LA GUERRE D’INDOCHINE

En 1897, le gouverneur général Paul Doumer institue les structures administratives de l’Indochine, divisée en cinq pays (Tonkin, Annam, Cochinchine, Laos et Cambodge). Il s’agit surtout d’une colonie d’exploitation : l’économie indochinoise doit produire des matières premières et des denrées agricoles pour l’exploitation. La colonisation a crée de nouveaux secteurs de production (caoutchouc, thé, café, industries textiles, brasseries, cigarettes, ciment…) et a entraîné le développement de ceux qui existaient déjà, sur une grande échelle. Ainsi, en 1933, l’Indochine est le deuxième exportateur mondial de riz. Les plantations d’hévéas, l’extraction de charbon et des minerais non ferreux connaissent la même ascension. La mise en valeur coloniale a privilégié la façade littorale et les relations entre le Nord et le Sud agricole, au détriment de liaisons transversales. Aussi, le Laos et le Cambodge, régions rurales et peu industrialisées, font-elles figure d’enclaves sous-développées.

LES TROIS KY.

Le royaume d’Annam était composé de trois provinces allant du Nord au Sud : Bac Ky (Tonkin), Trung Ky (Annam) et Nam Ky (Cochinchine).

TONKIN.

Hanoï, capitale de la R.D.V. La ville (1 088 862 hab. en 1989) est située à la tête du delta du Sông Koi (fleuve Rouge), sur la rive droite. La position de Hanoï la rend vulnérable aux inondations, et des digues ont été construites pour la protéger des crues. Fondée par les Chinois au III° s., elle fut la capitale du Tonkin sous l’autorité chinoise jusqu’au X° s., puis capitale royale vietnamienne jusqu’en 1802, date à laquelle Huë fut choisie comme ville impériale par l’empereur Gia Long. Les Français occupèrent Hanoï en 1882 et en firent le siège du gouvernement général de l’Indochine de 1887 à 1954. La vieille ville commerçante s’étend au Nord et à l’Ouest du lac, le Sud est occupé par les quartiers administratifs et résidentiels datant de l’époque coloniale ; l’ensemble a terriblement souffert des bombardements américains.

ANNAM.

Da Nang, autrefois Tourane, port de la côte septentrionale du Viêtnam, la ville fut cédée pour la première fois à la France en 1787 et érigée en concession française distincte du protectorat d’Annam. Situé au sud d’une vaste baie en forme de fer à cheval, Da Nang est le principal port desservant les plaines du centre. Son excellente rade, abritée par des massifs de la chaîne annamitique (Trung Son 1413 m) demeure pourtant exposée à la mousson d’hiver. A l’Est elle est protégée par la presqu’île de Tien Sa et le cap de Da Nang qui surplombe de ses 693 m la mer de Chine. Da Nang est reliée à Hö Chi Minh-ville par la route et par le chemin de fer. La population est estimée à 370 670 hab. en 1989.

COCHINCHINE.

Hô Chi Minh-ville, autrefois Saïgon, capitale de l’ancienne république du Viêtnam du Sud, située au Nord du delta du Mékong, sur le Dông Nai (rivière de Saïgon), à quelque 80 km de la mer. Saïgon a été créée, en 1859, par les Français pour devenir le grand centre portuaire et commercial de l’Indochine française. L’origine coloniale de Saïgon apparaît dans la structure urbaine caractérisée par un plan à damier, aux vastes avenues plantées d’arbres, où se différencient, établis sur des terrasses alluviales, des quartiers résidentiels au Nord, le centre administratif et des affaires au Nord-Ouest, des quartiers populaires et commerçants vers les berges. Au Sud s’étendent sur cinq km, les installations portuaires qui peuvent accueillir des navires de 9000tonnes. A l’Ouest, reliée à Saïgon par « l’Arroyo » chinois, s’étend Cholon, fondée par les Chinois à la fin du XVIII°s. L’agglomération Saïgon-Cholon ne comptait que 1 600 000 hab. en 1964, la population de Hô Chi Minh-ville atteignait 3 667 600 hab. en 1989, une croissance due non seulement à l’industrialisation du pays, mais aussi au formidable exode rural déclenché par trente ans de guerres.

LES ORIGINES DU CONFLIT.

La seconde guerre mondiale a permis aux nationalistes vietnamiens d’affirmer leur influence. Isolée de la métropole, l’Indochine est placée sous l’occupation japonaise. Si certains se rallièrent aux japonais pour libérer l’Asie des Américains et des Européens, la majorité des nationalistes se dressèrent contre eux. Ce fut le cas de la Ligue pour l’Indépendance du Viêtnam, ou Viêt-Minh, fondée en 1941 par le parti communiste indochinois, dont Hô Chi Minh était l’un des dirigeants. Les objectifs du Viêt-Minh étaient clairs : lutter contre les Japonais et les Français pour libérer le pays et y établir une république démocratique. Après la défaite japonaise, Hô Chi Minh déclenche, le 13 août 1945, l’insurrection générale qui conduit à l’abdication de l’empereur Bao Daî, le 25 août. Le 2 septembre, il proclame, à Hanoï, l’indépendance de Viêtnam et la naissance de la République Démocratique du Viêtnam. Devant le fait accompli, les Français hésitent sur l’attitude à adopter lorsque le général de Gaulle se déclare partisan de la restauration de la souveraineté française dans le cadre d’une fédération indochinoise. Au Nord, les Chinois qui occupaient le pays, étaient peu disposés à céder la place aux Français et intriguaient avec les nationalistes. Mais, Français et Viêt-Minh se prononcent en faveur de négociations. Le 6 mars 1946, est signé une convention qui reconnaît le Viêtnam comme « un état libre avec son gouvernement, son parlement et ses finances, faisant partie de la fédération indochinoise et de l’Union Française » ainsi que l’unification du Tonkin, de l’Annam et de la Cochinchine, soumise toutefois à un référendum. En contrepartie, la France impose l’installation de troupes françaises à Hanoï. Au lieu d’organiser un référendum, l’amiral Thierry d’Argenlieu fait proclamer la république, en juin 1946, empêchant ainsi la réalisation de l’unité souhaitée par Hô Chi Minh. Celui-ci se rend à la conférence de Fontainebleau (6 juillet au 25 août 1946) pour tenter de trouver un arrangement qui se révèle impossible.

LE DEBUT DE LA GUERRE D’INDOCHINE

Deux événements vont marquer le début de la guerre. Le 23 novembre 1946, les Français bombardent le port d’Haïphong et le 19 décembre, les milices du général Giap attaquent les quartiers européens d’Hanoï. Hô Chi Minh appelle le peuple vietnamien à la guerre. Cette guerre oppose désormais le Corps expéditionnaire français à une armée révolutionnaire soutenue par la population et qui va imposer une stratégie de guérilla.

L’ENLISEMENT DU CONFLIT.

Dans un contexte d’instabilité politique en France, cette guerre va rapidement devenir impopulaire. Lointaine et stigmatisée dans l’opinion par le scandale de la spéculation sur les piastres, la guerre s’enlise. Pour tenter d’affaiblir politiquement Hô Chi Minh, les Français cherchent un autre interlocuteur en la personne de Bao Daï. Par les accords de la baie d’Along, le 5 juin 1948, la France accorde ce qu’elle a refusé à Hô Chi Minh : l’indépendance du Viêtnam réuni et associé à l’Union française.

INTERNATIONALISATION DU CONFLIT.

A partir de 1949, avec l’intensification de la guerre froide, la guerre d’Indochine prend une dimension internationale. Les communistes chinois qui viennent de l’emporter en Chine (21septembre1949), apportent leur soutien militaire au Viêt-Minh, tandis que la France sous l’impulsion du général de Lattre de Tassigny, fait appel à l’aide américaine.

LA CHUTE DE DIÊN BIÊN PHÛ ET FIN DE LA GUERRE.

Diên Biên Phû est située au N-O du Viêtnam, à 300 km de Hanoï et commande la route de Louang-Prabang. En novembre 1953, les Français renforcent la garnison pour empêcher le Viêt-Minh de prendre le contrôle du nord du Laos et de la vallée du Mékong. Le site, en forme de cuvette, avait été choisi parce qu’il semblait au commandement français qu’il était impossible de s’installer sur les hauteurs sans être repéré et que l’isolement du site interdirait l’approvisionnement d’une armée assiégeante, alors que ce problème serait résolu pour les défenseurs par un pont aérien. Contrairement à ces prévisions, le Viêt-Minh réussit à encercler le camp retranché avec 5 divisions soit 35 000 hommes, équipées d’artillerie lourde et mobilisant 75 000 coolies. Le 13 mars 1954, les armées du général Giap entament le siège du camp français défendu par les 10 800 hommes du colonel de Castries. Dès le 18 mars, le terrain d’aviation est en permanence sous le feu de l’adversaire. Secours et ravitaillement n’arrivent désormais que par parachutage jusqu’à l’assaut final du 7 mai 1954. Le Viêt-Minh a tiré 25 000 coups de canons sur la position de Diên Biên Phû.

Ce conflit a coûté la vie à 57 958 soldats français.