L’AIGLE DE MEAUX

Ce surnom fut donné à Bossuet par Voltaire qui voyait en l’évêque de Meaux une personne capable de tenir tête au roi, tout comme l’aigle peut voler face au soleil.

Portrait de Bossuet par Hyacinthe Rigaud – Paris, Musée du Louvre

Jacques-Bénigne Bossuet est né le 27 septembre 1627 à Dijon, il est décédé le 12 avril 1704 à Paris. Homme d’Église, évêque, prédicateur et écrivain français. Il fut évêque de Meaux du 21 mai 1681 au 12 avril 1704. Membre de l’Académie française, précepteur du dauphin Louis de France, fils de Louis XIV.

Fils d’un avocat, il fait ses études secondaires au collège des Jésuites de Dijon. À quinze ans, il vient à Paris et poursuit ses études au collège de Navarre. Il y étudie en profondeur la philosophie et la théologie.

Ordonné sous-diacre à Langres, en 1648, il abandonne sa vie mondaine et fait l’expérience d’une conversion religieuse. C’est à cette époque qu’il écrit sa Méditation sur la brièveté de la vie, et dans la même année il écrit Méditation sur la félicité des saints. En 1652, il est reçu docteur en théologie, puis ordonné prêtre et devient l’archidiacre de Sarrebourg. En 1654, il est archidiacre de Metz, où il s’installe.

Le 21 septembre 1670, il est évêque de Condom, dans le Gers. Il va renoncer à ce poste et devient le précepteur du dauphin, fils de Louis XIV. Le roi lui donne le Prieuré du Plessis-Grimoult. Il écrira lui-même les livres de classe pour son royal élève. Bossuet terminera cette mission en mars 1680, date du mariage du dauphin avec Marie-Anne de Bavière. Pour le dauphin, il écrira le Traité de la connaissance de Dieu et de soi-même. Bossuet se réserve l’enseignement de l’histoire, qu’il considère comme fondamental pour la formation du prince. Pendant dix ans, il raconte au dauphin l’histoire des rois qui se sont succédé à la tête du royaume. Entre-temps, il est élu membre de l’Académie française en 1671.

En 1681, Bossuet écrit son Discours sur l’histoire universelle dans lequel, après avoir exposé sa vision de l’histoire du monde, il en cherche la raison dans les desseins de Dieu sur son église. La même année, lorsque l’éducation du dauphin est achevée, il est nommé évêque de Meaux.

En plus de son activité épiscopale, il combat le protestantisme. Il va publier l’Histoire des variations des Églises protestantes, en 1688, et Avertissements aux protestants sur les lettres du ministre Jurieu contre l’Histoire des variations en 1689-1691. (Il faut entendre ministre du culte). Selon Victor Hugo, dans les Travailleurs de la mer, il fut l’auteur de graves persécutions : « Quelques pauvres diocésains de cet aigle, persécutés par lui lors de la révocation de l’édit de Nantes, et abrités à Guernesey, avaient accroché ce cadre au mur pour y porter témoignage. On y lisait… « Le 29 octobre 1685, démolition des temples de Morcef et de Nanteuil, demandé au Roy par M. l’évêque de Meaux. Le 2 avril 1686, arrestation de Cochard père et fils pour religion, à la prière de M. l’évêque de Meaux. Relâchés, les Cochard ayant abjuré. Le 28 octobre 1699, M. l’évêque de Meaux envoie à M. de Pontchartrain un mémoire remontrant qu’il serait nécessaire de mettre les demoiselles de Chalandres et de Neuville, qui sont de la religion réformée, dans la maison des Nouvelles-Catholiques de Paris. Le 17 juillet 1703, est exécuté l’ordre demandé au Roy par M. l’évêque de Meaux de faire enfermer à l’hôpital le nommé Baudoin et sa femme, mauvais catholiques de Fublains ».

Bossuet n’avait aucune tendresse pour les juifs qu’il accusait de « déicide », le plus grand des crimes. Il écrit : « Ô redoutable fureur de Dieu, qui anéantis tout ce que tu frappes ! Ce n’est pas seulement les habitants de Jérusalem, c’était tous les juifs que vous vouliez châtier… Il fallait encore prendre leur ville de force (siège de Jérusalem par l’empereur Titus). Il fallait à la justice divine un nombre infini de victimes ; elle voulait voir onze cent mille hommes couchés sur la place… et après cela encore, poursuivant les restes de cette nation déloyale, il les a dispersés par toute la terre ».

Les voyages à Paris sont de plus en plus fréquents, Paris, où il se fait une grande réputation pour ses sermons. Il prêche l’Avent et le Carême devant la reine-mère et le roi, parmi les protestants, il fait un grand nombre de conversions et on cite celles de Turenne et de sa nièce Mademoiselle de Duras. Pour aider ces nouveaux catholiques, il rédige son Exposition de la doctrine de l’Église. Lui-même va subir plusieurs influences dont celle de saint Vincent de Paul qui tient des conférences sur la prédication, à l’église Saint-Lazare et auxquelles Bossuet assiste. Son éloquence en est marquée.

De ses sermons, il ne nous est parvenu qu’environ deux cents sur les six cents sermons prononcés. Bossuet ne les considérait pas comme des œuvres littéraires. Avant de monter en chaire, il griffonne quelques mots pour guider son discours, puis il se livre à l’inspiration du moment.

Il prononce aussi plusieurs oraisons funèbres, comme en 1669, l’oraison funèbre d’Henriette-Marie de France, reine d’Angleterre puis le 21 août 1670, celle de sa fille, Henriette-Anne d’Angleterre, décédée subitement à 26 ans, et dont une phrase est restée célèbre : « … Madame se meurt, Madame est morte … ». Puis, en 1683, ce sera celle de Marie-Thérèse d’Autriche et en 1687, celle du Grand Condé, Louis II de Bourbon-Condé. Les oraisons funèbres de Bossuet sont réputées comme étant des chefs-d’œuvre d’éloquence.

     

Théoricien de la monarchie absolue, dans Politique tirée des propres paroles de l’Écriture sainte, Bossuet rappelle que les rois sont les ministres de Dieu. « Le roi est à l’image de son royaume ce qu’est Dieu à l’égard de la création… », « vouloir y attenter est un crime contre l’ordre divin ! ».

Le 12 avril 1704, Bossuet meurt à Paris, (46, rue Bossuet) de la maladie de la pierre, après une lente et douloureuse agonie.

Monument de Bossuet par Ernest Henri Dubois, placé dans la cathédrale Saint-Étienne de Meaux en 1911