LES ENFANTS, AU TRAVAIL !!!

À l’heure où nous parlons de retraite à 60 ou 67 ans, de 35 heures de travail par semaine et de pouvoir d’achats, il faut se rappeler qu’il y a à peine un siècle et demi, le monde du travail était comparable à de l’esclavage.

L’ère industrielle va provoquer de grands changements dans la société française, il faut de la main d’œuvre en masse. Les paysans quittent les campagnes dans l’espoir de gagner plus d’argent, mais ce n’est pas suffisant, on embauche des enfants dès 6 ans.

Depuis la Révolution, il était admis l’embauche des enfants très jeunes, orphelins ou abandonnés, qui, recueillis dans les hospices, coûtaient très chers à l’entretien. Pour en soulager le coût, ces maisons vont devenir de véritables agences de placement et certaines vont jusqu’à passer des contrats avec des manufactures pour livrer une main-d’œuvre « sans infirmité ni maladie ». Des raisons techniques ont aussi incité les patrons d’entreprises à rechercher l’embauche de femmes et d’enfants, particulièrement dans le textile où : « leurs doigts délicats et flexibles sont plus convenables que ceux des hommes pour rattacher les fils rompus ». Le contexte économique avait sa part également. Les crises économiques de 1817-1818 ont menacé les entreprises et les profits. La baisse de 40 % des salaires des hommes entre 1810 et 1850, et l’embauche en grand nombre de femmes et d’enfants, sous-payés,  donne satisfaction au patronat. La cherté de la vie, les difficultés pour nourrir une famille, conduisent très vite les pères de famille à faire embaucher les garçonnets et les fillettes.

La société du XIXème siècle se donne d’excellentes raisons de mettre les enfants au travail. Inactif, l’enfant risque de se mal conduire et de sombrer dans la débauche, « L’oisiveté étant mère de tous les vices ».

Une journée de travail débute très tôt le matin et dure longtemps. Jusqu’en 1841, elle est la même pour les hommes, les femmes et les enfants. À plusieurs kilomètres à la ronde, ils quittent le domicile vers quatre heures du matin et ne rentrent qu’après une journée de 18 à 19 heures de travail et de trajets. Il faut tenir ce rythme six jours sur sept et à l’exception de Noël, du jour de l’An, de l’Ascension et de la Toussaint et pas de « congés ». Certains patrons faisaient revenir les ouvriers le dimanche pour nettoyer les ateliers et entretenir les machines.

On est loin du Moyen Âge où la longueur de la journée se réglait sur la course du soleil, où les fêtes religieuses assuraient de nombreuses pauses au cours de l’année.

Il faut dire que l’industrie de cette époque n’avait pas les infrastructures adaptées à cette nouvelle situation, les industriels utilisent tous les locaux  qu’ils peuvent trouver : anciens hôpitaux, couvents abandonnés depuis la Révolution etc … Ouvriers et matériels s’entassent dans des pièces exiguës avec une telle densité que l’accès aux machines se révèle parfois à de l’acrobatie. L’absence de protection des machineries, fait que la moindre négligence provoque des drames. De graves accidents se produisent au moment du nettoyage de machines en marche. Femmes et enfants sont préposés à ces tâches d’entretien, leur souplesse leur permet de se faufiler entre les courroies pour atteindre un rouage qui a besoin d’être graissé. Ils fournissent le plus grand nombre de victimes.

En matière de protection des travailleurs, la législation est pratiquement inexistante. Une loi de 1868 avait bien créé des caisses d’assurances, mais ne fonctionnaient guère, l’accident est le plus souvent imputable à l’ouvrier, rarement aux patrons. Il faudra attendre la loi de 1898 sur les risques professionnels.

TRAVAIL DES ENFANTS DANS LE TEXTILE            

Les raisons qui poussent les enfants à  travailler dans les mines sont simples, ils suivent leurs ainés. Ils voient partir leur père, leur frère, leur oncle, travailler dans les mines. Alors, il leur semble naturel de faire de même.

En principe, la journée de travail est la même pour tous. Le statut des femmes est par contre, totalement différent de celui des hommes. Les femmes font l’objet d’une discrimination pour plusieurs raisons. Elle est l’ouvrière par intermittence, sa présence est fonction des naissances, du nombre d’enfants en bas âge et du salaire du mari. Son emploi n’est jamais sûr et en cas de crise ou de difficultés économiques, les femmes sont souvent les premières mises à la porte. De plus, à travail égal, la femme est toujours moins rémunérée que l’homme. L’opinion publique trouve cela normal, elle mange moins, ne fume pas et ne fréquente pas les cabarets. En 1873, le salaire moyen des femmes représente 43 % du salaire des hommes.

En 1867, après un demi-siècle de révolution industrielle, le Revue des Deux-Mondes dresse un tableau effrayant de l’état de la jeunesse française en s’appuyant sur les renseignements fournis par les conseils de révision : « Sur 325 000 jeunes garçons qui viennent d’accomplir leur vingtième année, en éliminant les trop petits, c’est-à-dire ceux dont la taille est inférieure, à 1,56 m, les rachitique, les poitrinaires, les éclopés et les mutilés de naissance ou par accident, les rhumatisants, les bossus, les pieds-bots, les pieds plats, ceux qui sont affligés de la vue, de l’ouïe, les bègues, les goitreux, les scrofuleux, les fous, les épileptiques, les crétins, il ne reste que 216 000 jeunes en bon état de croissance, en pleine possession de tous leurs membres, sains de corps et d’esprit, soit un déchet de plus du tiers ». Déjà en 1837, une enquête avait déterminé que dans dix départements très manufacturiers, neuf jeunes sur dix étaient incapables de servir dans l’armée. Pour faire face à leurs besoins en hommes, les critères de recrutement sont révisés à la baisse. La taille des soldats passe de 1,59 m en 1809 à 1,57 m en 1818 et à 1, 56 m en 1832.

Pour les filles, ce n’est pas mieux, on a néanmoins quelques renseignements. Les femmes enceintes travaillent jusqu’à la limite de leurs forces et accouchent parfois dans la rue, à la sortie de l’usine. Elles retournent le plus vite possible à l’usine pour garder leur emploi. Certains patrons autorisent à venir avec leur nourrisson. En 1837, un filateur de coton du Nord déclare avec attendrissement : « On est étonné de trouver des enfants dans des paniers à coton ». Dès leurs premiers jours, ces bébés respirent un air saturé de poussière, de duvet cotonneux et de fibre de laine. À Mazamet, en 1869, un enquêteur signale la présence dans les ateliers de femmes qui allaitent leur bébé sans interrompre leur activité d’ouvrière.

Mères épuisées, soins et hygiène déplorable, mauvaise alimentation, expliquent la mortalité infantile très élevée dans les familles ouvrières. 58 % des enfants meurent avant cinq ans sous le Second Empire, mais seulement 21 % dans les quartiers bourgeois. Ceux qui survivent, leur espérance de vie est réduite à 39 ans.

Hommes, femmes, enfants, les conditions de travail sont très pénibles et on n’insistera jamais assez sur l’aspect inhumain du travail dans l’industrie naissante.

Pendant longtemps, jusque vers 1880, les enfants ont travaillé dans les mines. Leur petite taille leur permettait de se glisser dans les galeries les plus étroites. Ils poussaient des wagonnets remplis de charbon, au risque de se faire écraser quand, à bout de force, ils ne pouvaient plus retenir la lourde charge. 7.

Les conditions de travail dans les mines pour les enfants, comme pour les adultes sont très pénibles, les tâches à accomplir sont inhumaines pour tous. Pour ce qui est des enfants, il est faux de dire que les tâches qui leur été demandées, étaient moins pénible, les enfants subissent les mêmes risques que les adultes et vivent dans des conditions effroyables. Ils se lèvent tôt, ont à peine le temps de manger avant de partir à la mine. Ils travaillent toute la journée dans une chaleur à peine supportable, dans des nuages de poussière noire, avec une très faible lumière et la peur constante d’un éboulement ou d’un coup de grisou. La durée de travail journalier et la même pour tous, 12 heures.

Après de multiples pressions ouvrières, le Parlement décide le 31 décembre 1909, de limiter la durée du travail à 9 heures, pour ce qui est du charbonnage. Le 1er juin 1919, la durée journalière sera ramenée à 8 h 30 pour le travail de fond, puis à 8 h le 1er décembre.

Mais il n’y a pas limite de travail, beaucoup d’ouvriers dépassent la durée prescrite afin d’augmenter le salaire, car le salaire n’est pas journalier mais à la production. Donc une plus grande production entraîne l’augmentation du salaire. Le mineur est tenté de travailler plus, le problème est les enfants approvisionnent, nettoient … et doit bien suivre.

Il faut également parler des maladies provoquées par le travail dans les mines. Rachitisme, colonne vertébrale courbée, capacité thoracique diminuée. La silicose, qui est due aux poussières de silice qui se fixent sur les poumons, diminuant petit à petit les possibilités respiratoires.

Ces clichés ont contribué à sensibiliser l’opinion

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