BEAUGENCY, MILLE ANS D’HISTOIRE

LE PONT DATÉ DU XIIème SIÈCLE DONT LE FRANCHISSEMENT DONNAIT LIEU À PÉAGE, A 375 m DE LONGUEUR ET COMPTE 23 ARCHES. LA LÉGENDE ATTRIBUE SA CONSTRUCTION AU DIABLE QUI EXIGEA EN ÉCHANGE UNE ÂME. LES HABITANTS LUI OFFRIRENT UN CHAT. DEPUIS, LES BALGENTIENS SONT APPELÉS LES CHATS. PENDANT DES SIÈCLES IL FUT L’UNIQUE PASSAGE ENTRE ORLÉANS ET BLOIS, FAISANT LA FORTUNE DE BEAUGENCY, COMMERCANTS, PÈLERINS ET ARMÉES L’ONT EMPRUNTÉ.

Beaugency se trouve au cœur du Val de Loire. Cité médiévale, autrefois forteresse imprenable, a été un lieu d’Histoire où on défilé rois, reines et personnages illustres. Beaugency tire son nom d’un ancien domaine gallo-romain nommé Balgentiaco. C’est au Moyen Âge que la ville prend son essor et va devenir une place forte stratégique. Dès le XIème siècle, une puissante lignée de seigneurs s’y installe et construise un château dont les vestiges dominent encore la ville.

Beaugency fut une ville souvent contestée. Elle fut un enjeu dans les combats de la Guerre de Cent Ans. Jeanne d’Arc libéra la ville des Anglais au cours de la bataille de Beaugency le 18 juin 1429.

La renommée des seigneurs locaux fut telle que Beaugency fut choisi pour accueillir deux conciles relatifs aux démêlés matrimoniaux de deux rois de France : en 1104, le roi Philippe 1er  fut sommé, sans succès, de se séparer de son épouse illégitime Bertrade de Montfort. Puis, en 1152, le roi Louis VII le Jeune obtient l’annulation de son mariage d’avec Aliénor d’Aquitaine, un divorce royal qui allait redessiner la carte de l’Europe médiéval. Ces évènements eurent lieu dans l’abbatiale Notre-Dame.

LA CONSTRUCTION DE L’ABBATIALE NOTRE-DAME DÉBUTE À LA FIN DU XIème SIÈCLE. REMANIÉE AU XVIIème SIÈCLE, APRÈS LES GUERRES DE RELIGION PAR LES CHANOINES RESPONSABLE DU COUVENT JUSQU’À LA RÉVOLUTION. ENSUITE, L’ÉGLISE DEVIENT PAROISSIALE. DES BOMBARDEMENTS DURANT LA SECONDE GUERRE MONDIALE VONT ENDOMMAGER L’ÉDIFICE ET LES VITRAUX.

Comme souvent dans les lieux d’Histoire, les légendes agrémentent les récits de l’époque. Une de ces légendes rapporte que vers l’an 850, « Simon 1er  de Beaugency était atteint d’une maladie grave, la lèpre, il allait mourir lorsqu’un matin, il sentit une odeur douce et agréable qui s’était répandue dans la ville et, qu’à l’instant, il fut guéri. Quelques jours plus tard, il apprit que le jour même de sa guérison « miraculeuse » le clergé d’Amiens avait trouvé les restes de Saint Firmin et que, à cette occasion, une odeur douce et agréable s’était répandue sur la ville. Simon fut convaincu que sa guérison était liée à la découverte des restes de Saint Firmin ».

Simon 1er fit don de sa seigneurie au clergé d’Amiens qui la laissa en gérance à ses descendants mais à la condition que le sir de Beaugency vint rendre hommage à Amiens chaque année et donnât une « maille d’or » (pièce d’or) destinée à financer des étudiants d’Amiens. « Si le sire de Beaugency ne versait pas la « maille d’or », les étudiants d’Amiens étaient en droit de venir à Beaugency pour la réclamer en se faisant d’ailleurs loger et nourrir aux frais de la ville jusqu’à ce que cette fameuse « maille d’or » leur fût donnée ».

Au XVIème siècle, Calvin, alors étudiant en théologie à Amiens, est venu à Beaugency avec d’autres étudiants pour réclamer la « maille d’or ». Une rue de Beaugency s’appelle de nos jours, rue de la Maille-d’Or.

Voulant donner un signe de reconnaissance au saint, Simon 1er aurait fait élever l’église de l’abbaye de Beaugency sous le vocable de Notre-Dame, Saint-Firmin, Saint-Fuscien, Saint-Gentien et Saint-Victor, car il avait prié leurs reliques à Amiens. À l’époque, la chapelle était vraisemblablement dans l’enceinte même du château.

GISANT D’ALIÉNOR  D’AQUITAINE À L’ABBAYE DE FONTEVRAUD

La raison évoquée par Louis II le Jeune pour annuler son mariage avec Aliénor d’Aquitaine, était qu’elle ne lui donnait pas d’enfant mâle. Ils avaient pourtant eu deux filles, Marie de France (1145-1198) et Alix de France (1150-1197). Mais, la loi salique qui défini les règles de succession au trône de France, empêche l’accès des femmes au pouvoir. Avec l’intervention de l’Église, leur mariage est annulé pour consanguinité.

Il faut dire aussi que Louis II respectait à la lettre les préceptes de l’Église. L’acte charnel doit se limiter à la procréation et non au plaisir. Cet acte nommé « dette conjugale » où l’homme doit être puissant pendant la relation et la femme se doit de donner des enfants. Il y avait de nombreuses périodes d’abstinence, l’acte sexuel était interdit les dimanches, les mercredis et vendredis. Également pendant les jeûnes de Pâques et de Noël. Il n’était pas autorisé durant les périodes de menstruations et de grossesses, les « relevailles », durant 40 jours après l’accouchement et pendant l’allaitement. Le divorce sera rendu en 1152.

Aliénor d’Aquitaine a dit : « J’ai cru épouser un roi et non un moine ». Il faut noter que Louis était destiné à une vie monastique, le jeune prince se trouve propulsé sur le trône de France à la mort de son frère aîné.

Aliénor d’Aquitaine ne restera pas longtemps sans époux, la même année elle épouse le duc Henri Plantagenêt, futur roi d’Angleterre Henri II, qui devient détenteur de deux fiefs  français importants en plus de ceux de la maison Plantagenêt et du duché de Normandie.

LE ROYAUME D’HENRI II D’ANGLETERRE DE L’ÉCOSSE AUX PYRÉNÉES

Le second mari d’Aliénor n’a que faire des préceptes de l’Église. Ils auront huit enfants :

LES HUIT ENFANTS DU COUPLE ROYAL D’ANGLETERRE

Aliénor perd progressivement son influence sur son mari qui prend pour maîtresse la belle Rosemonde Clifford. De plus Henri II veut intervenir dans la gestion du duché d’Aquitaine, ce qui détériore la relation entre les deux époux. Les tensions familiales ne sont pas absentes, en effet, les fils, impatients, attendent à hériter tout ou partie des possessions de leur père.

Père et fils vont se réconcilier. Aliénor, qui avait soutenu les querelles, comprend qu’elle va subir le courroux de son époux, tente de fuir en France. Elle est capturée par les hommes d’Henri II et enfermé. Elle ne sera libérée que 15 ans plus tard à la mort d’Henri II. Son veuvage va lui permettre de gouverner librement son duché d’Aquitaine.

Après la mort d’Henri II, le 6 juillet 1189, elle est libérée, après 15 ans de captivité, sur l’ordre du nouveau roi, son fils Richard Cœur de Lion. Elle parcourt alors l’Angleterre, y libère les prisonniers d’Henri II et leur fait prêter serment de fidélité au nouveau roi. Pendant que ce dernier est en croisade, elle gouverne en son nom jusqu’au début de 1191. Elle va empêcher son plus jeune fils, Jean sans Terre, le mal aimé, de trahir son frère Richard. Sur le chemin de retour de croisade, Richard est capturé en Autriche. Aliénor parvient à rassembler l’énorme rançon demandée pour sa libération et va portée elle-même.

Sa fin de vie est agitée, car elle doit s’occuper de la succession de deux royaumes. Elle gère la succession de Richard, mort en 1199, et prête allégeance à Philippe Auguste. Elle accordera pour le fils de Philippe Auguste, Louis, la main de Blanche de Castille. Cette dernière sera la mère de Saint Louis.

En 1200, de retour de Castille, Aliénor décide de se retirer à Fontevraud. Elle  meurt quatre ans plus tard, à Poitiers, le 1er avril 1204, à 82 ans. Elle sera inhumée à Fontevraud aux côtés de son époux Henri II.

 

SACRE DE LOUIS VIII ET BLANCHE DE CASTILLE EN 1223