A CHACUN SA CROIX

 

 

Croix de Toulouse, croix du Languedoc, croix d’Occitanie, croix Cathare, croix du Marquisat de Provence, on attribue à cette croix autant de légendes que de symboles culturels, et de nos jours, c’est même devenu un argument commercial.

Les 12 boules représentent les 12 apôtres, les 12 mois de l’année, les 12 signes du zodiaque, les 12 marches pour atteindre la Connaissance suprême … Les trois boules de chaque branche représentent la Sainte Trinité …

Bref ! On lui attribue des significations nombreuses pour que chacun y trouve son compte.

Pour rester sérieux, éliminons la Croix Cathare. En effet, les Cathares rejetaient la Croix en général et latine en particulier. Icinoclastes, ils n’idolâtraient aucune image, ni croix, ni colombe. De plus, le catharisme nous est arrivé des pays de l’Est avec ses Bons hommes et ses Parfaits, de Bulgarie probablement. Les Cathares n’ont jamais eu de châteaux, de soldats, de Croix, de chef, de territoire propre. Le mot « cathare » n’existait même pas de ce temps-là ; ils étaient nommés « Albigeois » ou « hérétiques » dans les écrits de l’Inquisition. Ce n’est que dans les années 1950, que des « savants » nous ont transmis ce mot de « cathare » en allant puiser chez les Grecs la racine « katharoi » qui signifie « pur ». Pays cathare, Croix cathare, châteaux cathares, ne sont que des arguments qui ont développé le tourisme.

Autre légende du coin, Belibastre, le dernier cathare brûlé en 1321 à Villeneuve-Thermenès. En 1329, quatre croyants cathares furent brulés sur les rives de l’Aude de la Cité de Carcassonne. Nota : La visite du château de Villeneuve-Thermènes est payante …

Ce qui me rappelle une visite au château d’If, en face de Marseille. Notre guide, avec un sérieux de sénateur, nous a montré le trou dans le mur de la cellule d’Edmond Dantès par lequel il rencontrait l’abbé Faria avant de s’évader. Les flashs des appareils photo crépitaient alors pour immortaliser la « découverte » historique.

Le marquisat de Provence

Nous sommes en 972, dans la région de Fraxinet (La Garde Freinet de nos jours). Les Sarrasins, qui sévissaient dans la région, capturent l’abbé Maïeul de Cluny, saint homme très vénéré par les provençaux, et demandent une forte rançon. C’en était trop, une mobilisation générale mit fin à la présence des Sarrasins, qui seront chassés de toute la région. Le vainqueur, Guillaume, comte de Provence, devint Guillaume le Conquérant et Marquis, c’est-à-dire chef militaire des Marches de Provence.

Roubaud, le frère de Guillaume, Marquis de Provence et comte d’Avignon, avait une fille Emma de Venasque qui épousa vers l’an 990, Guillaume Taillefer, comte de St Gilles. En dot, elle apporta une partie du marquisat de Provence et sans doute, la Croix de Venasque qui était la Croix de son père et de son oncle, les Marquis de Provence.

Croix de Venasque

 

Raymond IV de St Gilles, petit-fils de Taillefer utilisa ce sceau en sa qualité de Marquis de Provence. Mais, il faudra attendre Raymond VI (1194-1222) pour voir réapparaître la Croix bouletée et perlée qui restera l’emblème des comtes de Toulouse.

Sceau de Raymond VI de Toulouse

 

Extrait de l’Histoire de Marseille de Louis Antoine de RuffI

Le fond rouge de la Croix a probablement pour origine le blason des comtes de Forcalquier.