LE SIMULTANEUM

À un moment de notre histoire où chaque partie politique pense être en phase avec la loi dite de 1905, et rassurer les fidèles de toutes les religions, surgit un mot, le simultaneum. Mais c’est quoi ce truc ?

Le « truc » signifie : échange de lieux de culte.

La méconnaissance de l’histoire fait dire des bêtises aux tribuns politiques. Car les lois françaises, comme la loi de 1905 sur la séparation des églises et de l’État, ne s’applique pas sur la totalité du territoire français. En Alsace-Moselle, le droit local des cultes est issu du Concordat de 1802. En Guyane, les textes en vigueur restent l’Ordonnance royale de Charles X du 27 août 1828. Dans les départements de la Martinique, de la Guadeloupe et de la Réunion, la loi de 1905 est appliquée depuis 1911. Dans les autres territoires d’outre-mer, Polynésie française, Wallis et Futuna, Saint-Pierre et Miquelon, Nouvelle-Calédonie et Mayotte, mais à l’exception de Saint-Barthélemy et Saint-Martin, ce sont les décrets-lois Mandel de 1939 qui régissent le droit local des cultes.

Première phase : Cujus regio ejus religio. (Liberté religieuse pour les princes, obligation pour les sujets d’avoir la religion de leur seigneur)

Cette règle est typiquement germanique, elle va cependant évoluer dans le temps et selon trois phase. La paix d’Augsbourg sera le premier énoncé de la règle.

Le 25 septembre 1555, la paix d’Augsbourg est signée entre l’empereur Charles  Quint, catholique, et les princes révoltés de l’église « hérétique » de Luther. Ce traité, lourd de compromis sera appliqué de mauvaise foi par tous. La Guerre de Trente Ans va tout remettre en question

Deuxième phase : La paix de Westphalie.

Signée le 24 octobre 1648, la Paix de Westphalie met fin à la Guerre de Trente Ans. De cette paix va surgir une nouvelle application du « cujus regio ejus religio », figé dans le temps, en référence à l’an 1624. Est donc réputée catholique une terre qui l’était en 1624 ; de même est réputée protestante une terre qui l’était cette même année. Cette nouvelle définition va faire loi pour l’ensemble des signataires du Traité de Westphalie, y compris la France qui devra s’engager à respecter le « cujus regio ejus religio » chez ses nouveaux vassaux alsaciens. En fait, la liberté religieuse n’existe plus pour personne, ni seigneurs, ni sujets. Les mouvements incessants de princes, héritages, mariages, parfois de confession différente, imposeraient aux sujets de changer de religion plusieurs fois dans leur vie.

Troisième phase : la politique de Louis XIV.

Le roi de France estime qu’un catholique ne doit pas être obligé de changer de religion en s’installant dans une région protestante. En France, l’Édit de Nantes est révoqué le 17 octobre 1685. En Alsace, l’application est moins radicale mais, lorsqu’au-moins sept familles catholiques résident dans une ville ou un village, les protestants devront accepter de partager leur lieu de culte avec les catholiques ; c’est l’institution du simultaneum.

Comment organiser cette coexistence ? En général, le chœur de l’église est réservé au culte catholique et la nef au culte protestant. Dans certain cas, l’autel est mobile, installé et ôté à chaque culte luthérien..

Église Saint-Jacques le Majeur d’Hunawihr où perdure le simultaneum depuis 1687.

Panneau d’information de l’église d’Hunawihr.

 

De nos jours, en 2017, une cinquantaine d’églises d’Alsace fonctionnent sur le système du simultaneum, principalement dans le Bas-Rhin.

 

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