C’est le 9 avril 1682 que Cavelier de La Salle établit une colonie sur les bords du Mississipi, colonie qu’il nomme Louisiane en l’honneur de Louis XIV. Mais ce territoire ne suscite pas l’intérêt du roi car il coûte plus d’argent qu’il ne rapporte.
Par le traité de Paris de 1763, qui met fin à la guerre de Sept-Ans, la France cède la rive orientale du Mississipi à la Grande-Bretagne. L’année précédente, elle avait déjà promis la rive occidentale à l’Espagne. Mais ce n’est pas tout à fait les ambitions de la France en Amérique du Nord.
Quatre décennies plus tard, Bonaparte ambitionne de renouer avec cet empire. Le 1er octobre 1800, l’Espagne rétrocède à la France la rive droite du Mississipi. Une décision dont s’offusque le président des États-Unis, Thomas Jefferson, qui propose de racheter ces territoires. Ce sera chose faite, dès le 30 avril 1803.
La France va vendre 2 145 000 km² de territoire aux États-Unis au prix de 3 cents par acre (4 sous l’acre) soit plus de 15 millions de dollars (80 millions de francs), ce qui représenterait 380 millions de dollars de nos jours.
Ce territoire représente 22,3 % de la superficie actuelle des États-Unis. En effet, la colonie française de Louisiane comprend beaucoup plus de territoires que l’État actuel de Louisiane. C’est un évènement important de l’histoire des États-Unis puisqu’il marque le début de la conquête de l’Ouest. La population de la Louisiane, hors amérindiens, est alors de 60 000 habitants.
La Louisiane devient espagnole lors du traité de Fontainebleau de 1762. Mais le traité de Paris de 1763 allait céder à l’Angleterre les territoires louisianais à l’Est du Mississipi. La Louisiane espagnole sera celle située à l’Ouest du Mississipi.
En cinq ans, la France a obtenu deux concessions majeures de l’Espagne : la partie orientale de Saint-Domingue par le traité de Bâle en 1795, et la Louisiane en 1800, par le traité secret d’Ildefonso. La France et l’Espagne sont alors toutes deux fragilisées, leurs empires coloniaux sont confrontés à des révoltes, leurs gouvernements instables. En cédant la Louisiane à Bonaparte, l’Espagne espérait reprendre les choses en main à Saint-Domingue, en pleine révolution avec Toussaint Louverture qui s’empare de la partie orientale de l’île en janvier 1801, obligeant les planteurs espagnols à fuir vers Cuba. Saint-Domingue, devenu Haïti, produisait en 1789 la moitié du coton et du café mondial et plus d’un tiers du sucre.
La vente de la Louisiane en 1803 par Napoléon Bonaparte aux États-Unis est bien plus qu’une transaction immobilière. C’est un événement géopolitique d’envergure qui a bouleversé le destin de l’Amérique et changé la face du monde occidental. Cette vente est de nos jours encore perçue comme un chef-d’œuvre de stratégie pour certains, un abandon pour d’autres.
Au début du XIXème siècle, Napoléon rêve d’un empire colonial puissant. .Il veut redonner à la France la place qu’elle avait perdue en Amérique après le traité de Paris de 1763. La Louisiane, territoire immense cédé à l’Espagne, redevient française en 1800, après le traité secret de San Ildefonso.
LA LOUISIANE EN 1803
Mais les ambitions de Napoléon se heurtent à une réalité complexe : la France est engagée dans des conflits multiples en Europe. Outre-mer, la révolte de Saint-Domingue (Haïti) rend difficile ce rêve très incertain. L’entretien d’un empire nécessite des ressources, des hommes, une flotte puissante. Napoléon comprend alors qu’il ne pourra pas défendre la Louisiane en cas de conflit avec l’Angleterre ou les Américains.
Thomas Jefferson, président des États-Unis, va envoyer deux négociateurs en France : James Monroe et Robert Livingston pour discuter les conditions de cession du territoire. Ils ne pourront qu’accepter la proposition de Napoléon, la cession des territoires du Mississipi doublerait la surface des États-Unis de l’époque. Le 30 avril 1803, le traité est signé à Paris. Lors de la fête nationale du 4 juillet, Jefferson l’annonce à ses concitoyens. Pour les Américains, c’est le début de la conquête vers l’Ouest. La France y gagne des moyens pour financer son armée et continuer de guerroyer contre les Anglais, mais elle perd toute prétention sur le continent nord-américain et abandonne les Français installés en Amérique.
JAMES MONROE, FUTUR PRÉSIDENT DES ÉTATS-UNIS
ROBERT LIVINGSTON
DERNIÈRE LEVÉE DES COULEURS
En 1803, après l’échec de Saint-Domingue, Napoléon change brutalement de stratégie. Il sait que la guerre avec l’Angleterre est imminente, et il comprend que garder la Louisiane est devenu un luxe inutile.
Pour les Américains, cette extension ne va pas sans poser de nouveaux défis :
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- Gestion de territoires peuplés de peuples autochtones
- Intégration de régions aux cultures différentes
- Conflits futurs sur l’esclavage et les droits territoriaux
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De nos jours, cet achat est considéré comme l’un des plus brillants coups diplomatiques de l’histoire américaine. Pour les Américains, c’est une expansion pacifique sans précédent. Pour Napoléon, c’est un retrait stratégique pour renforcer son emprise sur l’Europe. Et pour les peuples autochtones, c’est le début d’une longue série de conflits, de déplacements et de promesses non tenues.
Pour les Français, cette vente traduit avant tout la flexibilité stratégique de Napoléon. En libérant des ressources financières pour la guerre en Europe, il fait un pari : perdre l’Amérique pour gagner l’Europe.
Deux siècles plus tard, les traces de la présence française en Amérique sont encore visibles. De nombreuses villes gardent des noms français : Bâton Rouge, Des Moines, Saint-Louis … Le système juridique de Louisiane repose encore en partie sur le droit civil français, une identité créole unique subsiste dans certaines régions. Ce qui donne à cette région une couleur culturelle singulière qui étonne les historiens et les touristes.