’ORDRE DE NICHAN EL-ANOUAR (Territoire des Afars et des Issas).

C’est en souvenir de l’établissement du protectorat de la France, que le Sultan de Tadjourah, Hamed Ben Mohamed, institua en 1887, l’Ordre du Nichan El Anouar (L’Ordre des lumières).

La baie de Tadjourah était devenue protectorat français en 1862, sous l’impulsion du gouverneur d’Obock, Léonce Lagarde. Ce dernier fonda Djibouti ville et obtint la concession de la ligne de chemin de fer Djibouti-Addis Abéba.

Le premier titulaire de l’Ordre du Nichan El-Anouar fut le général Faidherbe. La France reconnut l’Ordre par le décret de 1896, organisant une réglementation comme avec l’Étoile Noire et l’Étoile d’Anjouan. Cette décoration devint l’un des Ordres de la France d’Outre-mer, avec le décret du 1er septembre 1950, supprimant le mot “colonial”.

Le Nichan El-Anouar était décerné aux civils et aux militaires français ayant exercé des activités dans l’Empire colonial, dans les territoires de la Côte des Somalies, et de l’Afrique centrale.

L’Ordre comportait cinq classes ; Chevalier, Officier, Commandeur, Grand-officier et Grand croix. Le ruban, subissant les modifications du décret du 5 décembre 1899, destiné à écarter toute similitude avec celui de la Légion d’Honneur, était devenu bleu roi avec une raie blanche au milieu. L’Ordre de Nichan El-Anouar a disparu à la suite du décret du 3 décembre 1963.

 

Brevet d’attribution

Grand-Croix

Grand officier

Commandeur

Officier

Chevalier

Récipiendaire : Mgr Charles Lagier
Commandeur avec plaque de l’Ordre de Nichan El-Anouar

L’ORDRE DE L’ÉTOILE NOIRE (Dahomey).

L’Ordre de l’Étoile Noire fut créé à Porto-Novo, aujourd’hui capitale du Bénin (Cotonou en est la capitale économique), le 1er décembre 1889, par le roi Toffa. Approuvé et reconnu par le gouvernement français le 30 juillet 1894, après établissement des nouveaux statuts du 30 août 1892, accordant cette distinction à tous ceux qui travaillent au développement de l’influence française de la côte occidentale d’Afrique.

Porto-Novo se plaça sous protectorat français en 1863, ceci afin de se prémunir contre les visées de son inquiétant voisin. Effectivement, le roi Glé-Glé, à la tête d’une armée bien organisée, entreprit une progression sur les terres du royaume de Porto-Novo. L’offensive sera poursuivie par le roi Béhanzin, son fils, et sera une menace pour les intérêts commerciaux et culturels de la région. La France va intervenir une première fois en 1890, puis en 1892. Les troupes françaises auront à se battre contre les fameuses amazones du roi Béhanzin, qui, vaincu, fut destitué et déporté. Le roi de Porto-Novo, Toffa, accéda au trône du Dahomey (Dan Homé à cette époque).

Le nouveau souverain, qui avait créé l’Ordre de l’Étoile Noire en 1889, va réorganiser l’Ordre le 30 août 1892. Par décret des 10 et 23 mai 1896, L’Ordre de l’Étoile Noire va devenir l’un des cinq ordres coloniaux reconnus par la France. Le 1er septembre 1950, ils prirent la nouvelle dénomination d’Ordres de la France d’Outre-mer.

L’Ordre comporte cinq classes, Chevalier, Officier, Commandeur, Commandeur avec plaque et Grand-Croix.

Brevet d’attribution

Grand-Croix

Commandeur avec plaque

Commandeur

Officier

Chevalier

Récipiendaire : Gustave Hervigo
Artiste peintre
Peintre de l’Afrique noire. Ecole de Rambouillet et peintre officiel de la Marine
Son surnom : “Tatave-la-bougeotte”
Entreprend 17 voyages à travers le monde entre 1949 et 1981, centrés sur l’Afrique noire.
Officier de l’Ordre de l’Etoile Noire

LE MÉRITE SAHARIEN.

Bien que n’étant pas un Ordre colonial, l’Ordre du Mérite saharien a sa place dans cette catégorie de récompense. Il fut le dernier des Ordres des ministères à être institué. Son existence fut brève car il disparut en 1963 lors de la réorganisation des Ordres nationaux faisant suite à la création de l’Ordre national du Mérite en 1963.

L’Ordre du Mérite saharien a été créé par décret le 4 avril 1958 en France, destiné à récompenser les services rendus, à caractère social, scientifique, économique ou administratif, par des personnes françaises ou étrangères ayant participé à la mise en valeur des régions sahariennes. L’Ordre avait trois classes.

Brevet d’attribution

Chevalier

Officier

Commandeur