DÉFAITE DE PAVIE, FRANÇOIS 1er EST FAIT PRISONNIER
LE PEINTRE BRUXELLOIS BARTENT VAN ORLEY DESSINE POUR CHARLES QUINT LES CARTONS DE TAPISSERIE CÉLÉBRANT LA VICTOIRE. SUR CETTE TAPISSERIE, OFFERTE À CHARLES QUINT EN 1531 PAR LES ÉTATS GÉNÉRAUX DE BRUXELLES, LE ROI DE FRANCE, DONT LA MONTURE VIENT DE S’ÉCROULER, EST RELEVÉ PAR DES SOLDATS DE L’ARMÉE IMPÉRIALE.
Durant tout le règne de François 1er, l’empereur Charles Quint sera l’ennemi majeur du roi qui fera tout pendant dix ans pour empêcher Charles Quint de se rendre à Rome pour se faire sacrer par le pape. Tant que ce rituel n’est pas accompli, il n’est pas possible d’avoir le titre de « roi des Romains ».
François 1er perd le contrôle du Milanais en 1521. En 1524, il reprend Milan et assiège Pavie. Les troupes de l’empereur arrivent sur place en janvier 1525. Après trois semaines de retranchement de chaque armée, les Français vont être surpris par les troupes impériales. Le 24 février 1525, l’affrontement que François 1er voulait éviter, se solde par un échec ; il est fait prisonnier puis détenu par Charles Quint à Madrid pendant près d’une année. Des milliers de morts côté français dont une partie de l’élite comme le maréchal de La Palice, l’amiral De Bonnivet, le Grand-maître René de Savoie, le Grand-écuyer Galéas de Saint-Séverin …
Dès que la nouvelle arrive en France, c’est la consternation. Louise de Savoie, la régente, prend les rênes du pouvoir avec fermeté. Renforts de troupes aux frontières, signature d’un traité de paix avec l’Angleterre, augmentation des impôts et même prélèvements par avance sur 1526 pour payer les mercenaires suisses (plus de 300 000 livres tournois) et les premières rançons des officiers prisonniers en Italie. L’absence du roi réveille des ambitions, mais la reine mère, véritable dame de fer, fait face avec habilité et intelligence.
La bataille de Pavie marque un tournant décisif dans l’affrontement entre les deux souverains. Elle vaut au roi de France un an de captivité et elle permet à l’empereur de se rendre à Bologne et d’être couronné par le pape. Charles Quint choisira en 1530, le jour anniversaire de la victoire de Pavie pour le sacre.
LE COURONNEMENT DE CHARLES QUINT PAR LE PAPE CLÉMENT VII DANS LA CATHÉDRALE DE BOLOGNE
François 1er est dans l’obligation de signer le traité de Madrid dont il ne respectera d’ailleurs pas les termes : le roi devait restituer la Bourgogne dans les six mois. Arguant qu’on ne peut s’engager sous la contrainte, il se contentera d’une rançon et de laisser ses fils en otage pour en garantir le paiement.
Quand François 1er revient en France, il a beaucoup promis à Charles Quint, même le mariage avec Éléonor de Habsbourg, la sœur de l’empereur. En échange de sa liberté, il a dû laisser ses deux fils en otage en Espagne, dont le futur Henri II, âgé de 7 ans.
Le traité de Cambrai, en 1529, met fin aux hostilités entre François 1er et Charles Quint. Le roi de France doit renoncer à ses prétentions en Italie et récupère la Bourgogne, mais perd l’Artois et les Flandres. Le traité est signé par Louise de Savoie (mère de François 1er), Marguerite d’Autriche (tante de l’empereur Charles Quint) et Marie de Luxembourg. Ce traité sera connu sous le nom de « Paix des Dames ».
Maintenant, il faut payer la rançon. Elle est d’un montant colossal, 1 200 000 écus d’or, ce qui représente sept tonne d’or. C’est le plus gros transfert de fonds de l’Histoire. On fond l’argenterie, on demande aux grands seigneurs de participer, on augmente la taille sur les paysans (qui va doubler pendant le règne), on augmente l’impôt sur le sel, la taxe sur les villes ainsi que la contribution du clergé (l’Église participe à près de 10 % des revenus royaux sous François 1er). Il y a aussi le trafic des offices, la vente de nouvelles charges qui rapporte rapidement du cash.
ÉCU D’OR AU SOLEIL SOUS LE RÈGNE DE LOUIS XII
En réalité, la rançon a bon dos ; elle permet au souverain de mettre en place un système fiscal plus efficace et d’augmenter les prélèvements. François 1er va peu à peu centraliser les opérations de finance et réformer efficacement son administration. Le besoin d’argent va aussi l’inciter à faire appel au crédit de façon systématique.
En 1530, un premier versement de 4 tonnes est effectué contre le retour des jeunes princes, c’est aussi à ce prix que Charles Quint va renoncer à la Bourgogne. Le règlement du solde va grever les finances royales pendant encore trois ans. François 1er parviendra à traverser la crise grâce à la richesse du royaume et l’augmentation constante du nombre de ses sujets. La dette reste encore acceptable, mais l’habitude de l’argent facile est prise et les finances se dégraderont largement par la suite.
C’est le maréchal Anne de Montmorency, Grand maître de l’artillerie, compagnon de captivité du roi, qui est désigné pour rassembler au Château-Vieux, à Bayonne, l’énorme rançon. Pour collecter cette somme, il envoie des messagers dans tout le royaume. Dans deux grandes salles du Château, côté Nord, on entasse les écus d’or sur de grands tapis verts. Le décompte, en présence des Espagnols, va s’avérer difficile en raison de la complexité de ce trésor comprenant des écus, des florins, des ducats et de la méfiance du scrupuleux délégué espagnol, Don Alvaro de Lugo et du trésorier des Flandres, chargés des vérifications. Méfiance justifiée, dans la quantité des pièces, il y a des fausses, de là un déficit de quarante mille écus.
La sécurité de cet important trésor était assurée par le sénéchal d’Agenais avec une centaine d’archers, complétée par trois cents hommes de guerre à pied de la garnison de Bayonne. Quatre années furent nécessaires pour se procurer la rançon.
Quand les contrôles furent terminés, on fixa la date de l’échange. Après les pourparlers, on convient de la date du 1er juillet 1530 et du même cérémonial que pour l’échange de François 1er et des enfants. Ceux-ci étaient accompagnés d’Eléonore d’Autriche, sœur de Charles Quint, jeune épouse le roi de France. Le maréchal et gouverneur du Languedoc, Anne de Montmorency a été chargé de la remise de la rançon.
Le transport de la rançon se fit avec trente mulets, chacun avec quarante mille écus, et d’un trente-et-unième porteur des bordereaux. Le convoi se mis en route le 30 juin escorté de cent hommes de guerre à pied, suivi à quelques distance de trois cents hommes d’armes. Par suite de malentendus provenant de la méfiance réciproque des Espagnols et des Français, les choses ne se passèrent pas à Hendaye comme prévu. Don Pedro n’était pas au rendez-vous, il craignait un piège devant l’imposante troupe française. Éléonore, qui le 20 mars avait épousé François 1er par procuration, pressée de venir en France, intervient vigoureusement auprès de Don Pedro et l’échange eu lieu dans la journée au milieu de la Bidassoa. Après ce retard important, la reine et les princes n’arrivèrent à Saint-Jean de Luz que vers onze heures du soir, où ils passèrent la nuit. Le lendemain, ils firent une entrée solennelle à Bayonne. Le 3 juillet, avec les jeunes princes, elle quitte Bayonne pour Bordeaux où l’attendait son royal époux.