LA GUERRE FRANCO-PRUSSIENNE

1870/71

La guerre de 1870, que l’on appelle communément « guerre franco-prussienne », a opposé notre pays aux états d’Allemagne sous la domination de la Prusse. Ce fut une guerre courte, à peine six mois, du 17 juillet 1870 au 28 janvier 1871. Le théâtre des opérations se situe principalement en France. Cette guerre peut être divisée en deux périodes : la guerre impériale d’une durée d’un mois et demi et la guerre républicaine ou de Défense Nationale.

– La guerre impériale (15 juillet au 4 septembre1870) se solde par l’invasion de l’Alsace avec les batailles de Wissembourg (4 août) et Froeschwiller (charge des cuirassiers de Reichshoffen le 6 août) et de la Lorraine avec la bataille de Forbach (6 août), d’importantes batailles autour de Metz et le siège de la ville fortifiée dans laquelle fut bloquée la principale armée impériale, 177 000 hommes, commandée par le Maréchal Bazaine. Après les batailles de Borny (14 août), de Rezonville (16 août), de Gravelotte et de Saint-Privat (18 août), le désastre de Sedan (1-2 septembre) entraîne la chute de l’Empire et la proclamation de la République.

– La période de Défense Nationale a duré environ cinq mois, du 4 septembre 1870 au 28 janvier 1871. L’armée de Paris a subi le siège et le bombardement de la capitale du 19 septembre 1870 au 28 janvier 1871, malgré les sorties de Champigny (30 novembre-2 décembre) et de Buzenval (19 janvier 1871). Les armées de provinces ont vainement tenté de dégager Paris et de couper les lignes de ravitaillement de l’armée allemande. Dans un premier temps l’armée de la Loire, commandée par le général d’Aurelle de Paladines, puis une deuxième tentative avec une nouvelle armée de la Loire commandée par le général Chanzy avec les batailles de Coulmiers (9 novembre), de Beaune-la-Rolande (27 novembre), de Loigny (2 décembre), de Beaugency (7 au 10 décembre) et du Mans (10-11 janvier 1871). Les armées du Nord, commandées par le général Faidherbe, engagent les combats de Bapaume (3 janvier 1871) et de Saint-Quentin (18 janvier 1871). L’armée de l’Est, commandée par le général Bourbaki, réussit à reprendre Dijon et marche sur Belfort que défend héroïquement Denfert-Rochereau, engage la bataille d’Héricourt (15-17 janvier 1871) mais, vaincu, il doit se réfugier en Suisse le 2 février. La guerre prend fin avec la reddition de Paris le 28 janvier 1871.

DÉCLARATION DE LA GUERRE.

Depuis septembre 1868, le trône d’Espagne est vacant. La reine Isabelle a été chassée et la régence est assurée par le général Prim. Celui-ci, chargé de trouver un successeur propose comme candidat possible à la couronne, un prince allemand, Léopold de Hohenzollern-Sigmaringen. Du côté français la réaction est très vive. On ne peut accepter que la France soit prise entre deux états solidaires qui pourraient venir menacer notre pays. Napoléon III le fait savoir au roi de Prusse Guillaume I. Finalement, le prince renonce de lui-même à la candidature.

Cependant, cette renonciation ne fait pas l’affaire de Bismarck. Celui-ci cherche à provoquer la guerre avec la France ; il fait donc appel à un stratagème pour que cette affaire puisse « rebondir » au profit de ses idées. L’ambassadeur de France auprès de la Prusse, Benedetti, est chargé de demander formellement le retrait de la candidature du prince. Il obtient satisfaction. Dans la soirée du 12 juillet, le ministre français des affaires étrangères, le duc de Gramont fait télégraphier à Benedetti d’obtenir une confirmation écrite du roi de Prusse. Le 13 juillet, Benedetti se rend à Ems où le roi Guillaume prend les eaux. Le roi repousse poliment la demande de l’ambassadeur tout en précisant qu’il lui fait porter l’acte de renonciation du prince. Le roi fait envoyer un télégramme à Bismarck lui relatant les faits de la journée. Ce télégramme est aussitôt communiqué à tous les représentants de la Prusse à l’étranger et aux journaux de Berlin, mais avant, Bismarck prend le soin de modifier le contenu du télégramme en biffant une grande partie du texte, ce qui le rend pour le moins agressif. C’est la fameuse dépêche d’Ems.

En publiant ce texte, Bismarck veut irriter à la fois les Allemands et les Français. Pour les premiers, on a voulu humilier la Prusse, pour les seconds on a outragé leur ambassadeur. Sa dépêche touche au but. En France, le 15 juillet les crédits de guerre sont accordés et la déclaration de guerre datée du 17 juillet est apportée officiellement à Berlin le 19 juillet. La mobilisation de l ‘armée commence le 15 juillet en France et en Allemagne.

LA BATAILLE DE SEDAN.

Les premiers combats ont lieu le 31 août et 1ier septembre à Bazeilles, situé sur la route de Montmédy-Sedan, au sud-est de Sedan. C’est une division du XII° corps qui a à soutenir le choc contre les Bavarois de la III° armée. Il s’agit de la division d’infanterie de marine, (la division bleue), du général de Vassoigne. Un des soldats de la division est le sous-lieutenant Galliéni, futur général et gouverneur militaire de Paris pendant la Première guerre mondiale. Malgré des pertes sévères, le village reste aux mains des français.

Vers six heures du matin, Mac-Mahon est blessé et passe le commandement au général Ducrot. Dans la matinée, celui-ci, comprenant la possibilité d’un encerclement, a donné l’ordre de se regrouper au nord et de préparer la retraite vers l’ouest en direction de Mézières. L’ordre est donné d’abandonner Bazeilles. Vers dix heures il y a un nouveau changement du commandement. Le général de Wimpffen, qui vient tout juste de débarquer d’Afrique le jour précédent pour prendre le commandement du V° corps, montre une lettre du ministre de la Guerre indiquant qu’il doit prendre le commandement de l’armée en cas d’empêchement du Maréchal de Mac-Mahon. Pour la deuxième fois en quelques heures, le commandement en chef change de main. Les ordres donnés par Ducrot sont annulés et un nouveau plan élaboré. Cette fois-ci, la retraite doit avoir lieu vers l’est et ordre est donné de reprendre Bazeilles. En fin d’après-midi, toutes les troupes françaises sont encerclées. La bataille est perdue. Napoléon III, contre l’avis de certains généraux, décide d’arrêter les combats et de faire hisser le drapeau blanc au sommet de la citadelle.

LA CAPITULATION ET L’ EXIL DE NAPOLÉON III.

Le 1ier septembre au soir ont lieu les premières négociations pour la capitulation. Vers cinq heures, un officier bavarois envoyé par le général de Bothmer, vient dire au roi Guillaume que les Français demandent à capituler. Vers six heures, arrive un autre aide de camp qui annonce que l’Empereur est dans la ville et qu’il va envoyer un parlementaire. Une demi-heure plus tard, celui-ci arrive. C’est le général Reille. A dix mètres du roi, il descend de cheval, ôte son képi et tend au roi un large pli scellé d’un cachet de cire rouge. Après avoir lu la lettre, le roi Guillaume en communique le contenu à Bismarck, de Moltke et au Kronprinz. Un peu après sept heures, le général Reille accompagné d’un officier et d’un trompette des uhlans qui porte un drapeau blanc, s’en retourne vers Sedan avec la réponse.

Le 2 septembre, vers huit heures du matin, Napoléon III rencontre Bismarck dans une petite maison isolée de Donchery. L’Empereur désire rencontrer le roi Guillaume, mais Bismarck refuse tant que la capitulation n’est pas signée. Il demande aussi que l’armée vaincue puisse se retirer en Belgique ; cette demande n’aboutit pas. C’est après la signature de la capitulation par von Moltke et de Wimpffen que l’Empereur peut rencontrer brièvement le roi Guillaume à Bellevue.

Le 3 septembre, jour froid et pluvieux, à l’aube, Napoléon III prend le départ pour se rendre au château de Wilhemshoehe près de Cassel. A Bouillon, il loge dans une modeste chambre à l’Hôtel de la Poste. Il ne mange rien et demande du thé et des cigarettes. En plus des événements qui l’accablent, il a de terribles douleurs ; depuis plusieurs jours, à son urine est mêlé du sang.

Après la guerre, Napoléon III s’exile en Grande-Bretagne où il rejoint l’Impératrice Eugénie et son fils, le Prince impérial. Il y meurt en 1873 après une opération chirurgicale.